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30 juin 2016 4 30 /06 /juin /2016 22:15

LARZAC

L’histoire globale s’écrit sur le causse ou éloge de l’improbabilité

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Temps 1 (le plus connu)

    Quand le gouvernement de Michel Debré décide d’étendre le camp militaire du Larzac il ne peut pas imaginer les conséquences de sa décision. Porter la superficie d’un vieux camp militaire ouvert en 1900 de 3000 hectares à 17000 hectares, c’est effectivement prévoir l’expropriation totale ou partielle de 103 paysans dispersés dans des exploitations petites ou moyennes, familiales pour la plupart. Il ne peut pas imaginer un seul instant que cette paysannerie très catholique qui vote traditionnellement à droite va basculer dans une sorte d’irrédentisme protestant si vivant dans les monts cévenols tout proches. Il le peut d’autant moins que le pouvoir gaulliste, Michel Debré en tête, s’est servi du camp du Larzac pour enfermer en toute discrétion, voire en toute illégalité, des centaines voire des milliers de militants algériens pendant la guerre d’indépendance et qu’aucune réaction locale n’a été enregistrée contre cette activité dont l’histoire en profondeur est à faire en utilisant les archives officielles aujourd’hui ouvertes. Mais la société française s’est transformée depuis 1962. Les jeunes paysans du cru ont souvent fréquenté la Jeunesse agricole chrétienne et ont subi l’influence des courants catholiques progressistes apparus au moment de Vatican II et de nouveaux venus se sont installés trouvant là des terres libres et des occasions pour certains d’entre eux d’un retour à la campagne si prisé et multiforme après 1968. Le coup de force du pouvoir va les rassembler. La défense de l’outil de travail est évidemment fédératrice et va déboucher sur le serment des 103 : Unis nous garderons nos terres ce qui se traduit par le slogan repris tant de fois DE GRE DE FORCE NOUS GARDERONS LE LARZAC. Le syndicalisme agricole officiel (FDSEA et indirectement la FNSEA) très légaliste et respectueux des pouvoirs en place ne peut ignorer cette position. Pourtant, au début de la lutte, le pouvoir d’Etat, les notables locaux, l’épiscopat (évêque de Rodez) peuvent imaginer réduire cette résistance très localisée. Deux autres évènements vont alors se produire :

    - Le soutien de la CFDT locale puis régionale à cette lutte paysanne qui prend pas surprise   tant  la CGT que le Parti Communiste qui considéraient cette petite paysannerie comme une classe sociale soumise à la fois aux gros exploitants céréaliers maitres de la FNSEA et à le grande bourgeoisie au pouvoir. Ce soutien prendra des formes concrètes dans les deux sens : participation des militants syndicaux de Millau aux actions des paysans, soutien matériel des paysans aux ouvriers millavois en grève et prendra une forme symbolique d’importance nationale et même au-delà dans l’alliance des ouvriers de LIP et des paysans du Larzac.

    - L’écho rencontré dans la jeunesse « soixante-huitarde » qui est très critique sur le militarisme et le colonialisme français en même temps qu’elle est très réceptive au mouvement international contre la guerre du Vietnam très vigoureux jusqu’à la défaite des Etats-Unis. Dés lors lutter contre l’extension du camp militaire c’est en même temps lutter contre les guerres coloniales, contre l’armée de conscription (les comités de soldats apparaissent), contre les ventes d’armes, contre l’impérialisme…

Cette convergence va déboucher sur la création dans de nombreuses villes de France de COMITES LARZAC dont l’objectif central est le soutien à la lutte des paysans contre l’extension du camp militaire mais qui cristallisent localement des courants contestataires très divers : non-violents, antimilitaristes, objecteurs de conscience, anti colonialistes, écologistes, militants anti nucléaires… Parallèlement la période est marquée par la montée en puissance du nouveau parti socialiste qui après la courte défaite de Mitterrand en 1974 s’achemine vers la victoire aux présidentielles de 1981 Le PS ne peut que tenter de rallier toutes les oppositions, aussi diverses soient-elles, au camp du Larzac puisque du point de vue électoral l’opposition à l’extension du camp militaire est une opposition à une décision prise sous Pompidou que Giscard approuve et va continuer à faire passer dans les faits. Bien que chahuté au rassemblement de 1974 auxquels sont présents des militants algériens et français qui n’ont pas oublié le Mitterrand Algérie française des années de guerre, il prend l’engagement de mettre un terme au projet d’extension s’il est élu et grâce à ce positionnement le PS prend place dans la représentation politique locale jusqu’alors dominée par la droite et une droite nostalgique de la colonisation. Malgré des réformes formelles, on dirait aujourd’hui sociétales, droit de vote à 18 ans, droits des femmes, Giscard poursuit une politique impérialiste dure en Afrique et une politique nucléaire - dure elle aussi , un manifestant mort à Malville - qui met la France en position de leader mondial pour la production d’électricité d’origine nucléaire avec des centrales à eau pressurisée sous brevet étasunien et donc dans sa majorité le mouvement de soutien au paysans du Larzac y compris la CFDT confédérale, ne peut que basculer dans le camp du PS.

 

Temps 2 (de 1981 au milieu des années 1990)

    Juin 1981, Mitterrand sitôt élu remercie tous ses électeurs « post-soixante huitards » en prenant très vite deux décisions conformes à ses promesses : annulation du projet d’extension du camp du Larzac et abandon du projet de centrale nucléaire de Plogoff. L’état de grâce sera de courte durée : le discours anticolonialiste de Jean-Pierre Cot disparaitra dés qu’il sera exclu du gouvernement et comme en 1947 les 4 ministres communistes seront bientôt mis à la porte du gouvernement. Pour autant sur le terrain le démontage de l’extension du camp s’organise : l’Etat met un terme aux expropriations et restitue les terres vendues à l’amiable à l’armée à une structure de gestion foncière originale et unique en France la SCTL (voir annexe). Dans ce cadre s’installent sur le plateau de nouveaux paysans et de nouveaux habitants issus de la mouvance de la lutte et qui sont porteurs de projets artisanaux, culturels innovants. Le climat est à la fois à l’apaisement, le pouvoir central est amical et l’habitude prise des débats collectifs trouve à s’exprimer sur quantité de projets collectifs. Outre la SCTL plusieurs structures y contribuent APAL, GFA, journal Gardarem lo Larzac. Les dirigeants de la lutte paysanne retournent comme on dit à leurs moutons après dix années d’activisme militant ininterrompu. Le Larzac, où continuent de se dérouler activités et des rencontres rares, comme celle des kanaks en lutte pour le respect de leurs terres ne fait plus la une de l’actualité.

 

Temps 3

     Même s’il n’existe pas une coupure franche la disparition ou le départ du plateau de plusieurs paysans animateurs de la lutte et la mort de Mitterrand amorcent un tournant et, à travers divers évènements, le Larzac, avec de nouvelles figures emblématiques comme celle de José Bové, devient un haut lieu d’une nouvelle forme de syndicalisme agricole incarnée dans la Confédération paysanne, héritière à la fois des Paysans travailleurs et du mouvement écologiste et de l’altermondialisme. Les temps forts de cette période sont connus et bien que la Confédération paysanne et le mouvement altermondialisme soient largement implantés hors du Larzac et sans liens organiques très étroits, surtout pour ce qui concerne l’altermondialisme, avec l’ensemble des habitants du plateau, leur écho médiatique à travers la personne de José Bové trouve sa vigueur dans le souvenir bien vivant de la lutte contre l’extension du camp militaire. Le démontage d’un Mac Do dans n’importe quel coin de France n’aurait jamais eu l’écho qu’a eu celui de Millau s’il n’avait pas été mené par quelques larzaciens au pied du causse. Cette période verra de nouveaux rassemblements de masse le premier à Millau en 2000, le second sur le Larzac en 2002. Mais jusqu’à cette année là la droite contrainte à la cohabitation de 1997 à 2002 n’est pas assez assurée de sa domination politique sur la France pour pouvoir laisser s’exprimer ceux qui dans l’Aveyron et dans les profondeurs de l’armée française n’ont pas digéré la victoire des paysans et le rôle des contestaires, gauchistes et autres anti-colonialistes. En même temps la mouvance altermondialiste muette sur la question de la prise de pouvoir , décentralisatrice, sociologiquement petite bourgeoise et peu présente dans le monde ouvrier voire en opposition avec celui-ci ( faut-il fermer les usines polluantes ? ce type de débat sera rarement maitrisé dans la recherche de solutions populaires majoritaires ) ne présente pas un réel danger et constitue un réservoir de voix pour le PS pour les seconds tours d’élections.

Cette gauche altermondialiste va même jusqu’à manifester une réelle incompréhension des enjeux politiques globaux quand l’impérialisme US se met, après les attentats du 11 Septembre , à affirmer militairement sa domination mondiale et au lieu de prendre part à la grande campagne mondiale anti-guerre contre la guerre d’Irak, elle se réfugie, au moins par la voix de ses leaders proclamés et reconnus, dans la position ponce pilatienne « NI BUSH –NI SADDAM » laissant se perpétrer le massacre , toujours en cours, de l’Irak et de sa population. Effectivement les armes de destruction massive qui sont entre les mains de Bush et pas de Saddam Hussein font mourir comme le scandaient justement les militants Larzac de 1974. Ce glissement des verts et des altermondialistes dans le camp impérialiste sera particulièrement spectaculaire en Allemagne où Joschka Fischer devient un ministre des Affaires étrangères particulièrement belliqueux. Daniel Cohn-Bendit suivra le même chemin

 

Aujourd’hui

    L’échec de José Bové aux présidentielles de 2007 est révélateur de l’épuisement de ce courant et de sa satellisation par le PS. La lutte contre les OGM ne constitue pas à elle seule un programme politique et alors que Sarkozy puis Hollande retrouvent les chemins maudits du colonialisme français et multiplient les interventions militaires à l’étranger le Larzac semble rester silencieux. L’envie de revanche peut donc prendre corps.

