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8 mars 2019 5 08 /03 /mars /2019 19:25
De Jupiter à Icare

Bulletin n° 386 – 6 Mars 2019

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De Jupiter à Icare

En lançant sa campagne pour les élections européennes hors de France  Emmanuel Macron témoigne, à son insu, de son extrême faiblesse politique en France. Il le fait alors que s’achève dans le désintérêt populaire son soi-disant GRAND DEBAT qui pouvait déjà être vu et cela n’a pas échappé à de nombreux observateurs en France et ailleurs comme un début de campagne électorale.

Que démontre en effet cette campagne européanisée, délocalisée ? Tout simplement que la rupture entre le Président et le peuple de France dans sa majorité est consommée.

D’insultes en commentaires pusillanimes (parler des « gaulois » comme Goscinny, c’est se tromper de langage et usufruitier l’immense talent du créateur d’Astérix, voler les habits d’un autre, c’est Carnaval ! ) il a marqué son bref mandat par un mépris profond et réitéré du peuple français. Ce mépris a été ressenti, compris et  le slogan MACRON DEMISSION mille fois répété clame que le peuple humilié proteste, regimbe et va laver  dans un délai et selon des modalités en cours d’élaboration l’affront insupportable.

Jupiter a tellement ressenti ce rejet profond qu’il essaie de contourner l’obstacle en se faisant adouber par une opinion européenne,  en faisant semblant de croire que de Madrid à Budapest de Stockholm à Rome et en dehors des grands médias stipendiés qu’il existe une « opinion européenne » alors que hors de France EMMANUEL-ASTERIX est une créature de bande dessinée un petit bonhomme amusant mais qui n’a dans le réel ni de fidèle compagnon OBELIX, rôle fantasmatique dévolu à Madame MERKEL ni potion magique : une monnaie et un parlement national souverains.

Ce qu’atteste la campagne extra et  en fait anti française de MACRON c’est qu’il s’est pris, pour Jupiter alors que son décollage du territoire national l’inscrit dans la trajectoire d’Icare. Bientôt ses ailes fondront au soleil.

De Jupiter à Icare

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18 février 2019 1 18 /02 /février /2019 15:38

http://comaguer.over-blog.com

Bulletin n° 385 - 18 février 2019

Changer la constitution

La proposition de Référendum d’Initiative Citoyenne (RIC) a suscité une certaine effervescence sur les questions constitutionnelles. Cette effervescence est bienvenue car elle démontre que des citoyens de plus en plus nombreux prennent conscience que la constitution actuelle est pour MACRON un véritable bouclier qui le protège de la colère populaire et lui permet de continuer son matraquage législatif destructeur.

Boucliers, matraques, le dispositif concret est visible tous les samedis dans nos rues depuis le 17 Novembre.

Suivent donc quelques idées versées à un débat public désormais ouvert et qu’il ne faut pas abandonner à des paroles et des mains « d’experts » qui seraient choisis et payés par MACRON pour entretenir l’illusion d’un changement.

Autant dire que la maturation d’une nouvelle constitution dont les propositions qui suivent ne s’inscrivent que dans un seul chapitre ne peut sortir que d’une assemblée constituante que le mouvement doit imposer au pouvoir actuel.

 

OBJECTIF DE PREMIERE URGENCE:

ABOLITION DE LA MONARCHIE REPUBLICAINE

 Abolir la monarchie "républicaine"  instaurée par la cinquième république  et en finir avec une concentration excessive du pouvoir à l'Elysée qui avec l’arme atomique donne à un seul homme le droit de vie et de mort sur 65 millions de personnes car tout usage de cette arme par la France entrainerait inévitablement une riposte de même type ou du même niveau d’horreur avec d’autres armes.

Cette préoccupation de COMAGUER pour les questions de défense renforcée par toutes les rodomontades militaires de MACRON trouve son origine dans deux observations : la première est que les guerres sont les événements les plus graves pouvant affecter une collectivité nationale car les guerres contemporaines font beaucoup plus de victimes civiles que de victimes militaires, la seconde est que ceux qui décident des guerres ne les font pas eux-mêmes et restent terrés dans leurs souterrains pendant les combats , c’est là le plus énorme déni de l’égalité républicaine théorique entre les citoyens .

La constitution de 1958 est née d'un coup d'état et a créé pour De Gaulle dans un contexte de crise historique particulière – guerre de décolonisation - un pouvoir présidentiel fort. Ce pouvoir fort a été renforcé, consolidé par l'élection du Président au suffrage universel en 1962. Cette constitution a aboli le régime parlementaire précédent. Le parlement peut être dissous par le Président et depuis la malencontreuse réforme Jospin - les législatives suivent immédiatement la présidentielle - la président dispose presque à coup sûr d'une majorité à ses ordres.

Ce système est devenu caricatural avec Macron. Il est urgent d'en sortir car il peut produire d'autres abus d'autorité, d'autres violences politiques, d'autres excès, d’autres aventures militaires hors de France, bref d'autres MACRONS.

 

Donc

Proposition 1 : le préambule de la nouvelle constitution fait expressément référence aux constitutions françaises suivantes : celle de 1793, celle de 1946

Proposition 2 : le président reste élu au suffrage universel mais sur un mandat unique plus long (7 ans par exemple) Il signe et promulgue les lois votées par le parlement, il ne peut pas dissoudre le parlement. Il peut avant promulgation saisir le conseil constitutionnel en cas de désaccord sur une nouvelle loi. Il préside le Conseil national de Sécurité seul organe habilité à engager les forces de défense.

Proposition 3 : Le conseil national de sécurité comprend outre le Président, le premier ministre en exercice, le ministre de la défense, le ministre des affaires étrangères, le chef d’état major des armées, le chef des services de renseignement, deux magistrats un de l’ordre civil, l’autre de l’ordre administratif choisis par leurs pairs et deux parlementaires désignés par leurs pairs.

Proposition 4 : le parlement est élu pour 5 ans au scrutin proportionnel - détail de la procédure à définir.

Proposition 5 : le gouvernement est élu par le Parlement et peut être renversé par le Parlement. Il peut proposer au Parlement des élections anticipées avant la fin du mandat initial en cas de crise ou de blocage.

Proposition 6: le parlement approuve le programme présenté par le Premier ministre, vote les lois et  ratifie les traités internationaux. En cas de vote de défiance du parlement sur un projet de loi, le gouvernement peut soit donner sa démission soit présenter un projet de loi amendé.

Proposition 7 : des demandes citoyennes (nombre de demandeurs et conditions de collecte des signatures à préciser) sont soumises à référendum. Les référendums peuvent être :

1-  révocatoires des élus : du maire au président,

2-  abrogatoires : des lois déjà votées.

3-  d’initiative législative : proposer au parlement une loi sur un sujet qu’il n’a pas traité et l’obliger à en débattre (dans l’actuelle constitution l’opposition peut déposer autant de propositions de loi qu’elle veut, elles ne sont jamais débattues, seuls le sont les projets de loi préparés par le gouvernement)

Toute loi abrogée  revient devant le parlement et le texte destiné à la remplacer prend en compte l’exposé des motifs contenu dans le texte du référendum approuvé par le vote populaire

Proposition 8 : création d'une autorité électorale indépendante qui veille à la neutralité de l'Etat dans l'organisation des élections, à la régularité des opérations,  à la liberté du vote, à l'égalité matérielle des candidats pour leur campagne et proclame les résultats.

Proposition 9 : création d’un conseil constitutionnel composé de magistrats élus par le parlement renouvelable par tiers tous les cinq ans (par chaque parlement nouveau). Le conseil constitutionnel peut être saisi par le président de la République, par une fraction des parlementaires ou par une fraction (à définir) des collectivités territoriales.

Proposition 10 : Rétablissement de la tutelle du gouvernement sur la Banque de France - abandonnée en 1994 pour préparer l'Euro - banque nationalisée depuis 1946 pour permettre à la Banque de prêter à l'Etat quand le budget est en déficit sans obliger l'Etat à passer par les conditions des banquiers privés internationaux qui permettent en fait à ces banquiers de dicter la politique nationale en exerçant un chantage sur les taux d'intérêt. Il s'agit d'éviter qu'un jour la France soit traitée comme l'a été la Grèce.

 

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19 janvier 2019 6 19 /01 /janvier /2019 21:31

Bulletin n° 383- semaine 1 - 2019

La France continue la guerre en Syrie

Le 31 Décembre 2018 ,la ministre des armées est allée réveillonner avec les troupes françaises en Jordanie

En Jordanie ? Que font les troupes françaises en Jordanie un pays qui n’est pas en guerre ? Elles se reposent  et franchissent régulièrement  la frontière syrienne l’arme au poing sans que le journal télévisé vous en informe et sans l’autorisation du gouvernement syrien.  Il s’agit officiellement d’une participation française à la « coalition internationale contre Daesh »

Il se trouve que le 10 décembre 2018 Trump a annoncé sans préavis  que Daesh ayant été éliminé du sol syrien les Etats-Unis retiraient leurs troupes. Les britanniques en avaient décidé de même mais eux sans tambour ni trompette. La « coalition internationale » s’est donc trouvée soudainement dissoute.

C’était compter sans l’incorrigible bellicisme de notre chef des armées. En effet la ministre des armées a annoncé en Jordanie que la France considérait que la lutte contre Daesh n’était pas vraiment terminée et que l’invincible coq gaulois allait poursuivre le combat d’abord en maintenant sa présence en Jordanie ensuite en envoyant pour 6 mois  à partir de Mars le porte-avions Charles de Gaulle au large des côtes syriennes. Une vingtaine de Rafale pourra ainsi consommer, à satiété, du kérosène détaxé.

Le gouvernement français qui vient de faire voter un budget dont le déficit en 2019 va atteindre prés de 110 milliards d’Euros engage son armée et ses finances pour faire à ses frais – donc à celui des contribuables -  le service après-vente de l’armée US qui, elle, se retire. Les terroristes de Daesh qui survivront à la guerre syrienne, beaucoup sont déjà partis, auront de bonnes raisons de considérer le France comme leur adversaire le plus acharné.

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19 janvier 2019 6 19 /01 /janvier /2019 21:28

Bulletin n° 384- 14 janvier  2019

RUSSIE ASSIEGEE

La Russie désormais classée adversaire stratégique des Etats-Unis dans les documents officiels du Pentagone doit faire face à un véritable état de siège organisé à ses frontières par l’OTAN. Cette tension alimente une hostilité renouvelée de ses voisins les Etats baltes et la Pologne où elle prend la forme politique d’un anti communisme virulent comme s’il fallait détruire dans les consciences le souvenir d’une puissance socialiste dont la Russie était le cœur : l’URSS.

La Russie tire patiemment les conséquences de cette nouvelle situation. Elle vient de le faire pour l’enclave de Kaliningrad.