Dés 2013, le gouvernement Ayrault, pour tranquilliser les paysans du Larzac, décide la prolongation des baux de la SCTL jusqu’en 2083. « Dormez en paix il n’y aura pas de nouvelle extension du camp pas de nouvelles expropriations ».

Pendant ce temps Jean Yves Le Drian, fidèle parmi les fidèles de Français Hollande avec qui il a rédigé l’ouvrage lapsus « La gauche bouge » lapsus au sens de : « plus elle bouge plus elle va à droite » prépare une surprise. Le camp du Larzac qui, depuis 1981, n’était utilisé que pour de brefs stages de tir d’unités de passage va être modernisé et va s’y installer à demeure une unité célèbre de la légion étrangère : la 13° Demi brigade de la légion étrangère qui n’avait jamais stationné sur le sol français, a participé à tous les combats extérieurs coloniaux et néocoloniaux de la République française et dont l’effectif va être porté à 1200 hommes.

L’annonce surprise, l’été 2015, de cette installation ne peut pas cacher une décision probablement prise dés l’arrivée de Le Drian au ministère de la Défense Nationale. Hollande entame sa première guerre – au Mali – en Janvier 2012 et il faut préparer des unités comme la 13° DBLE aux guerres spéciales dans des lieux éloignés et dans des situations politiques chaotiques en espérant que la triste expérience d’un autre régiment de la Légion le 1er REP (régiment étranger de parachutistes) dissous en 1961 pour participation au putsch d’Alger ne se renouvelle pas. Cette politique qui doit ravir tous les tenants encore vivants de la FRANCAFRIQUE et tous les nostalgiques de l’empire déplait sur le Larzac.

Le moment du retour aux sources des années 71/73/ 74 est venu. Une nouvelle fois, comme en 1971, les habitants du Larzac se trouvent face au défi de faire basculer, à quelques uns, par la seule force de leurs convictions collectives, par leur justesse, par leur profondeur humaine, par l’intelligence démonstrative de leurs actions et en puisant dans les trésors de leur mémoire militante une opinion publique très large fatiguée du mensonge et du mépris du pouvoir et de formuler, comme à partir de 1971, une ligne juste contre le néocolonialisme/néomilitarisme irrespectueux des peuples acceptée majoritairement par la seule force de l’exemple, en dehors des grands appareils politiques, syndicaux et médiatiques.

 

C’est le moment !

 

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Société Civile des Terres du Larzac

 

Depuis plus de 30 ans, les terres arrachées à l’extension du camp militaire du Larzac sont gérées par les paysans eux-mêmes. Expérience pionnière, elle a permis d’augmenter le nombre d’installations agricoles. Une expérience pilote La création de la Société Civile des Terres du Larzac (SCTL) et la mise à disposition des terres du Larzac par l’Etat au paysans et habitants du plateau le 29 avril 1985 a permis d’officialiser la fin de la lutte contre l’extension du camp militaire suite à l’annonce de l’arrêt de ce projet par le Président de la république François Mitterrand en juin 1981.

La gestion de la SCTL

Par la formule originale du bail emphytéotique entre l’Etat et la Société Civile des Terres du Larzac la sécurité de l’utilisation de l’espace à des fins agricoles et pacifiques est assurée pour une durée de 99 ans. Grâce à ce transfert de responsabilité, la Société Civile des Terres du Larzac assure toutes les charges de propriétaire, à l’exception du droit de vendre. La Société Civile des Terres du Larzac constituée de tous les fermiers et résidents est administrée par un conseil de gérance de 11 membres. Il attribue les exploitations, fixe les montants des baux ruraux et élabore les règles de gestion entre les différents usagers du foncier (agriculture, chasse, tourisme, etc.). Par son implantation géographique sur 12 communes, elle est un des outils de l’aménagement du territoire avec les mairies, le Parc régional des grands causses et les associations. Menée depuis 28 ans, l’expérience de ce « laboratoire foncier » comme l’imaginait Bernard Lambert, est unique en France. Conformément à l’acquit du vécu de la lutte (1971/1981), les habitants du Larzac ont prouvé que la gestion collective de l’usage de la terre était non seulement souhaitable mais possible à une grande échelle. En permettant de revitaliser les fermes (+ 25% de paysans), de favoriser l’installation en fermage avec des baux de carrière, la Société Civile des Terres du Larzac préfigure les outils qui pourraient voir le jour pour lutter contre la désertification et/ou l’artificialisation des terres.

Historique

• 29 novembre 1984 : Assemblée générale constitutive de la S.C.T.L.

• 29 avril 1985 : Signature du bail emphytéotique entre l’Etat et la S.C.T.L.

• 1985 : Inventaire et classement des terres

• 1985 / 1986 : Signatures des baux ruraux de carrière ou à long terme avec les agriculteurs, et prêts à usage avec les non agricoles, signature des baux de chasse

• 1986 / 2003 : Mise au point de la valeur d’usage des maisons d’habitation ; Participation à la création de nouveaux outils de gestion collective du foncier

• 2005 : Gestion forestière : restitution du programme Acta de l’étude sylvo-pastorale

• 2010/2011 : Projet de création filière bois : travail de partenariat Etat – communes Millau, St Affrique – Parc naturel régional des grands causses – Région Midi-Pyrénées.

• Avril 2013 : Création de l’association les bois du Larzac, association de préfiguration pour la mise en place d’une société de gestion du bois (FSE, Adefpat, Région Midi-Pyrénées, PNR Grands Causses)

• Juillet 2013 : Signature de l’avenant du bail emphytéotique pour une durée de 38 années jusqu’au 30 avril 2083.

Patrimoine foncier Implantée sur le territoire de 12 communes et 4 cantons de l’Aveyron. Superficie gérée : 6 378 hectares Parcours : 3 397 hectares / 53,25 % Terres labourables : 816 hectares / 12,80 % Bois pacageables : 2 157 hectares / 33,82 % Bâti : maisons et exploitations : 8 hectares / 0,13% Gestion immobilière 56 baux ruraux dont 20 fermes avec siège d’exploitation 28 prêts à usage (mise à disposition de bâtiments pour des non-agriculteurs) 11 baux de chasse signés avec des associations communales.

Les atouts de la SCTL Parmi les nombreuses réalisations de la SCTL, quatre sont plus significatives :

• les baux de carrière ou bail à long terme

• les prêts à usage • le calcul de la valeur d’usage

• les baux de chasse

• les baux de carrière Seuls 0,5 % des agriculteurs en France bénéficient de baux leur garantissant de pouvoir rester sur leur exploitation jusqu’à l’âge de la retraite.

 

La SCTL a fait le choix d’accorder à tous ses fermiers cette sécurité indispensable pour pouvoir accomplir correctement son activité professionnelle. Contrairement à la majorité des biens loués en Aveyron, toutes les parcelles de terre, lande ou bois pacageable (6 300 ha) ont été expertisées conjointement par les agriculteurs, la D.D.A.F, la SAFALT et la Chambre d’agriculture, afin de déterminer leur valeur agronomique. Cette opération a permis de déterminer des valeurs locatives justes et acceptées par tous en dehors de toute spéculation ou de toute pression. Les prêts à usage Pour le patrimoine bâti n’ayant aucune vocation agricole, la SCTL a utilisé une forme de contrat peu connu : le prêt à usage. Vu l’état d’abandon extrême de la majorité de ces bâtiments, toute location était impossible. Par cette forme de prêt, la SCTL met gratuitement à disposition le bien avec obligation pour le bénéficiaire de restaurer. A son départ il sera indemnisé par son successeur, selon le principe de la valeur d’usage, des travaux effectués. Le calcul de la valeur d’usage La grande dégradation de nombreux bâtiments abandonnés depuis plusieurs dizaines d’années pour certains, nécessitait des travaux importants de restauration voire de reconstruction. Le souci constant de la SCTL était de permettre la réhabilitation du patrimoine tout en garantissant à celui qui en était l’auteur, de pouvoir retrouver le fruit de son travail à la fin de son bail. La SCTL ne pouvait investir, ses seules rentrées financières, le montant des fermages, ne le permettaient pas. Ce sont donc les fermiers ou les bénéficiaires des prêts à usage qui réalisent entièrement les travaux. Cette situation a obligé la SCTL à imaginer un système d’indemnisation : la possibilité pour les usagers de retrouver le montant investi dans la restauration de(s) bâtiment(s) déduit de la vétusté. Par ce calcul d’indemnisation, tout locataire est encouragé à investir sans crainte de le faire en pure perte comme cela est trop souvent malheureusement le cas ailleurs. Suite à une demande de l’association « Terre de liens » qui publie un document sur la transmission des fermes, la SCTL répond aux questions et présente son retour d’expérience sur le principe de calcul de la valeur d’usage. Les baux de chasse Grâce à la SCTL la totalité des terres convoitées à l’époque par l’armée, échappe à cette nouvelle plaie que représentent les chasses privées. Dès le début 1985, il a été décidé d’octroyer des baux gratuits aux sociétés de chasse communales. La seule chasse privée présente sur les terres d’un propriétaire ayant vendu à l’armée, et cédées par l’Etat à la SCTL a été démantelée pour être remise à disposition des chasseurs locaux. Bien que de nombreux fermiers ne soient pas eux-mêmes chasseurs, la possibilité d’entente entre paysans et autres utilisateurs de l’espace est possible. Aujourd’hui des activités diverses de loisirs s’organisent sur le Larzac. La gestion d’un ensemble foncier important permet des ententes avec les anciens et ces nouveaux passionnés du Causse.

Pour toute demande de renseignement :

SCTL Montredon 12100 La Roque Ste Marguerite 05 65 62 13 39 sctl@larzac.org

 

 

 

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30 juin 2016 4 30 /06 /juin /2016 22:00

A des années-lumière de l’Europe sociale chimérique, la réalité de l’Europe du grand capital transnational

Un exemple

 

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Au lendemain du Brexit de nouveaux appels incantatoires à l’Europe sociale s’élèvent ça et là. C’est méconnaitre la parfaite soumission de l’UE aux exigences du grand capital transnational. Dans le champ où s’exerce la curiosité de COMAGUER, deux associations néerlandaises STOP WAPENHANDEL et TRANSNATIONAL INSTITUTE viennent de publier un très intéressant document intitulé « EVASION FISCALE ET INDUSTRIE DE L’ARMEMENT ». Ce document d’une quarantaine de pages n’étant accessible qu’en anglais, nous vous en proposons un résumé commenté.

Tax evasion and weapon production

Mailbox arms companies in the Netherlands

Martin Broek

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1 - Première observation capitale sur l’évasion fiscale : nul besoin de rêver aux boites à lettres exotiques aux Iles Caïmans ou aux Bahamas, la règlementation fiscale en vigueur aux Pays-Bas , un des six pays fondateurs de la future UE , permet aux entreprises transnationales d’y installer une société holding où seront domiciliés en toute légalité les bénéfices du groupe réalisés dans un des pays ( environ une centaine et beaucoup en Europe ) avec lesquels les Pays-Bas ont signé un accord qui permet le transfert aux Pays-Bas des bénéfices réalisés chez eux. Résultat : ces mouvements de capitaux vers las Pays-Bas se sont élevés à 10 mille milliards d’Euros en 2010, 16 fois le PNB néerlandais, 602 milliards d’Euros la même année. Aux-Pays-Bas l’impôt sur les sociétés s’élève à 8% contre 22% en moyenne dans le reste de l’Union Européenne. Etonnez-vous si AIRBUS , entreprise franco-allemande avec une petite participation espagnole domicilie ses bénéfices dans une société de droit néerlandais qui doit simplement compter 50% de citoyens néerlandais dans son Conseil d’Administration . On se doute qu’il est facile de trouver des volontaires pour occuper pareilles sinécures. Aucun travail à faire. Les comptes sont établis au « vrai » siège de la compagnie. Il n’y a qu’à valider. Toute cette mécanique est légale, connue des gouvernements de l’UE et même du Parlement européen qui l’a étudiée…Sans plus de suites ! Mais allez demander à Madame Merkel ou à Monsieur Hollande d’exiger du groupe AIRBUS qu’il paye ses impôts sur les bénéfices en Allemagne ou en France !

 

2 - L’industrie internationale de l’armement est une des principales utilisatrices de cette facilité fiscale. Ainsi parmi les dix premiers fabricants mondiaux d’armes huit ont installé aux Pays-Bas une société pour y déclarer leurs bénéfices. Ce sont dans l’ordre décroissant des ventes (entre parenthèses le nombre de salariés dans leur société néerlandaise et la nationalité de la maison mère) :

1- Lockheed Martin (0) (USA)

2- Boeing (52) (USA)

3- BAE Systems (5) (Royaume Uni)

4- Raytheon (USA)

5- General Dynamics (4) (USA)

6- Northrop Grumman (USA)

7- Airbus (5) (France Allemagne)

8- United technologies (0) (USA)

 

Pour ouvrir une boite aux lettres aux Pays-Bas il n’en coûte à ces sociétés que 63,75 €/mois, chiffre fourni par les auteurs de l’étude. Les entreprises étasuniennes sont évidemment dominantes à l’image du budget militaire des Etats-Unis qui atteint aujourd’hui 40% du budget militaire mondial et dans lequel les achats d’armes représentent en gros une moitié du budget. Ont « oublié » d’ouvrir une filiale aux Pays-Bas les deux derniers du classement FINMECANNICA) Italie) COMMINICATIONS SYSTEMS (Etats-Unis).

Ces dix entreprises réalisent 45% des ventes totales d’armement dans le monde (pour environ 400 milliards d’euros/an) et leurs ventes proviennent en moyenne des 2/3 des ventes d’armes (AIRBUS et BOEING vendent aussi des avions civils, d’autres ne vendent que des armes). Le même phénomène affecte, quoique dans une moindre proportion les 90 entreprise suivantes dans le classement des 100 plus gros fabricants d’armes mondiaux. Les Etats nationaux qui sont leurs premiers clients les aident pur la recherche/développement, la promotion de leurs ventes à l’étranger et ne vont pas se formaliser sur le fait qu’elles payent leurs impôts sur les bénéfices an dehors de leur pays d’origine. Après tout les impôts que Lockheed Martin payent aux Pays-Bas incite évidemment le gouvernement néerlandais à équiper son aviation avec des chasseurs Lockheed Martin comme le F16 ce qu’il fait avec beaucoup de régularité depuis un demi-siècle. Par ailleurs ces mêmes Etats nationaux suscitent des guerres civiles à l’étranger qui favorisent des importations d’armes soit légales si elles vont à un gouvernement que soutient l’Occident soit illégales si elles vont à une opposition que l’Occident souhaite voir accéder au pouvoir.

 

L’étude des deux associations néerlandaises se conclut sur la constatation que la moitié des revenus de l’industrie mondiale de l’armement a un lien officiel avec le système fiscal néerlandais qu’elles ont décrit. Aucune fuite, aucun fichier détourné, aucun hacker génial, tout ceci est officiel, contrôlé par les très sérieux services fiscaux de la monarchie néerlandaise.

 

A quand le KAPIT’EXIT ?

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14 juin 2016 2 14 /06 /juin /2016 17:17

NOUVEL EPISODE DE LA GUERRE SOCIALE TRANSNATIONALE

Voici le précariat !

 

Comme il le fait chaque année depuis 1954 le groupe de Bilderberg s’est réuni pendant quatre jours  à huis clos à Dresde.

Il a rassemblé des hommes d’influence qui de part et d’autre de l’Atlantique défendent en commun les intérêts mondiaux des grandes entreprises capitalistes des Etats-Unis et de l’Union Européenne.

Ce ne sont pas comme on l’écrit trop souvent les 150 personnes qui dirigent le monde mais un des lieux où s’organise la domination de classe.

Il y a les stratèges : Kissinger, Christine Lagarde, Schaüble, ministre des finances allemand stratège du plan de destruction de la Grèce après l’avoir été de celui de la RDA, accompagnés par deux anciens chefs de l’armée US : Petraeus et Breedlove, chargés de faire respecter par la force ou l’intimidation la stratégie retenue.

Les maitres de la finance,  ces banques ou fonds d’investissement qui sont autant de corps d’armées de la guerre de classe. : Lazard, HSBC, Deutsche Bank, Banco Santander. Faites connaissance avec Patricia Barbizet qui, à la tête du fonds Artemis passe pour la femme d’affaires la plus puissante de France. Elle siège ou a siégé dans les Conseils de Kerring (ex PPR), Air France, Total, Bouygues,  PSA…

Des pétroliers : Shell, BP et Norsk Hydro. Des grandes industries : Airbus, Fiat, Siemens, Honeywell…

Des faiseurs de rois dans les élections importantes : Henri de Castries, Ex PDG d’AXA  promoteur  de l’opération  Hollande II  ( frémissez citoyens ! mais  le grand capital ne va pas se séparer si facilement d’un serviteur si docile ), Edouard Philippe,  maire du Havre qui porte la casaque de l’autre écurie du grand Capital l’écurie Juppé ( présent en personne l’an dernier), peut-être surveillé de prés par Olivier Blanchard ex économiste en chef du FMI probable membre de l’écurie/incurie Sarkozy,  Mehmet Simsek  vice premier ministre  turc, homme de main du sultan Erdogan qui sent son pouvoir vaciller et se fait fascisant.

Les hommes de la coulisse qui dans des clubs, des think tanks (un tank de la pensée c’est comme un tank  sur le champ de bataille, fait pour écraser le camp adverse) produisent les analyses, les techniques qui sont ensuite mises en pratique dans les entreprises Ainsi Nicolas Baverez, président de l’Institut Montaigne.

Les chiens de garde : Etienne Gernelle, PDG du Point chargé de retourner l’opinion contre les syndicats en lutte contre la loi Travail qui n’hésite pas à ressortir  l’épouvantail communiste avec Maurice Thorez et Jacques Duclos sur sa dernière. Il et en très bonne compagnie avec les leaders de la com.corporate capitaliste anglo-saxonne : Financial Times, Bloomberg, The Economist

En cette huitième année de  crise systémique du capitalisme, ces messieurs (deux femmes sur 150 participants) viennent de manifester leur inquiétude et ils l’ont fait en annonçant que le partage du pouvoir entre le capital et le travail allait prendre une nouvelle forme dominante : le précariat.