Cette république de la Fédération de Russie qui compte un demi-million d’habitants était jusqu’à présent alimentée en gaz russe par un gazoduc traversant le Belarus et la Lituanie. La Lituanie obéissant à Washington et à l’Union Européenne avait créé en 2014 une installation portuaire lui permettant de recevoir par navire du gaz naturel liquéfié venant d’abord de Norvège et depuis 2017 des Etats-Unis (gaz de schiste). Elle manifestait ainsi sa capacité à se passer du gaz russe et se trouvait à même de fermer le gazoduc alimentant Kaliningrad. Pareille menace n’a évidemment pas été proférée officiellement mais, instruite par les précédents ukrainiens, la Russie  a décidé d’éviter toute mauvaise surprise et un conflit inutile.

en jaune le tracé de l’actuel gazoduc traversant la Lituanie

 

Le résultat est là. La semaine dernière le président russe est venu à Kaliningrad inaugurer la nouvelle installation portuaire pour la réception par voie de mer du gaz nécessaire à l’alimentation de l’enclave. Il s’agit – voir image – de l’installation d’un navire fixe où le gaz naturel liquéfié transbordé depuis un autre navire est regazéifié et envoyé dans le réseau de l’enclave. Ainsi le gaz venu par mer de la région de Saint Petersburg arrive désormais en toute sécurité à Kaliningrad sans avoir à traverser le  territoire d’un pays hostile.


 

 

 

 

 

 

 

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19 janvier 2019 6 19 /01 /janvier /2019 21:22

Bulletin n° 382- 31 décembre 2018

A propos du budget 2019 et des premiers effets des Gilets Jaunes

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Approuvé le  20 décembre 2018  le budget a été complété  d’urgence le lendemain par des mesures « pour faire rentrer les  gilets jaunes  à la maison » contenues dans une loi complémentaire officialisant les mesures annoncées par le chef de l’Etat  le 10.12 . Aucune de ces deux lois n’a encore été publiée au Journal Officiel.

Au cours du débat sur la loi de finances dans sa version initiale le gouvernement avait refusé deux amendement un de la gauche en faveur du rétablissement de l’Impôt Sur la Fortune , l’autre de la droite visant à la défiscalisation des heures supplémentaires  Dans  la loi complémentaire l’amendement de la droite a seul été  repris ce qui démontre une fois de plus un  puissant penchant de Macron à droite, qui , compliqué de Pétainisme, constitue un véritable tropisme.

Le budget prévoit une nouvelle baisse de l’impôt sur les  sociétés Le prétexte, toujours le même depuis les débuts de la construction européenne, est la concurrence fiscale interne à l’Union. Cette soi disant Union est une foire d’empoigne fiscale  puisque le gouvernement qui baisse le plus l’impôt sur les bénéfices  attire les entreprises des autres pays  qui déménagent leur siège social  dans ce pays. Les leaders en cette matière sont les Pays Bas et l’Irlande qui sont de véritables paradis fiscaux légaux pour les entreprises (au moins pour les grosses, votre plombier ne va pas déménager son siège à Amsterdam, il n’en a pas les moyens : traducteurs, comptables, avocats …)

La loi complémentaire devrait conduire l’Etat d’une part à augmenter ses dépenses d’environ 10 milliards d’Euros par exemple en finançant l’augmentation de la prime d’activité d’autre par à diminuer certaines recettes  par exemple sur la CSG. Il devrait s’ensuivre une augmentation du déficit budgétaire  supérieur à celui fixé dans le budget initial (il passerait de 100  à 107 milliards d’euros)

Que va t-il se passer qui ne nous a pas encore été expliqué ? L’augmentation du déficit budgétaire devrait le refaire passer au dessus du fameux seuil de 3% du PIB fixé par la Commission Européenne à ne pas dépasser sous peine de sanctions financières. La commission européenne peut elle faire preuve de mansuétude pour le meilleur propagandiste aujourd’hui en poste de l’Europe du Grand Capital ? L’affaire est délicate car elle susciterait inévitablement des protestations des autres gouvernements toujours soumis au talon de fer du pacte de stabilité.

Quelques hypothèses fondées sur l’observation que le gouvernement n’a décidé aucun changement de politique.

Sur les dépenses militaires environ 38 milliards en hausse de 5 % sur un total de dépenses de 328 milliards, Macron s’annonce inflexible, le but ultime étant d’obéir aux injonctions de Trump fixant les dépenses militaires de ses alliés à 2% de leur PIB. Il l’a confirmé à l’occasion de sa visite au Tchad, visite préparée par un Benalla ressuscité lequel  aujourd’hui dépourvu de toute  fonction officielle semble devenir la figure visible d’un pouvoir parallèle macronien clandestin qu’on imagine proliférant. Ce budget des armées ne comprend pas les pensions et la gendarmerie. Au total la dépense militaire est plutôt de l’ordre de 56 milliards d’euros. Comme le veut notre chef impérialiste de second rang.

Le gouvernement va donc devoir réaliser un panachage d’emprunts supplémentaires et de réductions de crédits pour les ministères civils.

Dans les deux cas comme le souligne à l’envi leur président, les riches, les patrons n’ont rien à redouter, la dégradation des services publics va continuer (éducation, santé) et le remboursement de la dette continuera à garder une place importante dans le budget de l’Etat les années suivantes. Or si les banques privées continuent à prêter à l’Etat français c’est qu’elles ont la certitude qu’elles seront remboursées rubis sur l’ongle puisque une part importante des recettes fiscales y sera consacrée sans débat chaque année. Rien que pour 2019 l’Etat devra rembourser d’une main 130 milliards d’emprunts venus à échéance et de l’autre main il empruntera au moins 100 nouveaux milliards.  Macron est bien aussi le président des banques qui ont avec la France un excellent client puisque la seule charge des intérêts  a représenté  en 2018 environ 44 milliards d’euros. Une banque centrale qui prêterait à taux zéro ou à un taux très faible permettrait d’en faire l’économie. Mais aujourd’hui dans le capitalisme néolibéral organisé en France par les traités européens  les banques centrales (la BCE)  n’ont pas le droit de prêter directement aux Etats. Donc elles prêtent aux banques privées qui elles-mêmes prêtent aux Etats, activité simple et sans risque, activité rentière.

Pour résumer les 10 milliards distribués en urgence pour cause de Gilets Jaunes seront pris dans la poche des contribuables,  par l’impôt principalement sous la forme de  la TVA impôt universel auquel personne n’échappe. l’important est de retenir que c’est l’Etat donc l’impôt qui paiera la prime d’activité majorée, pas les patrons. Le SMIC suivra très modestement la règle légale et devrait augmenter d’environ 1,6%. Macron serviteur zélé des patrons l’a bien souligné dans son discours manipulateur et en prime, pour les féliciter de gâter leurs actionnaires  comme ils ne l’ont encore  jamais fait, il diminuera encore leurs cotisations sociales.

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19 décembre 2018 3 19 /12 /décembre /2018 13:41

Guerre nucléaire

Il faut arracher au citoyen MACRON le droit de déclencher la catastrophe nucléaire

Par son comportement immature et liberticide, par le manque total de fiabilité de ses engagements, par l’introduction au cœur de la présidence de personnages influents  et louches à sa dévotion,  par sa répression des mouvements sociaux  qu’il s’agisse de l’effraction des locaux et du vol des dossiers d’un mouvement politique légal ou des pratiques brutales des forces de l’ordre contre le gilets jaunes le citoyen Macron a démontré qu’il  ne défend pas les intérêts de la population française mais uniquement celui d’une minorité de riches toujours prêts à cacher leur fortune hors du territoire national. Il  constitue une menace en acte contre la démocratie.

Or le citoyen Macron dispose seul du droit d’utiliser l’arme nucléaire. Que peut produire dans un cerveau dévasté par l’hubris la disposition du droit de tuer en un instant des dizaines de millions d’êtres humains, de rendre inhabitable pour des décennies une partie de la planète tout en proclamant  qu’on se préoccupe de l’avenir de celle-ci et en oubliant que la puissance agressée riposterait par les mêmes moyens létaux dévastateurs qui bouleverseraient plus et durablement le climat que tous les moteurs à explosion du monde.

Parler de l’avenir de l’humanité et de la protection de son biotope en ayant au bout du doigt la capacité  de le rendre invivable pour longtemps est une sinistre plaisanterie.

La France n’a pas de puissances ennemies et faire croire que la Chine Populaire ou la Fédération de Russie veulent étendre leur influence en vitrifiant la planète ne sert qu’à justifier le budget du complexe militaro-industriel français qui prospère, à l’abri de la concurrence, grâce au budget militaire le plus élevé de toute l’Union Européenne (du même niveau que le budget militaire russe)  et en augmentation contrairement aux budgets civils (éducation, santé, logement). L’arme nucléaire est totalement inadaptée à la lutte contre le terrorisme comme à la résistance à un envahisseur du territoire national qui supposerait s’il advenait  un engagement complet de la nation.

Se reposer paresseusement sur l’idée que tous les pays qui ont renoncé à l’arme nucléaire tremblent de peur devant 5 membres du Conseil de Sécurité n’a pas de sens. Terrorisés tous les pays d’Afrique et d’Amérique Latine, l’Indonésie, l’Iran, la Turquie, le Japon, l’Allemagne ? Sur quelle donnée historique peut s’appuyer celui qui ne veut pas voir que la décision de l’URSS de se doter de l’arme atomique était et reste aujourd’hui encore la seule réponse rationnelle et très couteuse pour ce pays ravagé par l’invasion nazie pour éviter d’autres Hiroshimas. L’équilibre  de la terreur, comme on dit, n’a été qu’une course haletante des soviétiques  pour calmer l’Empire, pour le contenir, pour éviter le pire.  Tous les traités signés pour organiser cet équilibre sont dénoncés l’un après l’autre, par les Etats-Unis de GW BUSH à TRUMP, Cela n’a pas empêché l’Empire de continuer à tuer partout, tout seul ou par agents interposés, mais il n’a pas commis le crime suprême contre l’humanité.

Dans le cas de la France d’aujourd’hui  la disposition de  l’arme nucléaire continue à générer l’arrogance politique et diplomatique, le mépris colonial, la perversion même du concept de défense nationale, le gaspillage budgétaire, la déformation prolongée de l’intelligence scientifique et technique collective et de l’appareil industriel  pour des recherches et des productions stériles. Renoncer à l’arme nucléaire serait un bouleversement qui ne se ferait évidemment pas un jour et nécessiterait un contrat de confiance entre le peuple et la République. Ce contrat est aujourd’hui déchiré.

Il en allait différemment pour le gaullisme pour qui l’armement nucléaire de la France était l’affirmation d’une volonté de ne pas dépendre d’une décision de Washington de s’en servir. Cette prise de distance stratégique a été annihilée par la décision de Sarkozy de réintégrer le commandement militaire de l’OTAN. Depuis lors la France est totalement subordonnée aux Etats-Unis et à la politique internationale étasuno-sioniste. Il aura donc fallu 11 ans pour que la destruction consciente par Sarkozy de l’indépendance française relative mais réelle  qu’incarnait le gaullisme d’après 1958 et son expression, l’arme nucléaire, débouche sur l’effondrement en cours de l’édifice institutionnel qu’est la constitution de la V° République.

L’extrême concentration du pouvoir exécutif que permet cette constitution  est aujourd’hui utilisée uniquement pour affirmer la dictature du Capital et de ses maitres concrets sur la société française. Il est impératif de sortir d’un système présidentiel sans contrepoids qui une fois tous les 5 ans met le pays en transe au moment de remettre à un seul ou à une seule les clés de l’avenir de tous.

Il faut ouvrir les yeux : le JUPITER de l’Elysée a volé la foudre à la République.

Dans le monde d’aujourd’hui où l’espèce humaine dans toute sa riche diversité avec les immenses capacités de création et de production dont elle dispose doit organiser son destin commun sur un espace unique, la foudre doit être bannie comme insulte à l’avenir.