La précarité n’est certes pas chose nouvelle mais créer la catégorie sociale globale du précariat  montre une détermination à réduire l’autre catégorie qui aujourd’hui dans les pays capitalistes occidentaux est  encore numériquement dominante : le salariat. Il n’a pas suffi de créer partout des quantités croissantes de chômeurs. Il faut maintenant s’attaquer au cœur de la classe travailleuse qui est décidément bien trop organisée du goût de ces messieurs.

PRECARIAT : immense fourre-tout qui va des contrats anglais  ZERO HEURE, forme contemporains du servage, aux contrats Harz à  600 Euros mois en Allemagne, à tous les vrais-faux contrats de travail (bénévolat, stages, CDD …) les auto-entrepreneurs auto-exploités en passant par les « arrangements » , accords imposés par le patronat en écartant toute référence à des conventions collectives (vous avez reconnu la loi Travail et l’introduction du « braquage » dans les négociations d’entreprise ; « tu signes ou je ferme ! » sans oublier toutes les entreprises de serf-ice. But : diviser cette énorme masse par une infinité de sous-statuts toujours en évolution pour affaiblir toute organisation de classe.

Le précariat c’est l’insécurité sociale permanente, le ciel capitaliste qui à tout instant peut vous tomber sur la tête. Le précariat c’est des lois de plus en plus ténues pour renforcer le pouvoir du Capital sur la Travail.

Il suffit de lire l’article  1 de la loi Travail

1° Les libertés et droits fondamentaux de la personne sont garantis dans toute relation de travail. Des limitations ne peuvent leur être apportées que si elles sont justifiées par l’exercice d’autres libertés et droits fondamentaux ou par les nécessités du bon fonctionnement de l’entreprise et si elles sont proportionnées au but recherché 

Les droits des travailleurs sont garantis sauf s’ils mettent en cause les droits du Capital. Qui est juge des « nécessités du bon fonctionnement de l’entreprise » ? La réponse est connue : le représentant du Capital ! Sauf bien sûr dans le cas de propriété sociale ou collective des moyens de production. La seule véritable « refondation du code du travail » comme ils osent écrire dans la loi, serait fondée sur  ces nouveaux modes de propriété.

Quand il y a conflit entre les intérêts du Travail et ceux du Capital, ceux-ci priment puisqu’ils peuvent « limiter » les droits du travailleur. Après avoir ainsi clairement hiérarchisé, les droits du Capital passant avant ceux du Travail qu’ils peuvent limiter, l’article 4 en parlant d’égalité dans l’entreprise  entretient la confusion. Il est vrai qu’en prenant pour exemple l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes, objectif déjà affiché et jamais atteint  il montre  son caractère purement incantatoire.   

Osant toutes les mystifications l’article 2 met en avant le respect de la dignité du travailleur : messieurs les patrons sont priés de licencier dignement, de ne pas payer des heures supplémentaires effectuées dans la dignité,  d’oublier dignement de payer l’URSSAF, de confier dignement  leurs économies aux paradis fiscaux …Les drones juridiques vont envahir les entreprises : du haut d’une lointaine DRH  ils vont cibler des salariés ou des unités de production : après des réunions discrètes au sommet , la DRH émet un email licencieur, un missile social… dignement, pas un cri, pas un gros mot, qui sait même une cellule de soutien psychologique  …a posteriori …pour le trauma …

Ainsi meurent dans le mensonge les républiques.

Ce sont des façades rongées de l’intérieur par le club de Bilderberg et tous ses avatars qui décident des politiques gouvernementales loin des parlements.

 

 

 

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30 mai 2016 1 30 /05 /mai /2016 10:53

Comme l'a rappelé dans une phrase célèbre le milliardaire étasunien Warren Buffet pour qu'il y ait lute il faut qu'il y ait deux adversaires . Il n'hésitait donc pas à affirmer que la classe capitaliste - aujourd'hui capitaliste internationale - était en lutte permanente et qu'elle était aujourd'hui proche de la victoire.

Mais trop pressé de prendre un peu de repose à l'issue d'une bataille qu'il pensait victorieuse il essayait de tirer une leçon définitive de la contre révolution conservatrice initiée dans les années 1980 et aggravée par la crise prolongée ouverte en 2008. Rien n'est joué et dans le tout nouveau texte qui suit Robert Charvin porte un autre regard sur la lutte toujours renouvelée.

 

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La sacrée lutte des classes !

 

Robert Charvin

 

 

            Dans toute l'Europe, y compris à ses marges comme en Turquie, progresse l'influence d'organisations néofascistes variées[1], y compris au sein des forces de l'ordre des différents États.

 

          A la situation de crise économique, s'ajoute la responsabilité d'alliances de droites « décomplexées » et de fausse « gauches » : parfois, il s'agit de gouvernement d'union (Allemagne, Autriche) ; dans d'autres cas, la politique de soi-disant partis « socialistes » est faite de compromissions avec les grands intérêts privés. Le prétexte est l'ajustement « moderniste » aux difficultés du temps, notamment à la concurrence mondialisée. Le résultat est un discrédit global du politique et des « partis de gouvernement », … pour le plus grand profit des pouvoirs privés : « durant la crise, les affaires continuent »...

 

          Cette droitisation économiciste, indifférente à son impact social, est l'expression d'une incompatibilité croissante entre les quelques acquis démocratiques de l'après-seconde guerre mondiale et le système socio-économique hyper-concentré et mondialisé.

 

          Les stratégies financières des grands groupes privés transnationaux sont handicapées par des institutions étatiques d'un autre temps (en dépit de leur besoin permanent d’État à leur service), par un personnel politique globalement aligné mais encore doté d'une autonomie relative (en raison des élections), par une masse de travailleurs jugée insuffisamment manipulée, encore trop souvent revendicative mais de plus en plus « inutile » au système qui ne sait plus qu'en faire (plus de 20 millions de chômeurs dans le cadre de l'Union Européenne, des certaines de milliers de jeunes et de réfugiés sans emplois, etc.).

 

          Les extrêmes droites perturbent (en attendant des alliances probables) les droites affairistes classiques : leur radicalité remet en cause la quiétude requise pour le monde des affaires qui tend traditionnellement à éviter les outrances pour exploiter la paix. Toutefois, dans le désordre qui se développe, ces néofascistes ont le « mérite » de faire dévier la lutte contre le capital en combat contre « l'élite », c'est-à-dire contre les castes politico-bureaucratiques de droite ou de gauche qui font le spectacle, opacifiant la réalité du pouvoir économique et financier.

 

          Le monde des affaires a trouvé souvent très efficace la social-démocratie qui sait conjuguer l'oppression économique traditionnelle, le libéralisme politique, la permissivité des mœurs. Cette capacité « socialiste » répond aux besoins du marché combinant gestion sociale, économique et financière autoritaire au profit des intérêts privés des grands groupes, sous couverture de la « protection » des petites entreprises (dont beaucoup d'ailleurs sont des filiales des grands groupes) et d'une volonté affichée de « sauver ce qui peut l'être » pour les petites gens. La social-démocratie réalise le dédoublement de la possession (du capital) et de la gestion globale (des affaires et de la société), transformant le gouvernement en un simple organe de management et d'animation idéologique. Elle permet d'homogénéiser les contradictions du système. Loin d'apparaître comme un appareil d’État désuet, archaïque, la bureaucratie social-démocrate devient technocratie à la pointe du progrès technologique : comme l'extrême-droite, la social-démocratie détourne la vindicte contre le capital et lui sert de bouclier, y compris en sacrifiant parfois certains intérêts secondaires de la classe dominante : pour persévérer dans son être (accroître le profit), le capitalisme peut sacrifier bien des choses ….

 

          Tout va relativement bien pour le système tant que la séduction reste possible. Aussi longtemps, par exemple, que la consommation ludique (sur modèle étasunien), stimulée par les médias et les vitrines, est accessible pour la jeunesse, notamment. Tant que peut être satisfaite, au moins partiellement, l'acquisition des biens relevant du « marché du désir »[2].

 

          Mais semble être venu le temps nouveau des blocages généralisés d'un système à bout de souffle et de solutions attractives et pacifiques. Comme si la pseudo-démocratie politique devenait gênante et les éléments de démocratie sociale insupportables. Comme si toutes les superstructures du capitalisme contredisaient le présent et surtout l'avenir des intérêts du capital toujours plus concentré en quelques mains au niveau de chaque pays et de la planète.

 

          Le monde des affaires hésite et sans doute se divise (tout en jouant toutes les cartes sans « dogmatisme ») entre la solution social-démocrate, la droite « classique » (qualifiée en France de « républicaine »), l'extrême-droite, l'union des droites, la confusion droite-gauche....)[3]. L'option peut varier d'un pays à l'autre (l'Union Européenne assurant la cohérence minimale), mais les besoins sont standards : les grands intérêts privés sont en jeux.

 

 

 

 

1.              Le « besoin » d'autoritarisme

 

 

          Chaque système politique répond au « besoin » historique du moment, défini par les forces dominantes.

 

          Les « besoins » d'un capitalisme de petites et moyennes entreprises, sous direction des partis républicains du centre-gauche et de droite modéré, s'affirme avec le parlementarisme de la III° République, où fonctionne un esprit de compromis permanent (interrompu seulement quelques mois en 1936 avec un Front Populaire rapidement trahi par la « pause sociale » décrétée par le gouvernement Blum[4]).

 

          « L’État Français » qui gérait la collaboration avec l'occupant allemand et la répression anticommuniste et antisémite ne pouvait qu'être ultra-centralisé et tout le pouvoir était concentré entre les mains du Chef de l’État et du Chef du gouvernement.

 

          Les exigences d'un capitalisme de grandes unités coïncident en 1958 avec les revendications des colons en Algérie, avec la volonté de réduire le rôle du parti communiste et de rendre difficile l'accès à la Présidence de la République d'un candidat de la gauche, même unie. Le système présidentiel né avec la Constitution de 1958 a fonctionné dans ce sens durant 23 ans, jusqu'en 1981. De surcroît, l'Europe des Affaires ligote les politiques nationales dans leur cadre strictement capitaliste.

 

          Mais les mutations du capitalisme devenu essentiellement financier et mondialisé fabriquent de nouveaux besoins, tenus en échec en France lors des crises de 1995, de 2005 (projet refusé de « Constitution » européenne) et de 2008 (krach bancaire).

 

          La surconcentration du pouvoir politique entre les mains de « l'exécutif » (Président et gouvernement) est une exigence pour les grands groupes qui ont besoin d'un État fort à leur service, par-delà les ambitions de certaines personnalités, les patriotismes de parti et les jeux politiques traditionnels. L'autoritarisme de trouve ainsi renforcé avec la vulgarité brutale du sarkozysme et le médiocratisme pro-libéral du hollandisme, nouvelles étapes de la « modernisation » de l'appareil d’État, du droit pénal, du droit du travail et du droit économique. A l'exception de quelques mesures sociétales, les contre-réformes sont de nature répressive, défavorables aux intérêts populaires. Le discours officiel continue cependant à cultiver la fiction d'une politique « républicaine et démocratique » : Sarkozy et Hollande et leurs équipes, comme celles se préparant à suivre en 2017 chez les « Républicains » et au Parti Socialiste, répètent que les mesures prises et à prendre visent « à réduire le chômage grâce à la croissance conditionnée par la libération optimale de l'entreprise lui permettant de faire face à la concurrence internationale ». Il n'y aurait « aucune alternative » : les autres politiques sont archaïques ou utopiques.

 

          A ce discours primaire d'un mode de production qui ne peut plus faire autrement que de se dévoiler, affichant de plus en plus ses formes les plus arrogantes et les plus inéquitables, s'ajoute (« cadeau politique » circonstanciel) l'antiterrorisme qui, opportunément, permet d'appeler à « l'unité nationale » et à un rapprochement droite-gauche pour assurer la sécurité nationale et faire oublier l'insécurité sociale généralisée. Toutes les mesures d'exception (y compris évidemment l'état d'urgence, plusieurs fois prolongé) restreignant les droits individuels et le rôle de la justice sont ainsi légitimées.

 

          Simultanément, une pédagogie de la répression est soigneusement orchestrée au profit de la police (modérément républicaine) et de l'armée que les citoyens s'habituent à rencontrer dans leur quotidien. La peur de l'attentat est instrumentalisée de façon à ce que le pouvoir soit perçu comme « protecteur ». Les grands médias, propriétés des groupes économico-financiers, en rajoutent tout en cultivant, avec plus ou moins de subtilité, la « nécessaire » xénophobie et l'inévitable racisme à l'égard des ressortissants des ex-colonies (y compris nationaux) et des réfugiés venus du Sud, tous parfaits bouc-émissaires.

 

          Quelques arguments secondaires sont aussi utilisés en vue d'atteindre un consensus pro-autoritaire. Parmi ceux-ci, les « menaces » internationales. La « menace russe » occupe une bonne place[5] : les réseaux français complices seraient capables « d'avoir un impact mortifère sur l'Europe » !

 

          La Chine fait aussi l'objet de toutes les critiques, bien qu'elles soient tempérées par des liens économiques et financiers irremplaçables[6]. Il demeure néanmoins qu'il « faut » réagir au « danger » qu'elle représente.

 

          Le monde arabe est pour sa part globalement infréquentable : à lui seul, il cumule toutes les composantes conduisant à son rejet systématique et aux accusations multiples (souvenirs historiques, hostilité à l'Islam, pratique violente extrême, problèmes du pétrole, etc.). Il représente une menace directe constamment rappelée, alors que Daesh et les Frères Musulmans ont bénéficié de la part de l'Occident de multiples complaisances et complicités[7].

 

          Plus généralement, les peuples du Sud, particulièrement ceux d'Afrique (pour lesquels la colonisation, réhabilitée dans l'opinion, a été une « bonne école ») sont encore à « civiliser » et font courir des risques aux investisseurs occidentaux que l’État « doit » protéger, avec l'appui des peuples européens[8].

 

          Lorsque se développent des campagnes idéologiques du plus bas niveau, assimilant nazisme-communisme-islamisme, la boucle est bouclée[9].

 

          Les décennies de « droitdel'hommisme », longtemps présentées comme la légitimité de l'Occident contre tous les totalitarisme, s'effacent ainsi progressivement. La priorité apparaît désormais à une sorte de mobilisation générale initiée par les exécutifs en faveur d'un système « fort » et « sécuritaire » toujours moins démocratique.

 

 

2.               Les précautions à prendre

 

          Dans chaque pays, comme à l'échelle internationale, il y a toujours eu dans l'Histoire des dominants et des dominés. Chaque peuple se subdivise en une minorité de privilégiés et une masse plus ou moins soumise.

 

          Périodiquement, l'insoumission l'emporte et met en cause les privilèges. En France, ce fut le cas en juin 1848, en 1871, en 1944-1945, et plus modestement en mai 1968, provoquant la panique des « biens pensants » et des exploiteurs de toutes catégories, trouvant la société harmonieuses parce qu'ils en profitent.

 

          Après une période de désarroi en raison de la disparition de l'URSS, de multiples défaites idéologiques, source d'un profond confusionnisme, du droitdel'hommisme occultant le social, largement dues aux mystifications entretenues par la social-démocratie et ses médias-modes (style l'Obs et Libération en France), transformant la « gauche » en simple outil de modifications sociétales ne dérangeant en rien les grands intérêts économiques, on assiste en Europe (Grèce, France, Espagne, Portugal, Belgique, etc.) à un réveil d'une radicalité difficilement récupérable hostile au système socio-économique qui « digère » tout sauf la lutte des classes[10].

 

          Longtemps dénoncé comme une obscénité théorique et comme une notion irréelle préfabriquée par les marxistes, le concept de classe devient à nouveau visible, tant les inégalités et les discriminations deviennent insupportables à ceux qui les subissent et à ceux qui craignent de les subir à leur tour. Jamais, la richesse et les pouvoirs n'ont été concentrés entre les mains d'une minorité aussi restreinte ; jamais, la pauvreté et la précarité n'ont été aussi massives au cœur même du capitalisme occidental (aux États-Unis comme en Europe).

 

          L'ultra-droite a, en conséquence, dans la confusion de son discours, pris une ampleur que le système se sent capable de canaliser, tout comme il a su, depuis longtemps et plus que jamais, s'accommoder de la social-démocratie, elle-même de moins en moins sociale et de moins en moins démocrate.

 

          Ce qui reste de la droite « classique », tiraillée entre des alliances contraires possibles (avec l'extrême-droite ou avec la fausse gauche) et des socialistes[11], traversés de nombreux courants contradictoires, mais tous modérément socialistes, ne satisfait pas le système. Le monde des affaires est avant tout préoccupé de la résistance qui s'impose aux classes populaires qui tendent à « se mettre à leur compte » !

 

          Le système a peur et il prend les devants. L'arsenal répressif qu'il met en place, les « valeurs » qu'il diffuse dans la société, les recompositions  politiques qu'il prépare, n'ont qu'un but essentiel : neutraliser l'ennemi de classe en prenant à l'avance toutes les précautions jugées utiles. Syriza, Podemos et les autres manifestations de protestation sociale en Europe ne doivent en aucun cas bouleverser l'ordre socio-économique établi.

 

 

 

3.              L'ennemi de classe

 

          Les idéologues du système ont avancé de nombreux arguments pour considérer que l'évolution sociale avait réalisé une « moyennisation » généralisée, à l'exception de quelques marges inférieures réduites. Cette « moyennisation » entérinée par des éléments de l'intelligentsia, les grands médias et les partis de gouvernement (dont la composition sociale est elle-même « moyennisée », y compris au sein du parti socialiste) aurait résulté de la disparition des grandes unités de production (avec la désindustrialisation), de l'émiettement du travail et de la division internationale du travail (fruit d'une délocalisation des outils de production et d'un certain développement des économies du Sud).

 

          La classe ouvrière aurait donc disparu, ce qui se refléterait par des organisations politiques et syndicales traditionnelles en déclin. La négociation se serait substituée au combat social et la lutte des classes n'aurait plus aucune réalité.

 

          Un certain silence a d'ailleurs remplacé l'anticommunisme virulent qui l'avait précédé et le syndicalisme réformiste s'est vu offrir une place complaisante dans les relations sociales. Le mépris anti-ouvrier et plus généralement anti-salarié s'est fait discret par prudence : l'intégration sociale à l'américaine (rendue possible aux Etats-Unis par la division ouvrière entre noirs et blancs) a réalisé des avancées durant la longue phase de croissance traversée par le capitalisme européen et par la fin de la guerre froide, semblant fermer toutes les perspectives de transformation sociale radicale.