La République française  qui veut donner au monde une image qui ne soit pas celle des visages déchirés par les flash ball ou d’égarés tirant sur la foule un jour de marché, ne peut pas cohabiter avec Jupiter, celui-ci ou un autre  ou une autre.

La V° république ses bombes et ses troupes coloniales est un moribond qui empoisonne la France.

 

 

 

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5 novembre 2018 1 05 /11 /novembre /2018 10:02

Quatre documents éclairant le débat référendaire

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Une note de notre ami Gilles Devers, avocat, spécialiste de droit international

Il y a un problème juridique sérieux avec le référendum.

La Nouvelle-Calédonie était occupée par un peuple, fait de tribus, d’origine mélanésienne depuis des millénaires. Après la « découverte » anglaise, l’ile a été annexée par Napoléon III en 1853, et la France a appliqué le code de l’indigénat (violation des droits personnels et confiscation des terres).

En 1946, le code a été supprimé. La Nouvelle-Calédonie est devenue un territoire d'outre-mer et les Mélanésiens des Français (sans la souche…)

Après bien des événements, vient ce référendum… Très bien, sauf qu’il est organisé dans le cadre de la constitution française, par le gouvernement français, et sous le contrôle du juge français !

Or, la question relève fondamentalement du droit international, et cette question a été évacuée de part et d’autre.

Dans son avis du 16 octobre 1975 sur le Sahara occidental, la Cour internationale de justice a clairement dit qu’un territoire habité ne peut être considéré comme un territoire sans maître (qu’un tiers pourrait s’approprier)

Pour le Sahara occidental, il s’agissait de nomades, pour la Nouvelle-Calédonie de tribus, mais dans les deux cas il y avait un peuple. Aussi l’appropriation française des iles  sur le mode d’inégalité des races de Ferry « le rôle des races supérieures est de civiliser les races inférieures » - n’a aucune valeur en droit international.

D’ailleurs, par la résolution 41/41 A du 2 décembre 1986, l’AG ONU a inscrit l’île sur la liste des territoires non autonomes (Art. 73 de la Charte, territoires à décoloniser).

C’est donc une question de décolonisation et de droit international. 

La référence est la résolution 1514 de l’AG ONU du 14 décembre 1960, dont je souligne l’article 5 :

5. Des mesures immédiates seront prises, dans les territoires sous tutelle, les territoires non autonomes et tous autres territoires qui n'ont pas encore accédé à l'indépendance, pour transférer tous pouvoirs aux peuples de ces territoires, sans aucune condition ni réserve, conformément à leur volonté et à leurs vœux librement exprimés, sans aucune distinction de race, de croyance ou de couleur, afin de leur permettre de jouir d'une indépendance et d'une liberté complètes.

http://www.un.org/fr/decolonization/declaration.shtml

C’est comme si le peuple du Sahara occidental demandait au Maroc d’organiser le référendum d’autodétermination...

Je ne souhaite en aucun cas m’impliquer dans les débats, mais je souhaitais vous adresser ces quelques remarques.

02.11.2018

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Ocean pacifique

  COLS BLEUS   Publié le 13 Février 2017 à 17:50   © Marine nationale

 

Le Pacifique… La moitié de la planète, un tiers de sa population, 60 % de son PIB, 50 % de son commerce. Un théâtre où se font face Américains, Chinois et Russes, un foyer de tensions (mer de Chine, Corée du Nord, terrorisme, narcotrafics…) devenu un nouveau centre de gravité stratégique (60 % de la flotte US y est stationnée, la Chine a doublé le nombre de ses bâtiments en 8 ans, 40 % des projets de sous-marins dans le monde concernent l’Asie du Sud-Est). Un espace dont la France est riveraine avec la Polynésie française, Clipperton, Wallis et Futuna et la Nouvelle Calédonie, soit 500 000 habitants(1) et 62 % de la zone économique exclusive (ZEE) nationale, tandis que 130 000 expatriés français(2) vivent en Asie-Pacifique.

Ces quelques chiffres donnent la mesure des enjeux et des responsabilités d’ALPACI qui les exerce sur trois niveaux.

En Polynésie, son action se concentre sur la protection des populations (catastrophes naturelles, sauvetage en mer…), l’affirmation de notre souveraineté (118 îles réparties sur une surface grande comme l’Europe) et la surveillance de la ZEE (5,5 millions de km2) intégrée à la zone maritime Polynésie française (22 millions de km² où s’exerce l’action de l’État en mer). En 2016(3), la Marine y a saisi 735 kg de cocaïne grâce au Prairial, permis le sauvetage de 57 personnes sur les quelque 239 secourues grâce au JRCC (Joint Rescue Coordination Center) et ses marins, survolé 275 navires de pêche aux abords de la ZEE dans le cadre d’opérations ciblées de police des pêches.

Avec les pays voisins (Cook, Kiribati, Pitcairn, Samoa, Tonga, Fidji…), en coordination avec les Forces armées en Nouvelle-Calédonie, ALPACI entretient une coopération régionale qui s’exprime notamment au travers d’accords multilatéraux avec nos partenaires américains, australiens et néo zélandais pour porter assistance aux pays insulaires du Pacifique en cas de catastrophe naturelle(4) (ex : La Moqueuse aux Fidji en mars 2016) et les aider dans la surveillance de leurs propres ZEE.

Sur le reste du Pacifique, ALPACI défend les intérêts français et les principes du droit international grâce à la présence de forces permanentes que la France est le seul pays européen à maintenir dans cette zone. En 2016, nos bâtiments ont ainsi affirmé à quatre reprises la primauté de la liberté de navigation en croisant en mer de Chine, mené deux missions de souveraineté à Clipperton et une contre les narcotrafics au large des côtes sud-américaines, touché 20 pays au cours de 27 escales, réalisé 11 exercices majeurs et 27 Passex, tandis qu’ALPACI a effectué 12 déplacements internationaux donnant lieux à 75 entretiens bilatéraux dans des forums tels que Chiefs of Defense Conference ou Western Pacific naval Symposium.

Dans le Pacifique aussi, la Marine est plus que jamais en action !

CA Denis Bertrand
Amiral commandant les forces maritimes françaises de l’océan Pacifique
Commandant supérieur des Forces armées de Polynésie française

 

 (1) Plus que Bruneï.

(2) Autant qu’en Afrique sub-saharienne.

(3) Chiffres au 15 novembre 2016.

(4) Accords FRANZ : France, Australie, Nouvelle-Zélande.

(5) Accords QUAD : France, Australie, Nouvelle-Zélande, États-Unis.

 

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Référendum sur l’indépendance en Nouvelle-Calédonie.
 Emmanuel Tjibaou  « La France n’assume pas sa décolonisation »

Emmanuel Tjibaou : « Les Bretons de Nouvelle-Calédonie ne sont pas les Bretons du Finistère, ce sont des Bretons d'ici. » | JEAN-MICHEL NIESTER / OUEST-FRANCE

Propos recueillis par Thierry RICHARD. Publié le 04/11/2018 à 08h19

Emmanuel Tjibaou dirige à Nouméa le centre culturel dédié à la culture kanak. Alors que la Nouvelle-Calédonie vote dimanche 4 novembre sur son indépendance, il revient sur la politique culturelle de la France face aux kanak. La Nouvelle-Calédonie vote ce dimanche 4 novembre sur son indépendance. Au cœur de ce scrutin, la culture kanak et son avenir. À Nouméa, Emmanuel Tjibaou dirige le centre culturel qui porte le nom de son père, Jean-Marie. Ouvert en 1998, l’établissement est dédié à cette culture. Entretien.

La culture kanak a-t-elle été menacée de disparition?

Oui, on peut même parler de processus d’extermination. Au début du XXe siècle, le maire de Nouméa prédisait qu’il n’y aurait plus de Kanak en Nouvelle-Calédonie dans les dix ou vingt ans. Je ne sais pas si c’est vrai, mais on a ce ressenti-là. Nos grands-pères ont dû attendre 1946 pour accéder au droit de vote et au confort minimal.

Comment s’est construit le réveil de la culture kanak?

Le renouveau culturel a émergé à partir de 1975, avec le festival Mélanésia 2000 organisé par mon père à Nouméa. Il avait pour objectif d’aider les Kanak à se réapproprier leur histoire, à prendre conscience de leur identité singulière au sein de la communauté calédonienne. Le message s’adressait aussi aux autres Calédoniens. Le dialogue entre les communautés suppose que les Européens fassent le deuil du discours colonial et reconnaissent le fait qu’ils se sont construits au contact de l’autre. Les Bretons de Nouvelle-Calédonie ne sont pas les Bretons du Finistère, ce sont des Bretons d’ici. Elle est là notre richesse.

Quelle est la raison d’être du centre culturel Tjibaou?

Les Kanak n’ont pas besoin de centre culturel. Quand je suis né, ça n’existait pas. En France, la culture est vue comme un bien de consommation. Ici, tu vis les choses. Le centre Tjibaou a été créé parce qu’il y avait besoin de passer par cette structure pour que l’autre nous prenne en considération. Avant, le seul organisme patrimonial qui s’attachait à représenter la culture kanak, c’était le musée de Nouvelle-Calédonie et ses objets traditionnels vieux de deux cents ans.

Vous n’aimez pas les musées?

Un musée, ça fige. Je ne veux pas que ma culture soit sous une cloche de verre et qu’on parle de moi à la troisième personne. Ça voudrait dire que j’ai été annihilé, annexé, intégré. Quel intérêt si c’est pour continuer à vivre chez nous comme des étrangers? Notre culture, notre identité, est en constante redéfinition. La réponse n’est plus dans les tribus. Il faut instaurer un nouveau dialogue avec les autres cultures, mais dans la ville, dans les quartiers. Il faut se nourrir des traditions pour créer et réinventer le patrimoine de demain. Il faut être au contact du réel, se nourrir du graff, du hip-hop.

La culture kanak est-elle aujourd’hui mieux reconnue?

Le regard des autres a changé sur nous et nous avons changé notre regard sur nous-mêmes. On n’a plus honte de témoigner de ce qui fait notre force. Mais c’est difficile encore. On a voulu nous enfermer dans un prisme, celui des réserves et des tribus. À nous de montrer qu’on a une place dans la ville. Ce n’est pas encore gagné. Essayez de trouver à Nouméa les signes qui font de cette ville une ville océanienne et non pas un quartier de Nice ou de Montréal. C’est la question qu’on doit se poser au bout de trente ans. A-t-on vraiment dialogué? La société s’est-elle transformée?

Quelle est votre réponse?

Moi, je dirais qu’il y a encore du chemin à faire. Le plus dur ce n’est pas de financer des équipements, c’est de changer les mentalités. Qu’est-ce qu’on a fait en trente ans? Les langues océaniennes sont-elles enseignées à l’école? Est ce qu’on apprend l’histoire des Événements? À la télé, la culture kanak est invisible. On a essayé de faire des quotas pour favoriser l’emploi des Kanak. Mais, au lieu d’aller faire les meilleures écoles en Australie, on nous apprend surtout à être de bons Français, c’est ça le danger.

L’accord de Nouméa visait à construire un «destin commun» entre les différentes ethnies. Est-on sur la bonne voie?

Parler de destin commun, ça voudrait dire qu’on partage une volonté de vivre ensemble. Mais tant qu’on reste exclu de la société, comment peut-on penser qu’on va cheminer ensemble? Pour dialoguer, il faut être deux et s’entendre sur ce vers quoi on veut aller. Le destin commun, ça veut dire aussi qu’on partage une histoire, qu’on partage un rapport à l’autre. Ici, les gens ne parlent pas les langues kanak, ça ne les intéresse pas. Par contre, ils nous imposent à nous les Kanak de parler français.