 

          La fin de la croissance, la montée du chômage et plus encore de la précarité, l'absence de tout progrès social et de l'indifférence des « élites » dominantes vis-à-vis de toutes les difficultés des citoyens « d'en-bas », ont réveillé les consciences de classe, celle des bourgeois et des castes techno-bureaucratiques comme celle des salariés.

 

          Certains événements, grands et petits, se sont avérés insupportables aux dominés. Par exemple, l'évasion fiscale dans les paradis fiscaux ouverte aux plus fortunés ; la fracture abyssale entre les niveaux de revenus ; les aides publiques aux banques dans une période de non-investissement productif et de licenciement permanent, etc.

 

          Le spectacle donné par des incidents plus limités mais hautement significatifs, comme celui provoqué par les résidents du XVI° arrondissement de Paris en avril 2016 refusant la création d'un centre d'accueil de sans-domiciles fixes dans leur quartier. La réunion d'information de la Mairie de Paris a donné lieu à des affrontements imprévus. Ces habitants du XVI° arrondissement se sont comportés en véritables voyous, eux qui simultanément n'ont de cesse de dénoncer la « racaille des banlieues ».

 

          On peut citer aussi la violence de la campagne anti-CGT du gouvernement et des médias à l'occasion des mouvements populaires contre la Loi Travail, supprimant des acquis essentiels du droit du travail français, comme si le Médef, représentant du patronat, avait nécessairement raison pour le Parti Socialiste contre les salariés, sauf s'ils restent passifs comme les syndiqués de la CFDT, courroie de transmission du gouvernement. La politique du Ministère de l'Intérieur et de sa police très virulente contre la CGT et FO, à la différence de l'extrême modération pratiquée vis-à-vis d'actions de même nature du syndicalisme agricole (FNSEA), montre que les conflits de classe sont jugés comme infiniment plus dangereux pour le système, d'autant qu'ils peuvent être les prémisses d'un mouvement populaire de beaucoup plus grande ampleur.

 

          Sont ainsi réapparues avec force toutes les réactions brutales de la lutte de classe, ouverte et frontale. Se révèle avec clarté ce qui reste souvent sous-jacent et occulté, l'hostilité de ceux dont le mépris hostile à l'égard des dominés est chronique et sans limite. Tous les moyens sont utilisés pour diviser, discréditer, réprimer « l'ennemi », et le Parti socialiste excelle dans ce rôle. Il a déjà pratiqué ainsi en France à la fin du Front Populaire, entre 1946 et 1947 (avec le Ministre de l'Intérieur J. Moch, par exemple), en 1956 (avec la SFIO de Guy Mollet), en 1958 (avec le ralliement SFIO à la V° République), avec les manœuvres politiciennes du « nouveau » Parti Socialiste contre les participations communistes dans le cadre de l'Union de la Gauche, etc.

 

          Les autres forces politiques, les grands médias et les intellectuels soi-disant  « avant-gardistes » se retrouvent sur les mêmes positions que la progressiste G. Sand durant la Commune en 1871 s'inquiétant davantage pour son mobilier parisien que pour le sort du mouvement ouvrier !

 

          La rupture est béante : on passe du jeu politicien à des affrontements déterminants. C'est « la guerre pour le pain » d'un côté, celle pour le maintien de la domination de l'autre côté, avec de part et d'autre, une hostilité sans réserve.

 

          Ceux qui faisaient semblant de croire que la lutte des classes n'avait plus d'existence sont les plus virulents : ils constatent que toutes leurs diversions et manipulations ne fonctionnent qu'imparfaitement. Il ne peut qu'en être ainsi.

 

          Certes, il convient de prendre en considération la capacité des dominants à imposer dans les consciences des représentations du réel très éloignées des réalités concrètes, et plus prégnantes qu'elles. La pauvreté peut dans ces conditions, ne plus être la pauvreté, la misère culturelle peut être vécue comme la modernité. La liberté et les droits de l'Homme peuvent se résumer à la Sécurité (qui peut pourtant être leur contraire), tandis que l'humanisme le plus traditionnel peut finir par n'être plus qu'une étiquette formelle de l'anti-humanisme plus traditionnel.

 

          Les diversions idéologiques et les phénomènes de séduction peuvent être à l'origine d'une « civilisation de la fiction », celle-ci pouvant être plus forte que la réalité dans la conscience des hommes. Encore faut-il que le système en ait les moyens, jugés de plus en plus coûteux pour lui.

 

          Il semble donc qu'aussi longtemps que demeurent les inégalités, les dominations de toutes sortes, les exploitations et les discriminations, les réalités de classe s'imposeront, quel que soit leur effacement temporaire, source de bonds en avant historiques.

 

Mai 2016

 

[1]Dans chaque État, le néofascisme a un visage spécifique tout en ayant des traits communs avec les forces de droite extrême des autres États. Malgré certaines divergences, ces forces ont réussi à constituer un groupe unique au Parlement Européen. Dans les pays du Sud, ce sont souvent les forces armées qui jouent le rôle que s'attribuent les extrêmes-droites européennes. Aux États-Unis, l'ultra-droite du Parti Républicain présente des particularités, comme le révèlent le Teaparty ou l'équipe de Trump.

[2]Voir les analyses de M. Clouscard (La bête sauvage. Éditions sociales. 1983 ; Le capitalisme de la séduction, Delga (réédition). 2005).

[3]En France, à l'occasion de la crise suscitée par la « Loi Travail », en mai 2016, le Président du Médef, principale organisation patronale, a manifesté son plein soutien au Premier Ministre (socialiste) Valls lui enjoignant de ne pas démissionner.

[4]Lorsque le besoin s'en faisait sentir, néanmoins, le gouvernement statuait par décret-loi, court-circuitant le Parlement.

[5]De nombreux ouvrages dénonçant « la dictature de Poutine » sont publiés en Europe, financés par diverses officines. Voir, par exemple, Les réseaux du Kremlin en France (2016) morceau de choix de cette littérature journalistique proche d'un rapport maccartyste, d'une certaine C. Vaissié, ayant le même niveau que les libelles de P. Rigoulot prétendument « spécialiste » de la Corée du Nord.

[6]La chaîne radio privée BFM consacre une émission hebdomadaire aux relations économiques avec la Chine.

[7]On peut s'étonner des liens anciens entre les Frères Musulmans et les États-Unis, ceux tissés avec les Talibans, les complicités en Syrie et avec une Turquie où les forces occidentales, jusqu'à l'intervention de la Russie, ont « négligé » de s'en prendre aux ressources pétrolières et financières de Daesh.

[8]Voir comment la France a renversé le régime du Président Gbagbo en Côte d'Ivoire. R. Charvin. La bataille de la seconde indépendance. L'Harmattan. 2012.

[9]Voir, par exemple, l'initiative du maire de Béziers, Ménard, ex-responsable de Reporters sans frontières, rassemblant l'ultra-droite en mai 2016 et déclarant incompatible la République et l'islamo-marxisme.

[10]L'Histoire des années 1930 montre que dans toute l'Europe, les forces fascistes ont pactisé avec les intérêts économiques privés dominants. Ces derniers ont même bénéficié d'une « protection » étatique contre les mouvements sociaux. Le monde des affaires a encore la capacité, en dépit du discours ambigu des extrêmes-droites contemporaines, de les « assimiler » en concluant des alliances variées. Privé de la couverture de partis socialistes efficients, ce même monde des affaires se trouve dans une position plus difficile vis-à-vis du mouvement social, animé par des syndicats comme la CGT ou FO en France.

[11]Dans l'étape actuelle, les partis « socialistes » européens sont en voie de se suicider, comme le parti français hésitant encore à suivre le « modèle » italien (création d'un vague « Parti Démocrate » incapable d'action transformatrice) mais susceptible de pratiquer toutes les alliances jugées autrefois contre-nature).

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30 mai 2016 1 30 /05 /mai /2016 10:47

 

CONNAISSEZ-VOUS

LE MOUVEMENT REVOLUTIONNAIRE DES PEUPLES UNIS ?

 

Quand dans la manifestation du premier Mai vous recevez de mains inconnues un tract émanant d’une structure politique inconnue, vous le conservez et vous le lisez ensuite attentivement car un titre si impressionnant et si fort politiquement mérite attention. Le voici.

 

Premier constat

Hormis cette signature aucune adresse, ni postale ni électronique, pas un blog de référence, pas un numéro de téléphone. S’agit-il d’un groupe clandestin, d’un leurre, d’une farce ?

Il faut donc poursuivre l’analyse :

Des références au Nord–Kurdistan (Etat inexistant à ce jour), à diverses villes dont Rojava donnent à penser que ce Mouvement ou au moins ce tract expriment des intérêts et des groupes qui agissent aujourd’hui dans le nord de la Syrie et en Turquie puisqu’y figure une critique de l’AKP , mais pas dans la province autonome kurde d’Irak, capitale Erbil, en délicatesse avec le pouvoir central de Bagdad et dont les dirigeants kurdes ne manifestent qu’un intérêt limité pour la cause kurde en raison des relations économiques étroites qu’ils entretiennent avec la Turquie d’Erdogan.

Ces constations sont étayées par le fait que le slogan terminal VIVE LE 1er Mai est reproduit et traduit en turc et probablement en kurde.

Avec ces quelques données, même sans maitriser la langue turque ou le kurde la recherche peut progresser.

Après quelques tâtonnements une clé semble être trouvée : Il s’est créé en Turquie au début de l’année 2016 sous l’appellation anglaise de

PEOPLE’S UNITED REVOLUTIONNARY MOVEMENT

A la lecture du document joint il s’agit d’une sorte de front politique d’extrême gauche anti-AKP qui est une réponse à la politique répressive brutale et fascisante de l’équipe au pouvoir à Ankara. L’abondance des signatures masque peut-être un rassemblement de petites organisations autour du PKK et semble confirmer un retour constaté de la majorité de celui-ci à la lutte armée.

Un avant dernier détail : la traduction française du titre anglais et les références à la situation kurde vont dans le sens d’un fort cousinage entre ce front turc et le groupe ( ?) groupuscule ( ?) parti-frère ( ?) taupe ( ?) français.

Dernier détail : le document joint est publié sur un site francophone intitulé LA NOUVELLE TURQUIE et a été repris dans le site francophone plus spécifiquement pro kurde KEDISTAN dont les relais apparaissent voir

http://www.kedistan.net/2015/09/05/larticle-du-cqfd-n135-turquie-erdogan-fait-sa-sale-guerre/

Enfin des noms et des adresses…et une plus juste appréciation de la taille du mouvement !

 

Actualités révolutionnaires de Turquie et Kurdistan

 

Declaration of the Founding of the Revolutionary United People’s Movement

Posted on March 16, 2016 by Zeynel K. in Guerilla, Resistance // 0 Comments

 

Ten revolutionary organisations from Turkey/Kurdistan joined their forces to fight the fascism of the AKP and of President Erdoğan at its head. Basing on the experiences of the Internationalist Freedom Battalion, in which these groups have been united for one year already to defend Rojava, knowing that the guerillas of TKP/ML-TiKKO, PKK and MKP have been sharing their training camps for several years and knowing that for several months now these groups have been participating unofficially in the defense of the cities of Cizre, Silopi and Nusaybin, this official union has been long awaited. As a result of the failure of the parliamentary strategy of the HDP coalition, confronted by the Turkish Deep State, whose nature does not allow for the smallest of hopes for democracy, these organisations that, for the most part, have not kept close relationships to one another, made the decision to unite their forces in order to intensify their struggle against the fascist dictatorship of the AKP.

The creation of the Revolutionary United People’s Movement (Halkların Birleşik Devrim Hareketi) was declared by 10 revolutionary organisations that, following a series of discussions that have been taking place since December, made the decision to unite their forces and to lead a common front.

In their declaration, the organisations that are uniting their forces in the Revolutionary United People’s Movement, are doing it with the goal of strengthening the revolution by combatting this force deemed to be “the fascist collaborationist AKP and the oppressive system of the Turkish Republic” on all fronts, through armed struggle and by all other means.

 

THIS WILL BE A GLIMMER OF HOPE THAT WILL DOOM FASCISM FOREVER

Representatives of the organisations taking part in the creation of the Revolutionary United Movement, having gathered in the guerilla zones, explained the purpose of this move and its goals. Prior to reading the declaration, Duran Kalkan, member of the Executive Committee of the PKK, said these words: “We find ourselves here to be a part of a declaration that will doom fascism here and today, and which will be a new glimmer of hope for our peoples.” Afterward, he listed in the order given below the names of the revolutionary organisations of Turkey and Kurdistan that having being engaging in discussion since December and that have made the decision to unite their forces and to carry out actions together:

TKP/ML (Communist Party of Turkey/Marxist-Leninist)

PKK (Kurdistan Workers’ Party)

THKP-C/MLSPB (Front-Liberation Party of the People of Turkey / Marxist-Leninist Armed Propaganda Unit)

MKP (Maoist Communist Party)

TKEP-L (Communist Labour Party of Turkey-Leninist)

TİKB (Revolutionary Communist League of Turkey)

DKP (Revolutionary Communard Party)

Devrimci Karargâh (Revolutionary Headquarter)

MLKP (Marxist-Leninist Communist Party (Turkey/North Kurdistan))

Moreover, the Proleter Devrimciler Koordinasyonu (Coordination of Revolutionary Proletarians) has announced to join the Revolutionary United Movement. Also, an organisation by the name of Diriliş Hareket (Renaissance Movement), which took part at the discussions, has announced that it is considering to join the Movement.

 

WE ARE PRESENT…

Regarding the choice of March 12th as the date for the founding of the Revolutionary United of the Peoples’ Movement, Kalkan says the following: “By declaring our founding on the date of the 45th anniversary of the fascist Coup d’État of March 12, 1971, on the date of the 21st anniversary of the Gazi Massacre of March 12, 1995 and on the date of the 12th anniversary of the Qamışlo Massacre of March 12, 2004, we send a message to all the peoples of Turkey and Kurdistan that we made the decision to fight against fascism, imperialism and all sorts of obscurantisms, and for the Revolution, freedom, socialism, democracy and the fraternity of the peoples. By finding ourselves in such a union on the 45th anniversary of the fascist Coup d’État of March 12, 1971, we openly maintain our desire to lead victoriously our struggle for the Revolution, democracy and socialism. The Regime of the fascist Coup d’État massacred the Mahir Çayan’s, the Deniz Gezmiş’s and the İBRAHİM KAYPAKKAYA’s. Yet their passion, their resistance, their knowledge, their goals and aspirations are still here and still fresh. We are present; just like 45 years ago, we make our love of freedom, democracy and socialism a reality. We find ourselves undertaking this union in order to lead to victory the revolution against AKP’s fascism, which, by restoring the fascist Coups d’État of March 12 and September 12, seeks to put in place a new fascist dictatorship.

 

WE ARE OPEN TO ALL THOSE, WHO WANT TO FIGHT AGAINST FASCISM

“We will lead the struggle together, we will overcome together”

Following this, the communiqué was read in Turkish and Kurdish. The read communiqué, having brought up an analysis of the crisis currently-experienced in the Middle East and of the massacres, underlined that the entangled forces are of an imperialist nature and that the reactionary structures of the nation-state are menacing to drag away all of humanity into a world war. The AKP is showcased: “In its union with the imperialists and on a basis of contradictory interests, the AKP government seeks out the dirties alliances at international and regional levels in this bloody war led against the peoples of the region. In the same retrospective, inside the country, the AKP has launched a bloody, total assault against the peoples. It is trying to crush all opposition by means of state terrorism, street assassinations, massacres and mass arrests. At the same time, it attempts to commit a genocide against the Kurdish people by reducing the cities, take with tank fire and bullets, to rubble. It is working to crush all resistance and to install a one-party dictatorship supported by the traditional, modern, reactionary and fascist forces of the oppressive system of the Turkish Republic. This bloody and fascist alliance unites them on grounds of hatred of Kurds.”

 

The declaration, informing of the heavy damages and exploitation created by the regional forces, which ripened the revolutionary situation and opened a way for the Revolutionary United Peoples’ Movement, reads: “In fact, nowadays defending the revolutionary process in Rojava, the resistance for Kurdish self-determination and the Revolutionary United struggle of our peoples, means defending all of the oppressed, the workers, the intellectuals, the democrats, the life and the future of the entire people. In conclusion, to take into account all of these values is synonymous with defending the future of the peoples of the World. In this system, not a fraction of the society is safe in Turkey. The Alevis, the Kurds, the laic democrats, the workers, the poor and all of the opposition forces are under the fire of the assaults. If the struggle for Kurdish self-determination is broken, the AKP will start to attack all other opposition forces in Turkey. Consequently, the future of all progressive, revolutionary and working class forces in Turkey is directly tied to the future of the Kurdish resistance.

The Revolutionary United Peoples’ Movement’s basic principles of struggle were declared as following :

  • Our movement’s goal is to fight against imperialism, capitalism, chauvinism, fascism and racism for an emancipated and democratic future for our peoples. The destruction of the fascist AKP and of its public support by the revolutionary forces of the people is considered to be unavoidable.
  • The AKP government is in the process of destroying the society and the natural environment. It is a danger for women and youth. It intensifies the exploitation of the working class and of all workers and imposes slave-like conditions. It subdues and massacres all of the fringes of the population.
  • The Revolutionary United Peoples’ Movement adopts the principle of forming, organizing and unifying all forces – the victims of the AKP government’s and the Turkish Republic’s bourgeois state’s assaults – with the goal of mobilizing them for the struggle.
  • The Revolutionary United Peoples’ Movement struggles for an ecological society and supports women’s liberation and the struggle for rights and liberties for the working class and the workers. It struggles to win an emancipated future for our peoples by founding people’s power in Turkey and democratic autonomy in Kurdistan.
  • The Revolutionary United Peoples’ Movement calls all the oppressed masses, victims of fascism and conservatism, starting with women, youth, proletarians and workers to organise, to united and to fight for freedom, democracy and the fraternity of the peoples.

 

IF MEASURES ARE NOT TAKEN, A DICTATORSHIP WILL BE BORN

Concluding the declaration on the notion that in Turkey’s current situation, if measures are not taken, an even more bloody dictatorship will be put in place, the declaration reads: “Only the resistance of the united peoples and the revolution can protect us from what will happen. Either an even more bloody dictatorship will be put in place, or by organising and arming themselves, our people will reduce to dust the AKP fascists and the jihadists.