La colonisation aurait-elle laissé des traces?

La France a du mal avec son histoire. Elle n’assume pas sa colonisation, encore moins sa décolonisation. Un exemple. Ma tribu, à Tiendanite, a fait une demande d’agrandissement. Mais on nous demande de justifier. Combien de personnes, pour faire quoi, quels projets de développement? Personne ne nous avait demandé l’autorisation quand nos terres nous ont été prises de force! Aujourd’hui, on veut nous imposer un modèle occidental en nous enfermant dans des projets de développement. On ne pourrait pas juste vivre simplement, en ayant un peu à manger, un peu à boire, sans polluer la nature?

Quels progrès restent à faire?

Il y a encore des progrès à accomplir en termes d’éducation pour faire le deuil de la société coloniale. Mais la solution ne viendra pas de l’État. C’est nous, les Calédoniens, qui devons transformer le modèle en intervenant dans la vie de tous les jours. Où sont les restaurants à Nouméa qui proposent une cuisine locale? Il faut bien chercher. Où peut-on entendre nos langues? Y a-t-il une double signalétique? En Bretagne, vous êtes bien placés pour savoir de quoi je parle.

Qu’attendez-vous du référendum?

C’est une étape importante, historique. C’est l’occasion de poser des jalons, de redéfinir les contours d’un nouveau statut, en dehors de la France ou avec elle. Il est important de poser une limite et de faire le bilan de ce qui a été fait, les réussites comme les échecs, pour déterminer les chantiers à ouvrir pour la culture kanak.

Êtes-vous optimiste sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie?

Le réveil de la culture kanak a eu lieu. Cette gangue dans laquelle on a voulu nous enfermer est en train de se fissurer pour nous. Maintenant, il faut qu’en face, ils fassent le même travail. Ça ne sert à rien de nous libérer si les autres Calédoniens restent enfermés dans des schémas coloniaux. On l’a vu pendant la campagne électorale. Les uns parlaient de business et de développement, les autres de dignité.

 

***

Une note de notre ami Gilles Devers, avocat, spécialiste de droit international

Il y a un problème juridique sérieux avec le référendum.

La Nouvelle-Calédonie était occupée par un peuple, fait de tribus, d’origine mélanésienne depuis des millénaires. Après la « découverte » anglaise, l’ile a été annexée par Napoléon III en 1853, et la France a appliqué le code de l’indigénat (violation des droits personnels et confiscation des terres).

En 1946, le code a été supprimé. La Nouvelle-Calédonie est devenue un territoire d'outre-mer et les Mélanésiens des Français (sans la souche…)

Après bien des événements, vient ce référendum… Très bien, sauf qu’il est organisé dans le cadre de la constitution française, par le gouvernement français, et sous le contrôle du juge français !

Or, la question relève fondamentalement du droit international, et cette question a été évacuée de part et d’autre.

Dans son avis du 16 octobre 1975 sur le Sahara occidental, la Cour internationale de justice a clairement dit qu’un territoire habité ne peut être considéré comme un territoire sans maître (qu’un tiers pourrait s’approprier)

Pour le Sahara occidental, il s’agissait de nomades, pour la Nouvelle-Calédonie de tribus, mais dans les deux cas il y avait un peuple. Aussi l’appropriation française des iles  sur le mode d’inégalité des races de Ferry « le rôle des races supérieures est de civiliser les races inférieures » - n’a aucune valeur en droit international.

D’ailleurs, par la résolution 41/41 A du 2 décembre 1986, l’AG ONU a inscrit l’île sur la liste des territoires non autonomes (Art. 73 de la Charte, territoires à décoloniser).

C’est donc une question de décolonisation et de droit international. 

La référence est la résolution 1514 de l’AG ONU du 14 décembre 1960, dont je souligne l’article 5 :

5. Des mesures immédiates seront prises, dans les territoires sous tutelle, les territoires non autonomes et tous autres territoires qui n'ont pas encore accédé à l'indépendance, pour transférer tous pouvoirs aux peuples de ces territoires, sans aucune condition ni réserve, conformément à leur volonté et à leurs vœux librement exprimés, sans aucune distinction de race, de croyance ou de couleur, afin de leur permettre de jouir d'une indépendance et d'une liberté complètes.

http://www.un.org/fr/decolonization/declaration.shtml

C’est comme si le peuple du Sahara occidental demandait au Maroc d’organiser le référendum d’autodétermination...

Je ne souhaite en aucun cas m’impliquer dans les débats, mais je souhaitais vous adresser ces quelques remarques.

02.11.2018

***

Ocean pacifique

  COLS BLEUS   Publié le 13 Février 2017 à 17:50   © Marine nationale

 

Le Pacifique… La moitié de la planète, un tiers de sa population, 60 % de son PIB, 50 % de son commerce. Un théâtre où se font face Américains, Chinois et Russes, un foyer de tensions (mer de Chine, Corée du Nord, terrorisme, narcotrafics…) devenu un nouveau centre de gravité stratégique (60 % de la flotte US y est stationnée, la Chine a doublé le nombre de ses bâtiments en 8 ans, 40 % des projets de sous-marins dans le monde concernent l’Asie du Sud-Est). Un espace dont la France est riveraine avec la Polynésie française, Clipperton, Wallis et Futuna et la Nouvelle Calédonie, soit 500 000 habitants(1) et 62 % de la zone économique exclusive (ZEE) nationale, tandis que 130 000 expatriés français(2) vivent en Asie-Pacifique.

Ces quelques chiffres donnent la mesure des enjeux et des responsabilités d’ALPACI qui les exerce sur trois niveaux.

En Polynésie, son action se concentre sur la protection des populations (catastrophes naturelles, sauvetage en mer…), l’affirmation de notre souveraineté (118 îles réparties sur une surface grande comme l’Europe) et la surveillance de la ZEE (5,5 millions de km2) intégrée à la zone maritime Polynésie française (22 millions de km² où s’exerce l’action de l’État en mer). En 2016(3), la Marine y a saisi 735 kg de cocaïne grâce au Prairial, permis le sauvetage de 57 personnes sur les quelque 239 secourues grâce au JRCC (Joint Rescue Coordination Center) et ses marins, survolé 275 navires de pêche aux abords de la ZEE dans le cadre d’opérations ciblées de police des pêches.

Avec les pays voisins (Cook, Kiribati, Pitcairn, Samoa, Tonga, Fidji…), en coordination avec les Forces armées en Nouvelle-Calédonie, ALPACI entretient une coopération régionale qui s’exprime notamment au travers d’accords multilatéraux avec nos partenaires américains, australiens et néo zélandais pour porter assistance aux pays insulaires du Pacifique en cas de catastrophe naturelle(4) (ex : La Moqueuse aux Fidji en mars 2016) et les aider dans la surveillance de leurs propres ZEE.

Sur le reste du Pacifique, ALPACI défend les intérêts français et les principes du droit international grâce à la présence de forces permanentes que la France est le seul pays européen à maintenir dans cette zone. En 2016, nos bâtiments ont ainsi affirmé à quatre reprises la primauté de la liberté de navigation en croisant en mer de Chine, mené deux missions de souveraineté à Clipperton et une contre les narcotrafics au large des côtes sud-américaines, touché 20 pays au cours de 27 escales, réalisé 11 exercices majeurs et 27 Passex, tandis qu’ALPACI a effectué 12 déplacements internationaux donnant lieux à 75 entretiens bilatéraux dans des forums tels que Chiefs of Defense Conference ou Western Pacific naval Symposium.

Dans le Pacifique aussi, la Marine est plus que jamais en action !

CA Denis Bertrand
Amiral commandant les forces maritimes françaises de l’océan Pacifique
Commandant supérieur des Forces armées de Polynésie française

 

 (1) Plus que Bruneï.

(2) Autant qu’en Afrique sub-saharienne.

(3) Chiffres au 15 novembre 2016.

(4) Accords FRANZ : France, Australie, Nouvelle-Zélande.

(5) Accords QUAD : France, Australie, Nouvelle-Zélande, États-Unis.

 

***

Référendum sur l’indépendance en Nouvelle-Calédonie.
 Emmanuel Tjibaou  « La France n’assume pas sa décolonisation »

Emmanuel Tjibaou : « Les Bretons de Nouvelle-Calédonie ne sont pas les Bretons du Finistère, ce sont des Bretons d'ici. » | JEAN-MICHEL NIESTER / OUEST-FRANCE

Propos recueillis par Thierry RICHARD. Publié le 04/11/2018 à 08h19

Emmanuel Tjibaou dirige à Nouméa le centre culturel dédié à la culture kanak. Alors que la Nouvelle-Calédonie vote dimanche 4 novembre sur son indépendance, il revient sur la politique culturelle de la France face aux kanak. La Nouvelle-Calédonie vote ce dimanche 4 novembre sur son indépendance. Au cœur de ce scrutin, la culture kanak et son avenir. À Nouméa, Emmanuel Tjibaou dirige le centre culturel qui porte le nom de son père, Jean-Marie. Ouvert en 1998, l’établissement est dédié à cette culture. Entretien.

La culture kanak a-t-elle été menacée de disparition?

Oui, on peut même parler de processus d’extermination. Au début du XXe siècle, le maire de Nouméa prédisait qu’il n’y aurait plus de Kanak en Nouvelle-Calédonie dans les dix ou vingt ans. Je ne sais pas si c’est vrai, mais on a ce ressenti-là. Nos grands-pères ont dû attendre 1946 pour accéder au droit de vote et au confort minimal.

Comment s’est construit le réveil de la culture kanak?

Le renouveau culturel a émergé à partir de 1975, avec le festival Mélanésia 2000 organisé par mon père à Nouméa. Il avait pour objectif d’aider les Kanak à se réapproprier leur histoire, à prendre conscience de leur identité singulière au sein de la communauté calédonienne. Le message s’adressait aussi aux autres Calédoniens. Le dialogue entre les communautés suppose que les Européens fassent le deuil du discours colonial et reconnaissent le fait qu’ils se sont construits au contact de l’autre. Les Bretons de Nouvelle-Calédonie ne sont pas les Bretons du Finistère, ce sont des Bretons d’ici. Elle est là notre richesse.

Quelle est la raison d’être du centre culturel Tjibaou?

Les Kanak n’ont pas besoin de centre culturel. Quand je suis né, ça n’existait pas. En France, la culture est vue comme un bien de consommation. Ici, tu vis les choses. Le centre Tjibaou a été créé parce qu’il y avait besoin de passer par cette structure pour que l’autre nous prenne en considération. Avant, le seul organisme patrimonial qui s’attachait à représenter la culture kanak, c’était le musée de Nouvelle-Calédonie et ses objets traditionnels vieux de deux cents ans.

Vous n’aimez pas les musées?

Un musée, ça fige. Je ne veux pas que ma culture soit sous une cloche de verre et qu’on parle de moi à la troisième personne. Ça voudrait dire que j’ai été annihilé, annexé, intégré. Quel intérêt si c’est pour continuer à vivre chez nous comme des étrangers? Notre culture, notre identité, est en constante redéfinition. La réponse n’est plus dans les tribus. Il faut instaurer un nouveau dialogue avec les autres cultures, mais dans la ville, dans les quartiers. Il faut se nourrir des traditions pour créer et réinventer le patrimoine de demain. Il faut être au contact du réel, se nourrir du graff, du hip-hop.

La culture kanak est-elle aujourd’hui mieux reconnue?

Le regard des autres a changé sur nous et nous avons changé notre regard sur nous-mêmes. On n’a plus honte de témoigner de ce qui fait notre force. Mais c’est difficile encore. On a voulu nous enfermer dans un prisme, celui des réserves et des tribus. À nous de montrer qu’on a une place dans la ville. Ce n’est pas encore gagné. Essayez de trouver à Nouméa les signes qui font de cette ville une ville océanienne et non pas un quartier de Nice ou de Montréal. C’est la question qu’on doit se poser au bout de trente ans. A-t-on vraiment dialogué? La société s’est-elle transformée?

Quelle est votre réponse?

Moi, je dirais qu’il y a encore du chemin à faire. Le plus dur ce n’est pas de financer des équipements, c’est de changer les mentalités. Qu’est-ce qu’on a fait en trente ans? Les langues océaniennes sont-elles enseignées à l’école? Est ce qu’on apprend l’histoire des Événements? À la télé, la culture kanak est invisible. On a essayé de faire des quotas pour favoriser l’emploi des Kanak. Mais, au lieu d’aller faire les meilleures écoles en Australie, on nous apprend surtout à être de bons Français, c’est ça le danger.

L’accord de Nouméa visait à construire un «destin commun» entre les différentes ethnies. Est-on sur la bonne voie?

Parler de destin commun, ça voudrait dire qu’on partage une volonté de vivre ensemble. Mais tant qu’on reste exclu de la société, comment peut-on penser qu’on va cheminer ensemble? Pour dialoguer, il faut être deux et s’entendre sur ce vers quoi on veut aller. Le destin commun, ça veut dire aussi qu’on partage une histoire, qu’on partage un rapport à l’autre. Ici, les gens ne parlent pas les langues kanak, ça ne les intéresse pas. Par contre, ils nous imposent à nous les Kanak de parler français.

La colonisation aurait-elle laissé des traces?

La France a du mal avec son histoire. Elle n’assume pas sa colonisation, encore moins sa décolonisation. Un exemple. Ma tribu, à Tiendanite, a fait une demande d’agrandissement. Mais on nous demande de justifier. Combien de personnes, pour faire quoi, quels projets de développement? Personne ne nous avait demandé l’autorisation quand nos terres nous ont été prises de force! Aujourd’hui, on veut nous imposer un modèle occidental en nous enfermant dans des projets de développement. On ne pourrait pas juste vivre simplement, en ayant un peu à manger, un peu à boire, sans polluer la nature?

Quels progrès restent à faire?

Il y a encore des progrès à accomplir en termes d’éducation pour faire le deuil de la société coloniale. Mais la solution ne viendra pas de l’État. C’est nous, les Calédoniens, qui devons transformer le modèle en intervenant dans la vie de tous les jours. Où sont les restaurants à Nouméa qui proposent une cuisine locale? Il faut bien chercher. Où peut-on entendre nos langues? Y a-t-il une double signalétique? En Bretagne, vous êtes bien placés pour savoir de quoi je parle.

Qu’attendez-vous du référendum?

C’est une étape importante, historique. C’est l’occasion de poser des jalons, de redéfinir les contours d’un nouveau statut, en dehors de la France ou avec elle. Il est important de poser une limite et de faire le bilan de ce qui a été fait, les réussites comme les échecs, pour déterminer les chantiers à ouvrir pour la culture kanak.

Êtes-vous optimiste sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie?

Le réveil de la culture kanak a eu lieu. Cette gangue dans laquelle on a voulu nous enfermer est en train de se fissurer pour nous. Maintenant, il faut qu’en face, ils fassent le même travail. Ça ne sert à rien de nous libérer si les autres Calédoniens restent enfermés dans des schémas coloniaux. On l’a vu pendant la campagne électorale. Les uns parlaient de business et de développement, les autres de dignité.

 

***

Une note de notre ami Gilles Devers, avocat, spécialiste de droit international

Il y a un problème juridique sérieux avec le référendum.

La Nouvelle-Calédonie était occupée par un peuple, fait de tribus, d’origine mélanésienne depuis des millénaires. Après la « découverte » anglaise, l’ile a été annexée par Napoléon III en 1853, et la France a appliqué le code de l’indigénat (violation des droits personnels et confiscation des terres).

En 1946, le code a été supprimé. La Nouvelle-Calédonie est devenue un territoire d'outre-mer et les Mélanésiens des Français (sans la souche…)

Après bien des événements, vient ce référendum… Très bien, sauf qu’il est organisé dans le cadre de la constitution française, par le gouvernement français, et sous le contrôle du juge français !

Or, la question relève fondamentalement du droit international, et cette question a été évacuée de part et d’autre.

Dans son avis du 16 octobre 1975 sur le Sahara occidental, la Cour internationale de justice a clairement dit qu’un territoire habité ne peut être considéré comme un territoire sans maître (qu’un tiers pourrait s’approprier)

Pour le Sahara occidental, il s’agissait de nomades, pour la Nouvelle-Calédonie de tribus, mais dans les deux cas il y avait un peuple. Aussi l’appropriation française des iles  sur le mode d’inégalité des races de Ferry « le rôle des races supérieures est de civiliser les races inférieures » - n’a aucune valeur en droit international.

D’ailleurs, par la résolution 41/41 A du 2 décembre 1986, l’AG ONU a inscrit l’île sur la liste des territoires non autonomes (Art. 73 de la Charte, territoires à décoloniser).

C’est donc une question de décolonisation et de droit international. 

La référence est la résolution 1514 de l’AG ONU du 14 décembre 1960, dont je souligne l’article 5 :

5. Des mesures immédiates seront prises, dans les territoires sous tutelle, les territoires non autonomes et tous autres territoires qui n'ont pas encore accédé à l'indépendance, pour transférer tous pouvoirs aux peuples de ces territoires, sans aucune condition ni réserve, conformément à leur volonté et à leurs vœux librement exprimés, sans aucune distinction de race, de croyance ou de couleur, afin de leur permettre de jouir d'une indépendance et d'une liberté complètes.

http://www.un.org/fr/decolonization/declaration.shtml

C’est comme si le peuple du Sahara occidental demandait au Maroc d’organiser le référendum d’autodétermination...

Je ne souhaite en aucun cas m’impliquer dans les débats, mais je souhaitais vous adresser ces quelques remarques.

02.11.2018

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Ocean pacifique

  COLS BLEUS   Publié le 13 Février 2017 à 17:50   © Marine nationale

 

Le Pacifique… La moitié de la planète, un tiers de sa population, 60 % de son PIB, 50 % de son commerce. Un théâtre où se font face Américains, Chinois et Russes, un foyer de tensions (mer de Chine, Corée du Nord, terrorisme, narcotrafics…) devenu un nouveau centre de gravité stratégique (60 % de la flotte US y est stationnée, la Chine a doublé le nombre de ses bâtiments en 8 ans, 40 % des projets de sous-marins dans le monde concernent l’Asie du Sud-Est). Un espace dont la France est riveraine avec la Polynésie française, Clipperton, Wallis et Futuna et la Nouvelle Calédonie, soit 500 000 habitants(1) et 62 % de la zone économique exclusive (ZEE) nationale, tandis que 130 000 expatriés français(2) vivent en Asie-Pacifique.

Ces quelques chiffres donnent la mesure des enjeux et des responsabilités d’ALPACI qui les exerce sur trois niveaux.

En Polynésie, son action se concentre sur la protection des populations (catastrophes naturelles, sauvetage en mer…), l’affirmation de notre souveraineté (118 îles réparties sur une surface grande comme l’Europe) et la surveillance de la ZEE (5,5 millions de km2) intégrée à la zone maritime Polynésie française (22 millions de km² où s’exerce l’action de l’État en mer). En 2016(3), la Marine y a saisi 735 kg de cocaïne grâce au Prairial, permis le sauvetage de 57 personnes sur les quelque 239 secourues grâce au JRCC (Joint Rescue Coordination Center) et ses marins, survolé 275 navires de pêche aux abords de la ZEE dans le cadre d’opérations ciblées de police des pêches.

Avec les pays voisins (Cook, Kiribati, Pitcairn, Samoa, Tonga, Fidji…), en coordination avec les Forces armées en Nouvelle-Calédonie, ALPACI entretient une coopération régionale qui s’exprime notamment au travers d’accords multilatéraux avec nos partenaires américains, australiens et néo zélandais pour porter assistance aux pays insulaires du Pacifique en cas de catastrophe naturelle(4) (ex : La Moqueuse aux Fidji en mars 2016) et les aider dans la surveillance de leurs propres ZEE.

Sur le reste du Pacifique, ALPACI défend les intérêts français et les principes du droit international grâce à la présence de forces permanentes que la France est le seul pays européen à maintenir dans cette zone. En 2016, nos bâtiments ont ainsi affirmé à quatre reprises la primauté de la liberté de navigation en croisant en mer de Chine, mené deux missions de souveraineté à Clipperton et une contre les narcotrafics au large des côtes sud-américaines, touché 20 pays au cours de 27 escales, réalisé 11 exercices majeurs et 27 Passex, tandis qu’ALPACI a effectué 12 déplacements internationaux donnant lieux à 75 entretiens bilatéraux dans des forums tels que Chiefs of Defense Conference ou Western Pacific naval Symposium.

Dans le Pacifique aussi, la Marine est plus que jamais en action !

CA Denis Bertrand
Amiral commandant les forces maritimes françaises de l’océan Pacifique
Commandant supérieur des Forces armées de Polynésie française

 

 (1) Plus que Bruneï.

(2) Autant qu’en Afrique sub-saharienne.

(3) Chiffres au 15 novembre 2016.

(4) Accords FRANZ : France, Australie, Nouvelle-Zélande.

(5) Accords QUAD : France, Australie, Nouvelle-Zélande, États-Unis.

 

***

Référendum sur l’indépendance en Nouvelle-Calédonie.
 Emmanuel Tjibaou  « La France n’assume pas sa décolonisation »

Emmanuel Tjibaou : « Les Bretons de Nouvelle-Calédonie ne sont pas les Bretons du Finistère, ce sont des Bretons d'ici. » | JEAN-MICHEL NIESTER / OUEST-FRANCE

Propos recueillis par Thierry RICHARD. Publié le 04/11/2018 à 08h19

Emmanuel Tjibaou dirige à Nouméa le centre culturel dédié à la culture kanak. Alors que la Nouvelle-Calédonie vote dimanche 4 novembre sur son indépendance, il revient sur la politique culturelle de la France face aux kanak. La Nouvelle-Calédonie vote ce dimanche 4 novembre sur son indépendance. Au cœur de ce scrutin, la culture kanak et son avenir. À Nouméa, Emmanuel Tjibaou dirige le centre culturel qui porte le nom de son père, Jean-Marie. Ouvert en 1998, l’établissement est dédié à cette culture. Entretien.

La culture kanak a-t-elle été menacée de disparition?

Oui, on peut même parler de processus d’extermination. Au début du XXe siècle, le maire de Nouméa prédisait qu’il n’y aurait plus de Kanak en Nouvelle-Calédonie dans les dix ou vingt ans. Je ne sais pas si c’est vrai, mais on a ce ressenti-là. Nos grands-pères ont dû attendre 1946 pour accéder au droit de vote et au confort minimal.

Comment s’est construit le réveil de la culture kanak?

Le renouveau culturel a émergé à partir de 1975, avec le festival Mélanésia 2000 organisé par mon père à Nouméa. Il avait pour objectif d’aider les Kanak à se réapproprier leur histoire, à prendre conscience de leur identité singulière au sein de la communauté calédonienne. Le message s’adressait aussi aux autres Calédoniens. Le dialogue entre les communautés suppose que les Européens fassent le deuil du discours colonial et reconnaissent le fait qu’ils se sont construits au contact de l’autre. Les Bretons de Nouvelle-Calédonie ne sont pas les Bretons du Finistère, ce sont des Bretons d’ici. Elle est là notre richesse.

Quelle est la raison d’être du centre culturel Tjibaou?

Les Kanak n’ont pas besoin de centre culturel. Quand je suis né, ça n’existait pas. En France, la culture est vue comme un bien de consommation. Ici, tu vis les choses. Le centre Tjibaou a été créé parce qu’il y avait besoin de passer par cette structure pour que l’autre nous prenne en considération. Avant, le seul organisme patrimonial qui s’attachait à représenter la culture kanak, c’était le musée de Nouvelle-Calédonie et ses objets traditionnels vieux de deux cents ans.

Vous n’aimez pas les musées?

Un musée, ça fige. Je ne veux pas que ma culture soit sous une cloche de verre et qu’on parle de moi à la troisième personne. Ça voudrait dire que j’ai été annihilé, annexé, intégré. Quel intérêt si c’est pour continuer à vivre chez nous comme des étrangers? Notre culture, notre identité, est en constante redéfinition. La réponse n’est plus dans les tribus. Il faut instaurer un nouveau dialogue avec les autres cultures, mais dans la ville, dans les quartiers. Il faut se nourrir des traditions pour créer et réinventer le patrimoine de demain. Il faut être au contact du réel, se nourrir du graff, du hip-hop.

La culture kanak est-elle aujourd’hui mieux reconnue?

Le regard des autres a changé sur nous et nous avons changé notre regard sur nous-mêmes. On n’a plus honte de témoigner de ce qui fait notre force. Mais c’est difficile encore. On a voulu nous enfermer dans un prisme, celui des réserves et des tribus. À nous de montrer qu’on a une place dans la ville. Ce n’est pas encore gagné. Essayez de trouver à Nouméa les signes qui font de cette ville une ville océanienne et non pas un quartier de Nice ou de Montréal. C’est la question qu’on doit se poser au bout de trente ans. A-t-on vraiment dialogué? La société s’est-elle transformée?

Quelle est votre réponse?

Moi, je dirais qu’il y a encore du chemin à faire. Le plus dur ce n’est pas de financer des équipements, c’est de changer les mentalités. Qu’est-ce qu’on a fait en trente ans? Les langues océaniennes sont-elles enseignées à l’école? Est ce qu’on apprend l’histoire des Événements? À la télé, la culture kanak est invisible. On a essayé de faire des quotas pour favoriser l’emploi des Kanak. Mais, au lieu d’aller faire les meilleures écoles en Australie, on nous apprend surtout à être de bons Français, c’est ça le danger.

L’accord de Nouméa visait à construire un «destin commun» entre les différentes ethnies. Est-on sur la bonne voie?

Parler de destin commun, ça voudrait dire qu’on partage une volonté de vivre ensemble. Mais tant qu’on reste exclu de la société, comment peut-on penser qu’on va cheminer ensemble? Pour dialoguer, il faut être deux et s’entendre sur ce vers quoi on veut aller. Le destin commun, ça veut dire aussi qu’on partage une histoire, qu’on partage un rapport à l’autre. Ici, les gens ne parlent pas les langues kanak, ça ne les intéresse pas. Par contre, ils nous imposent à nous les Kanak de parler français.

La colonisation aurait-elle laissé des traces?

La France a du mal avec son histoire. Elle n’assume pas sa colonisation, encore moins sa décolonisation. Un exemple. Ma tribu, à Tiendanite, a fait une demande d’agrandissement. Mais on nous demande de justifier. Combien de personnes, pour faire quoi, quels projets de développement? Personne ne nous avait demandé l’autorisation quand nos terres nous ont été prises de force! Aujourd’hui, on veut nous imposer un modèle occidental en nous enfermant dans des projets de développement. On ne pourrait pas juste vivre simplement, en ayant un peu à manger, un peu à boire, sans polluer la nature?

Quels progrès restent à faire?

Il y a encore des progrès à accomplir en termes d’éducation pour faire le deuil de la société coloniale. Mais la solution ne viendra pas de l’État. C’est nous, les Calédoniens, qui devons transformer le modèle en intervenant dans la vie de tous les jours. Où sont les restaurants à Nouméa qui proposent une cuisine locale? Il faut bien chercher. Où peut-on entendre nos langues? Y a-t-il une double signalétique? En Bretagne, vous êtes bien placés pour savoir de quoi je parle.

Qu’attendez-vous du référendum?

C’est une étape importante, historique. C’est l’occasion de poser des jalons, de redéfinir les contours d’un nouveau statut, en dehors de la France ou avec elle. Il est important de poser une limite et de faire le bilan de ce qui a été fait, les réussites comme les échecs, pour déterminer les chantiers à ouvrir pour la culture kanak.

Êtes-vous optimiste sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie?

Le réveil de la culture kanak a eu lieu. Cette gangue dans laquelle on a voulu nous enfermer est en train de se fissurer pour nous. Maintenant, il faut qu’en face, ils fassent le même travail. Ça ne sert à rien de nous libérer si les autres Calédoniens restent enfermés dans des schémas coloniaux. On l’a vu pendant la campagne électorale. Les uns parlaient de business et de développement, les autres de dignité.

 

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Une note de notre ami Gilles Devers, avocat, spécialiste de droit international

Il y a un problème juridique sérieux avec le référendum.

La Nouvelle-Calédonie était occupée par un peuple, fait de tribus, d’origine mélanésienne depuis des millénaires. Après la « découverte » anglaise, l’ile a été annexée par Napoléon III en 1853, et la France a appliqué le code de l’indigénat (violation des droits personnels et confiscation des terres).

En 1946, le code a été supprimé. La Nouvelle-Calédonie est devenue un territoire d'outre-mer et les Mélanésiens des Français (sans la souche…)

Après bien des événements, vient ce référendum… Très bien, sauf qu’il est organisé dans le cadre de la constitution française, par le gouvernement français, et sous le contrôle du juge français !

Or, la question relève fondamentalement du droit international, et cette question a été évacuée de part et d’autre.

Dans son avis du 16 octobre 1975 sur le Sahara occidental, la Cour internationale de justice a clairement dit qu’un territoire habité ne peut être considéré comme un territoire sans maître (qu’un tiers pourrait s’approprier)

Pour le Sahara occidental, il s’agissait de nomades, pour la Nouvelle-Calédonie de tribus, mais dans les deux cas il y avait un peuple. Aussi l’appropriation française des iles  sur le mode d’inégalité des races de Ferry « le rôle des races supérieures est de civiliser les races inférieures » - n’a aucune valeur en droit international.

D’ailleurs, par la résolution 41/41 A du 2 décembre 1986, l’AG ONU a inscrit l’île sur la liste des territoires non autonomes (Art. 73 de la Charte, territoires à décoloniser).

C’est donc une question de décolonisation et de droit international. 

La référence est la résolution 1514 de l’AG ONU du 14 décembre 1960, dont je souligne l’article 5 :

5. Des mesures immédiates seront prises, dans les territoires sous tutelle, les territoires non autonomes et tous autres territoires qui n'ont pas encore accédé à l'indépendance, pour transférer tous pouvoirs aux peuples de ces territoires, sans aucune condition ni réserve, conformément à leur volonté et à leurs vœux librement exprimés, sans aucune distinction de race, de croyance ou de couleur, afin de leur permettre de jouir d'une indépendance et d'une liberté complètes.

http://www.un.org/fr/decolonization/declaration.shtml

C’est comme si le peuple du Sahara occidental demandait au Maroc d’organiser le référendum d’autodétermination...

Je ne souhaite en aucun cas m’impliquer dans les débats, mais je souhaitais vous adresser ces quelques remarques.

02.11.2018

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Ocean pacifique

  COLS BLEUS   Publié le 13 Février 2017 à 17:50   © Marine nationale

 

Le Pacifique… La moitié de la planète, un tiers de sa population, 60 % de son PIB, 50 % de son commerce. Un théâtre où se font face Américains, Chinois et Russes, un foyer de tensions (mer de Chine, Corée du Nord, terrorisme, narcotrafics…) devenu un nouveau centre de gravité stratégique (60 % de la flotte US y est stationnée, la Chine a doublé le nombre de ses bâtiments en 8 ans, 40 % des projets de sous-marins dans le monde concernent l’Asie du Sud-Est). Un espace dont la France est riveraine avec la Polynésie française, Clipperton, Wallis et Futuna et la Nouvelle Calédonie, soit 500 000 habitants(1) et 62 % de la zone économique exclusive (ZEE) nationale, tandis que 130 000 expatriés français(2) vivent en Asie-Pacifique.

Ces quelques chiffres donnent la mesure des enjeux et des responsabilités d’ALPACI qui les exerce sur trois niveaux.

En Polynésie, son action se concentre sur la protection des populations (catastrophes naturelles, sauvetage en mer…), l’affirmation de notre souveraineté (118 îles réparties sur une surface grande comme l’Europe) et la surveillance de la ZEE (5,5 millions de km2) intégrée à la zone maritime Polynésie française (22 millions de km² où s’exerce l’action de l’État en mer). En 2016(3), la Marine y a saisi 735 kg de cocaïne grâce au Prairial, permis le sauvetage de 57 personnes sur les quelque 239 secourues grâce au JRCC (Joint Rescue Coordination Center) et ses marins, survolé 275 navires de pêche aux abords de la ZEE dans le cadre d’opérations ciblées de police des pêches.

Avec les pays voisins (Cook, Kiribati, Pitcairn, Samoa, Tonga, Fidji…), en coordination avec les Forces armées en Nouvelle-Calédonie, ALPACI entretient une coopération régionale qui s’exprime notamment au travers d’accords multilatéraux avec nos partenaires américains, australiens et néo zélandais pour porter assistance aux pays insulaires du Pacifique en cas de catastrophe naturelle(4) (ex : La Moqueuse aux Fidji en mars 2016) et les aider dans la surveillance de leurs propres ZEE.

Sur le reste du Pacifique, ALPACI défend les intérêts français et les principes du droit international grâce à la présence de forces permanentes que la France est le seul pays européen à maintenir dans cette zone. En 2016, nos bâtiments ont ainsi affirmé à quatre reprises la primauté de la liberté de navigation en croisant en mer de Chine, mené deux missions de souveraineté à Clipperton et une contre les narcotrafics au large des côtes sud-américaines, touché 20 pays au cours de 27 escales, réalisé 11 exercices majeurs et 27 Passex, tandis qu’ALPACI a effectué 12 déplacements internationaux donnant lieux à 75 entretiens bilatéraux dans des forums tels que Chiefs of Defense Conference ou Western Pacific naval Symposium.

Dans le Pacifique aussi, la Marine est plus que jamais en action !

CA Denis Bertrand
Amiral commandant les forces maritimes françaises de l’océan Pacifique
Commandant supérieur des Forces armées de Polynésie française

 

 (1) Plus que Bruneï.

(2) Autant qu’en Afrique sub-saharienne.

(3) Chiffres au 15 novembre 2016.

(4) Accords FRANZ : France, Australie, Nouvelle-Zélande.

(5) Accords QUAD : France, Australie, Nouvelle-Zélande, États-Unis.

 

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Référendum sur l’indépendance en Nouvelle-Calédonie.
 Emmanuel Tjibaou  « La France n’assume pas sa décolonisation »

Emmanuel Tjibaou : « Les Bretons de Nouvelle-Calédonie ne sont pas les Bretons du Finistère, ce sont des Bretons d'ici. » | JEAN-MICHEL NIESTER / OUEST-FRANCE

Propos recueillis par Thierry RICHARD. Publié le 04/11/2018 à 08h19

Emmanuel Tjibaou dirige à Nouméa le centre culturel dédié à la culture kanak. Alors que la Nouvelle-Calédonie vote dimanche 4 novembre sur son indépendance, il revient sur la politique culturelle de la France face aux kanak. La Nouvelle-Calédonie vote ce dimanche 4 novembre sur son indépendance. Au cœur de ce scrutin, la culture kanak et son avenir. À Nouméa, Emmanuel Tjibaou dirige le centre culturel qui porte le nom de son père, Jean-Marie. Ouvert en 1998, l’établissement est dédié à cette culture. Entretien.

La culture kanak a-t-elle été menacée de disparition?

Oui, on peut même parler de processus d’extermination. Au début du XXe siècle, le maire de Nouméa prédisait qu’il n’y aurait plus de Kanak en Nouvelle-Calédonie dans les dix ou vingt ans. Je ne sais pas si c’est vrai, mais on a ce ressenti-là. Nos grands-pères ont dû attendre 1946 pour accéder au droit de vote et au confort minimal.

Comment s’est construit le réveil de la culture kanak?

Le renouveau culturel a émergé à partir de 1975, avec le festival Mélanésia 2000 organisé par mon père à Nouméa. Il avait pour objectif d’aider les Kanak à se réapproprier leur histoire, à prendre conscience de leur identité singulière au sein de la communauté calédonienne. Le message s’adressait aussi aux autres Calédoniens. Le dialogue entre les communautés suppose que les Européens fassent le deuil du discours colonial et reconnaissent le fait qu’ils se sont construits au contact de l’autre. Les Bretons de Nouvelle-Calédonie ne sont pas les Bretons du Finistère, ce sont des Bretons d’ici. Elle est là notre richesse.

Quelle est la raison d’être du centre culturel Tjibaou?

Les Kanak n’ont pas besoin de centre culturel. Quand je suis né, ça n’existait pas. En France, la culture est vue comme un bien de consommation. Ici, tu vis les choses. Le centre Tjibaou a été créé parce qu’il y avait besoin de passer par cette structure pour que l’autre nous prenne en considération. Avant, le seul organisme patrimonial qui s’attachait à représenter la culture kanak, c’était le musée de Nouvelle-Calédonie et ses objets traditionnels vieux de deux cents ans.

Vous n’aimez pas les musées?

Un musée, ça fige. Je ne veux pas que ma culture soit sous une cloche de verre et qu’on parle de moi à la troisième personne. Ça voudrait dire que j’ai été annihilé, annexé, intégré. Quel intérêt si c’est pour continuer à vivre chez nous comme des étrangers? Notre culture, notre identité, est en constante redéfinition. La réponse n’est plus dans les tribus. Il faut instaurer un nouveau dialogue avec les autres cultures, mais dans la ville, dans les quartiers. Il faut se nourrir des traditions pour créer et réinventer le patrimoine de demain. Il faut être au contact du réel, se nourrir du graff, du hip-hop.

La culture kanak est-elle aujourd’hui mieux reconnue?

Le regard des autres a changé sur nous et nous avons changé notre regard sur nous-mêmes. On n’a plus honte de témoigner de ce qui fait notre force. Mais c’est difficile encore. On a voulu nous enfermer dans un prisme, celui des réserves et des tribus. À nous de montrer qu’on a une place dans la ville. Ce n’est pas encore gagné. Essayez de trouver à Nouméa les signes qui font de cette ville une ville océanienne et non pas un quartier de Nice ou de Montréal. C’est la question qu’on doit se poser au bout de trente ans. A-t-on vraiment dialogué? La société s’est-elle transformée?

Quelle est votre réponse?

Moi, je dirais qu’il y a encore du chemin à faire. Le plus dur ce n’est pas de financer des équipements, c’est de changer les mentalités. Qu’est-ce qu’on a fait en trente ans? Les langues océaniennes sont-elles enseignées à l’école? Est ce qu’on apprend l’histoire des Événements? À la télé, la culture kanak est invisible. On a essayé de faire des quotas pour favoriser l’emploi des Kanak. Mais, au lieu d’aller faire les meilleures écoles en Australie, on nous apprend surtout à être de bons Français, c’est ça le danger.

L’accord de Nouméa visait à construire un «destin commun» entre les différentes ethnies. Est-on sur la bonne voie?

Parler de destin commun, ça voudrait dire qu’on partage une volonté de vivre ensemble. Mais tant qu’on reste exclu de la société, comment peut-on penser qu’on va cheminer ensemble? Pour dialoguer, il faut être deux et s’entendre sur ce vers quoi on veut aller. Le destin commun, ça veut dire aussi qu’on partage une histoire, qu’on partage un rapport à l’autre. Ici, les gens ne parlent pas les langues kanak, ça ne les intéresse pas. Par contre, ils nous imposent à nous les Kanak de parler français.

La colonisation aurait-elle laissé des traces?

La France a du mal avec son histoire. Elle n’assume pas sa colonisation, encore moins sa décolonisation. Un exemple. Ma tribu, à Tiendanite, a fait une demande d’agrandissement. Mais on nous demande de justifier. Combien de personnes, pour faire quoi, quels projets de développement? Personne ne nous avait demandé l’autorisation quand nos terres nous ont été prises de force! Aujourd’hui, on veut nous imposer un modèle occidental en nous enfermant dans des projets de développement. On ne pourrait pas juste vivre simplement, en ayant un peu à manger, un peu à boire, sans polluer la nature?

Quels progrès restent à faire?

Il y a encore des progrès à accomplir en termes d’éducation pour faire le deuil de la société coloniale. Mais la solution ne viendra pas de l’État. C’est nous, les Calédoniens, qui devons transformer le modèle en intervenant dans la vie de tous les jours. Où sont les restaurants à Nouméa qui proposent une cuisine locale? Il faut bien chercher. Où peut-on entendre nos langues? Y a-t-il une double signalétique? En Bretagne, vous êtes bien placés pour savoir de quoi je parle.

Qu’attendez-vous du référendum?

C’est une étape importante, historique. C’est l’occasion de poser des jalons, de redéfinir les contours d’un nouveau statut, en dehors de la France ou avec elle. Il est important de poser une limite et de faire le bilan de ce qui a été fait, les réussites comme les échecs, pour déterminer les chantiers à ouvrir pour la culture kanak.

Êtes-vous optimiste sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie?

Le réveil de la culture kanak a eu lieu. Cette gangue dans laquelle on a voulu nous enfermer est en train de se fissurer pour nous. Maintenant, il faut qu’en face, ils fassent le même travail. Ça ne sert à rien de nous libérer si les autres Calédoniens restent enfermés dans des schémas coloniaux. On l’a vu pendant la campagne électorale. Les uns parlaient de business et de développement, les autres de dignité.

 

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19 octobre 2018 5 19 /10 /octobre /2018 10:10

Bulletin n° 378- semaine 42 - 2018

Voyage initiatique dans la tribu des SMART

Chacun peut découvrir son existence dans diverses publications classiques ou sur l’Internet qui émanent soit de collectivités territoriales, soit d’entreprises publiques (de moins en moins nombreuses) ou privées. SMART et le nom générique des territoires et activités de la tribu. La tribu organise également des portes ouvertes couteuses bien que gratuites (qui finance ?). Elle offre ainsi l’occasion à l’observateur attentif d’en dessiner la cartographie et d’en apprendre des rudiments de langage.

Parlez vous le SMART ?

Du Smartphone à la SMARTCITY en passant par le SMARTPORT les SMART fleurissent dans la langue de la COM. Il ne semble pas que SMART soit une marque déposée, protégée par l’INPI ou ses équivalents internationaux ou obéissant à quelque norme  ISO internationale non plus que d’un label attribué à des franchisés.

Il s’agit donc d’un signe auto-attribué et autoproclamé  de distinction au sens où l’entendait Bourdieu. Ceux qui l’utilisent en France le traduisent volontiers par INTELLIGENT. Voire.

SMART est à l’origine un adjectif anglais qui offre un très large spectre de sens autour d’une image centrale d’élégance et de brio mais qui veut aussi dire habile  voire, extrémité noire du spectre,  roublard ou retors. SMART présente bien, est brillant en société.

Qui veut traduire INTELLIGENT en anglais aura le choix entre intelligent, bright, clever, brainly mais devra éviter SMART, il convient de préférer le fond à l’apparence.

Une fois arrivé sur le territoire des SMART qui ouvrent volontiers leurs portes aux curieux et déjà alerté par ce premier détournement de sens on se met à l’écoute de ses habitants. A l’intérieur d’une syntaxe qui demeure française se niche un lexique SMART, sorte d’uniforme langagier qui distingue les CITIZEN SMART (clin d’œil à Orson Welles) des autres. Ce lexique regroupe une série de substantifs et de qualificatifs pour partie en langue anglaise pour partie en langue française mais en les détournant de leur signification courante.

Quelques mots-clés :

START UP ces entreprises nouvelles conformément au sens courant en anglais sont plutôt émergentes au sens boursier du terme constituent autant de villages SMART et mériterait s’il n’était phonétiquement trop redondant le titre de SMART-UP. Remarquez au passage la puissance phonétique des deux mono syllabes cousins SMART et START bien adaptés au prêche. Mais attention toutes les entreprises nouvelles ne sont pas des START UP, le jeune couple qui dans votre quartier crée une SARL pour ouvrir une boutique de fleuriste n’est pas des leurs  à moins de mettre sur le marché des bouquets artificiels fabriqués avec une imprimante 3D et livrés par un drone.

            INCUBATEUR : Les START UP peuvent naitre dans de maternités SMART spéciales nommées incubateurs ou bien y être accueillies et choyées dans leur plus jeune âge. Il est cocasse de constater  que l’incubation terme médical attribué à la période s’écoulant entre la contamination et la déclaration de la maladie est ici vue très positivement pour désigner des naissances incertaines (tout nouveau né est fragile) mais prometteuses du point de vue de la création d’une nouvelle source de profit. Le profit serait-il une maladie ? Etrange renversement de sens à moins que le spectre de la baisse tendancielle ne hante les nuits des SMARTIENS.

VALEUR : les CITIZEN SMART n’entretiennent pas la confusion si fréquente chez les politiques : « nos valeurs » « les valeurs démocratiques »  « les valeurs européennes » etc. Ce mot, blason des classes dirigeantes, mis  à toutes les sauces et dans lequel elles drapent un port qui se veut césarien. Non Il s’agit bien pour ces entreprises capitalistes adolescentes de la valeur boursière ou de la valeur ajoutée, assiette de l’impôt. Créer de  la valeur c’est gagner de l’argent en vendant un nouveau produit .L’avantage du caractère apparemment impersonnel de l’expression est de laisser croire qu’il s’agit d’ajouter à la prospérité collective alors qu’il s’agit au contraire d’une « charité » très bien ordonnée…

CONNECTIVITE : Que ce soit via internet, la 2, 3, 4 ou 5G, la fibre optique les CITIZEN SMART sont hyper-connectés avec ce qu’il faut de cryptage et de protection des données (pour éviter tout « détournement » de « valeur » (voir plus haut)

ECOSYSTEME : Pour les CITIZEN SMART un écosystème est une ensemble de partenaires : clients, fournisseurs banquiers, chambres de commerce, consultants,  chercheurs, organismes de recherche développement, distributeurs publics de subventions comme les collectivités territoriales, fondations, établissements publics, bref tout ce qui va faciliter la « création de valeur » en mettant des moyens matériels ou financiers sur la table.

Curieux glissement sémantique : ces écosystèmes sont des réseaux de  groupes et d’institutions humaines SMART COMPATIBLES et SMART BIENVEILLANTS  sans rapport avec la biosphère mais installés dans un espace géographique particulier qui permet malgré les immenses capacités de connectivité mises en œuvre par les groupes SMART la rencontre physique des leaders SMART. Dans les graphiques illustrant les réseaux ceux-ci sont  installés dans les HUBS, en anglais moyeu de la roue, en SMART nœud principal du réseau avec accès direct à tous les membres. Dans les écosystèmes SMART la biodiversité est pauvre et l’espèce des SMART a tendance à ne pas se préoccuper des autres espèces vivant sur le même territoire et à ne pas se préoccuper de l’éventuelle disparition de certaines d’entre elles : ouvriers, artisans, retraités, sdf. En fait les CITIZEN SMART chassent en meute mais ce sont des loups déguisés en moutons.

DISRUPTIF : simple francisation de l’adjectif anglais Disruptive il était jusqu’à présent peu utilisé soit par les physiciens pour qualifier des phénomènes consécutifs à un court circuit électrique soit métaphoriquement voir citation de Bergson « Que l'instinct primitif subsiste, qu'il exerce une action disruptive, cela n'est pas douteux. On n'a qu'à le laisser faire, et la construction politique s'écroule (Bergson, Deux sources, 1932, p. 294). » Le Littré ne lui consacre que trois lignes. Les CITIZEN SMART s’en sont récemment emparés. L’icône de la disruption est Steve Jobs le fondateur d’Apple qui crée une disruption dans le marché des ordinateurs et des téléphones portables. L’exemple est éclairant : ce qui est en jeu c’est la capture d’une fraction d’un marché en expansion rapide. Alors que tous les autres fabricants se battent à coup de rabais pour la vente de produits techniquement analogues, la pomme se fabrique grâce à une innovation technologique brevetée une citadelle commerciale. Sans le droit des brevets  droit typiquement capitaliste  puisque congénital à la propriété privée des moyens de production, la citadelle tomberait. Le disruptif n’est pas un révolutionnaire et reste dans les limites acceptables de l’économie oligopolistique.

BENCHMARKING : Quand un groupe de la tribu  SMART nourrit un projet « créateur de valeur » elle n’oublie pas qu’elle évolue dans un monde concurrentiel. Il va donc comparer son projet à d’autres du même type pour s’assurer de sa viabilité capitaliste.  Cela s’appelle chez eux le Benchmarking. Quand vous allez au marché et que vous compares le prix des pommes sur les différents étals vous pratiquez le Benchmarking sans le savoir. Bien sur vous pouvez affiner vos critères pour la comparaison : variétés pour croquer, pour  la compote, pour la tarte tatin, pour les pommes au four, bio ou pas, d’origine régionale ou lointaine. Mais vous êtes toujours dans le benchmarking.

La Doctrine SMART

Une fois éclairé sur ces quelques exemples le langage de la liturgie SMART, la question se pose inévitablement de découvrir la doctrine sous jacente, le ciment idéologique de la tribu. Elle existe et dans les rassemblements publics que les SMART organisent il y a toujours un grand prêtre pour la faire partager, pour rappeler ce qu’en économie on appelle les fondamentaux. Là, nulle casuistique, nulle subtilité byzantine. Lisez plutôt (phrase notée à l’occasion d’un évènement SMART public) : « le XX° siècle a été celui des Etats-Nations, le XXI° siècle est celui des métropoles connectées. » Vous qui vous préoccupez de la fracture numérique, des départements où il n’y a plus d’hôpitaux, des villes minières mourantes, vous êtes des attardés déposés mal en point sur la grève par le reflux de la vague du XX° siècle et de ses Etats-providence.

Le XXI° siècle est pour les CITIZEN SMART celui des métropoles interconnectées au reste du monde (aéroports, TGV, câbles, fibre optique, Wifi à tous les étages comme l’eau et le gaz au siècle passé) toutes reliées entre elles mais toutes concurrentes pour le plus grand bien du capital monopoliste transnational et de ses bourgeoisies  SMART  dopées aux START- UPS. Un seul Etat s’est vu qualifier de START UP NATION  (voir le livre de Dans Senor et Saul Singer publié en 2009 qui porte ce titre) c’est Israël. Les palestiniens et tous ceux qui les soutiennent apprécieront. Le macronisme s’inspire évidemment mais avec dix ans de retard de cette idéologie étique (laissons l’éthique à Paul Ricœur).  Oublions ces Etats qui s’efforcent encore tant bien que mal, face à un mécontentement sensible, de maintenir une certaine égalité entre les citoyens pour l’accès aux services collectifs de base. Dissolvons ces structures archaïques dans le grand bain  acide du capital mondialisé et connecté.

Dans cette démarche patente l’enrôlement des collectivités publiques locales est un impératif. Il faut leur faire oublier la pingrerie orchestrée de leur Etat central (lui-même encagé volontaire par les traités européens) et  laisser miroiter des trésors d’investissement et de financement. Le  partenariat public privé,  le fameux PPP, est l’outil privilégié de cette soumission. Le narcissisme de l’élu local est satisfait, il va couper des rubans où le tricolore cache de moins en moins le logo des sponsors, le constructeur partenaire ne prend aucun risque,  la banque s’engraisse, le contribuable, grisé d’inaugurations,  paiera cher l’addition, beaucoup plus tard.

***

Au sortir de cette brève visite dans cet étrange village revient nécessairement à l’esprit le très grand travail conceptuel de Samir Amin sur la relation centre-périphérie. Cette relation qu’il a abondamment illustrée en examinant le rapport Centre capitaliste mondialisant (Etats-Unis, Europe occidentale, Japon) et périphérie néo colonisée (aujourd’hui partiellement en voie d’émancipation) est à l’œuvre aujourd’hui à l’intérieur même des pays développés et dans nos villes. Il y a en France un centre (Paris) et les quelques relais métropolitains qu’il a choisis et des périphéries (territoires ruraux, petites villes, départements désindustrialisés et désertifiés) et  dans chaque grande ville ou métropole il y a un « CENTRE » connecté – pas nécessairement le centre historique  ils peuvent préférer,  grâce à des plans locaux d’urbanisme habilement susurrés à l’oreille des « décideurs » coloniser des secteurs où le foncier est moins cher - où les CITZEN SMART vont se regrouper et des périphéries où s’exerce depuis des décennies avec peine et sans grande réussite  la « politique de la ville », pauvre calmant déversé sur des plaies profondes.

 

 

 

 

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5 septembre 2018 3 05 /09 /septembre /2018 11:19

A L’INVITATION DE COMAGUER

ANNIE LACROIX-RIZ PARLE DU COUP DE PRAGUE

SUR RADIO GALERE

 

Cette longue interview, réalisée le 14.08.2018, replace le « coup de Prague » (février 1948) dans son contexte historique et remet radicalement en cause la présentation «occidentale » quasi exclusive de l’évènement.

L’enregistrement intégral est disponible dans les archives COMAGUER sur

www.radiogalere.org/station/archives/138

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17 août 2018 5 17 /08 /août /2018 14:07

14 AOUT, A GENES L’AUTOROUTE S’ECROULE.

16 AOUT, A MILAN LE COURS DE L’ACTION BENETTON S’EFFONDRE.

QUEL RAPPORT ?

***

L’actualité  s’est chargée toute seule de fournir le sujet sensationnel et spectaculaire apte à combler le  grand creux médiatique annuel du 15 Aout. Pour le reste reportez-vous, comme on dit, « à votre quotidien habituel ».

Aujourd’hui la bourse de Milan a rouvert ses portes après la trêve du 15 Aout. L’action du groupe ATLANTIA gestionnaire de l’autoroute  de la catastrophe s’est effondrée.

En Italie, comme en France, le réseau national d’autoroutes a été découpé en morceaux et privatisé au début des années 2000 dans le grand mouvement de dépeçage des biens nationaux auquel a présidé en France le gouvernement Jospin.

Le groupe ATLANTIA est peu connu en France car les gros du BTP français : Vinci, Eiffage et Bouygues avaient gardé pour eux la poule aux œufs d’or des autoroutes françaises et il n’a aujourd’hui qu’une participation dans la SANEF (autoroutes du nord et de l’Est de la France) et dans le tunnel sous la Manche. Il gère  les aéroports de Nice et de Cannes et la partie italienne du tunnel du Mont Blanc. Par contre il s’est « globalisé » au Brésil, en Pologne, en Inde au Chili.

Il est en fait le nouvel avatar du groupe capitaliste familial italien BENETTON. Le montage d’ATLANTIA est complexe mais il permet par le biais de sociétés intermédiaires off shore à l’actionnaire minoritaire BENETTON de prendre le contrôle complet d’un immense groupe.

Ce mécanisme qui concerne l’ensemble du grand capital italien a été remarquablement décrit voici plus de dix ans par l’économiste italien VLADIMIRO GIACCHE (voir « La chaloupe du Titanic » texte joint). L’important est de savoir que le taux de profit moyen dans la confection est de 7% alors que dans la gestion d’autoroutes construites sur fonds publics  il est de 17%.

Evidemment pour parvenir à ce niveau de rentabilité, il faut serrer sur tous les postes budgétaires à commencer par la maintenance. L’obsolescence des viaducs en béton est connue mais bien sûr pas au jour prés, pas à la semaine prés. Alors on tire sur la corde, les actionnaires attendent les 17% annoncés et prendraient la fuite s’ils n’étaient pas versés. Ils ont commencé dés aujourd’hui.  

A Gênes le Capital qui a vampirisé les biens de la nation a tué. Il tuera encore si la Nation ne reprend pas la maitrise des grandes infrastructures. Ceci vaut pour toutes les nations capitalistes. La bataille qui s’annonce entre le gouvernement italien qui a suspendu la concession d’ATLANTIA  sera féroce car ce qui est en cause n’est rien moins qu’un renversement du rapport des forces établi depuis une vingtaine d’années dans ce secteur d’activité des grandes infrastructures : autoroutes, chemins de fer, production et distribution d’électricité, ports et aéroports entre le grand capital et les gouvernements des principaux pays capitalistes. Les citoyens qui les ont élus ont payé avec leurs impôts la construction des infrastructures, ont ensuite engraissé les gestionnaires privés en payant des péages ou des tarifs excessifs destinés plus à satisfaire les appétits des actionnaires qu’à la maintenance. C’est la grande spoliation.

 

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