After the first declaration, the representative of MLKP, Ferzad Can, gave a speech to congratulate the people with the creation of the Revolutionary United People’s Movement: “To finish, we would like to add the following; presently, our people are no longer without an alternative against imperialism, capitalism, fascism and all sorts of conservatism. The Revolutionary United Peoples’ Movement is a revolutionary avant-garde built on the slogans of democracy, liberty, justice, equality and revolution. We invite our peoples, our workers, the oppressed, all cultures starting with the Alevis, the women, the youth to join the ranks of the Revolutionary United Movement and to struggle. We congratulate our peoples for the Revolutionary United Movement and hope that it will bring victories.

The Declaration was concluded with the slogans ‘Down with fascism’, ‘Long live the revolution’, ‘Long live the fraternity of the peoples’.

Translated from: http://www.atik-online.net/blog/halklarin-birlesik-devrim-hareketi-kuruldu-video.html

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25 mai 2016 3 25 /05 /mai /2016 14:07

Le lait sur le feu ou… l’empire précaire et fébrile

Le fameux bureau ovale de la Maison Blanche où se prennent quotidiennement des décisions qui portent atteinte :

-        soit immédiatement à la vie de certaines personnes humaines c’est  la fameuse KILL LIST à demeure sur le bureau présidentiel qui fait du Prix Nobel de la Paix un serial killer cool, cool jusqu’à être glacial

-        soit à plus long  terme à l’existence de groupes humains entiers organisés dans des Etats avec des gouvernements.

dans la période particulièrement agitée que traverse le monde,  le monstre froid ne doit céder à aucune émotion, il doit inexorablement comme le robot du Roi et l’Oiseau avancer, piétiner, détruire. Mais sa marche est de plus en plus incertaine.

 Certes, il a enregistré ces dernières semaines des satisfactions passagères : des élections portent à la tête de l’Argentine une équipe de laquais du grand capital étasunien prêts à faire reculer gravement  le niveau de vie du peuple argentin, deux membres des BRICS le Brésil et l’Afrique du Sud, affaiblis par une conjoncture économique dépressive, traversent une crise politique profonde. Dans le cas du Brésil cela conduit à la mise en place d’un gouvernement provisoire d’affairistes corrompus qui n’auront aucun scrupule à faire d’un pays industrialisé de 200 millions d’habitants, richement doté par la nature et  puissance agricole, le champion du monde incontesté  des inégalités sociales et de la violence policière quotidienne.

Il soutient la tentative de coup d’état militaire au Venezuela qui est la seule issue restant après avoir favorisé par tous les moyens une bourgeoisie compradore minable qui en fabriquant une fausse crise d’approvisionnement du marché national sur le modèle utilisé au Chili entre 1970 et 1973  tente de renverser le président élu Nicola Maduro en retournant la population contre lui.

Mais ….

En Syrie il est de plus en plus contraint d’intervenir lui-même et par Turquie interposée, ses agents : les terroristes et leurs monarques banquiers qui leur fournissent l’armement le plus sophistiqué  n’ayant pas réussi  à faire tomber le gouvernement régulier, il s’agit d’une politique USRAELIENNE  de longue date. Lorsque l’assemblée générale de l’ONU outrepassant la charte des Nations Unies qui ne lui donne pas ce droit  vote la création de l’Etat d’Israël sur un territoire occupé par une population qui n’est pas consultée, la Syrie est au nombre des pays qui votent contre. Elle n’a jamais changé de position.

Rappelons les dernières étapes de cette mise en liste noire de la République arabe syrienne avant la guerre par « terroristes » interposés déclenchée en 2011 :

1- objectif affiché dés 2001 par Bush (axe du mal – liste n°2)

2- confirmé en 2004 par le vote par le Congrès du Syria Accountability act inaugurant un régime sévère de sanctions

3- appuyé par la tentative d’attribuer l’assassinat de Rafik Hariri  (2005) à la Syrie (un nouveau tribunal international spécial  qui n’a produit aucun résultat tangible est fabriqué pour la cause) qui débouche sur le retrait de l’armée syrienne du Liban

4- croyant alors  le terrain libre Israël attaque le sud Liban en 2006  - attaque repoussée par le Hezbollah qui s’impose ainsi comme meilleur garant de la souveraineté libanaise

En Irak, après qu’il ait réussi

1- à favoriser la prise du pouvoir par Saddam Hussein en lui fournissant la liste des communistes irakiens qu’il a ensuite liquidés y compris les généraux prosoviétiques et procommunistes qu’il avait soutenu pour renverser la monarchie en 1958.

 2- à l’envoyer détruire l’Iran Khomeyniste – 8 ans de guerre n’ayant abouti qu’à appauvrir deux des trois premiers producteurs de pétrole du monde et à tuer un million de personnes

 3 - à lui tendre le piège du  Koweït qui lui vaudra l’élimination de ses meilleures troupes  et une première vague de destructions massives   (guerre du golfe)

4- à renverser Saddam Hussein, à le liquider, à démolir les infrastructures du pays et à reprivatiser  au profit principalement des multinationales anglo-saxonnes l’industrie pétrolière 

 La situation lui échappe largement  sanctionnant l’échec d’une politique multiforme d’ingérence et division ethnico religieuse de près d’un demi-siècle, sa dernière tentation étant de favoriser l’indépendance formelle du Kurdistan irakien ce qui consiste à favoriser les factions les plus pro occidentales et les plus corrompues de la société kurde qui gouvernent à Erbil.

Au Soudan

Ne parvenant pas à renverser le gouvernement ni à capturer le Président Omar el  Béchir, le bloc USRAEL fomente la sécession du Sud Soudan dont le territoire recèle la majorité actuelle des réserves pétrolières soudanaises. Mais l’indépendance débouche sur une guerre civile qui n’en finit pas même si une issue politique commence à se dessiner.

En Lybie

La fourberie occidentale néocoloniale atteint des sommets. Kadhafi ayant échappé miraculeusement au bombardement de sa résidence par Reagan et son avion ayant échappé à une attaque aérienne au dessus de la Méditerranée (affaire USTICA) il est décidé de changer d’approche. En 2005 en échange d’une renonciation à un armement nucléaire défensif, auquel il songeait, erreur qui lui sera reprochée par la Corée du Nord, l’occident lui fait les yeux doux. Sitôt élu Sarkozy s’empresse de prendre la tête de cette politique qui sera couronnée par la fastueuse réception à Paris. Le dirigeant libyen se laisse abuser par les amabilités de celui qui va organiser son assassinat. Depuis sa mort le chaos s’est installé en Lybie  et Washington tente d’installer un troisième gouvernement les deux premiers, celui de Tobrouk et celui de Tripoli ne gouvernant pas grand-chose. Seule satisfaction le pétrole coule...

Géorgie

L’éviction de Chevardnadze – révolution des roses  2003 -  et l’arrivée au pouvoir de Mikhaïl Saakashvili, agent américain férocement antirusse ne  produit pas les résultats escomptés et en Aout 2008 la Russie vient au secours des provinces géorgiennes  (Abkhazie et Ossétie du sud) qui refusaient la brutalité du pouvoir de Tbilissi. Cet échec favorise la chute de Saakashvili qui quitte le pays où il est poursuivi pour divers trafics financiers.  Son employeur l’envoie en Ukraine où après que lui  soit octroyée  vite fait la nationalité ukrainienne il devient aussitôt gouverneur d’Odessa. 

Ukraine

Le coup d’Etat de Février 2014 a débouché sur un vote massif de la population de Crimée pour son rattachement à la Russie, sur la sécession de deux provinces de l’Est aujourd’hui réelle malgré les interventions brutales des troupes du gouvernement de Kiev et sur une crise politique, économique et sociale profonde qui a conduit de plusieurs centaine de milliers à quelques millions  – chiffre masqué et habilement noyé dans la rubrique « réfugiés »  à fuir leur pays.

Yémen

Après avoir soi-disant frappé le « terrorisme islamique » avec des drones venus de Djibouti, les Etats-Unis sont contraints de voler au secours de l’allié saoudien qui malgré ses énormes moyens matériels ne vient pas à bout militairement de la résistance yéménite. Il  navigue aujourd’hui dans les eaux de la Mar Rouge des bâtiments  US  amphibies type boxer dotés d’hélicoptères et d’avions à décollage vertical   et capables de débarquer 2500 marines et leur équipement sur la côte occidentale du Yémen.

 

Sans multiplier les exemples il apparait clairement que la recrudescence  qui, avec l’OTAN, tourne à la frénésie, de l’activité néo impérialiste décidée après le 11 Septembre 2001  et au prétexte des attentats de ce jour là, n’a conduit nulle part à des résultats stables et durables et qu’elle a partout semé la mort la misère de masse et la désolation.

La dernière mauvaise surprise vient des Philippines. Ce pays violemment agressé à la fin du 19° siècle dans une guerre féroce est depuis satellisé par les USA. Des bases militaires y avaient été installées mais le comportement des militaires US les a vite rendus impopulaires et les bases ont été fermées à la suite de la grave crise politique qui a secoué le pays  (remplacement du dictateur Marcos). Depuis les élites pro américaines (Aquino et alii) s’étaient réinstallées au pouvoir sans pour autant venir à bout de la guérilla procommuniste. La politique anti chinoise d’Obama l’a conduit à demander la réinstallation massive de l’armée US sur le territoire philippin. Les nouveaux accords passés donnent libre accès  à l’armée US à une série d’installations moins massives mais plus nombreuses que les énormes camps militaires précédents.

Mais la bourgeoisie philippine compradore vient de subir un  grave échec politique en perdant les élections présidentielles. Le nouveau président très bien enraciné dans son ile et à la tête depuis longtemps  d’une grande  municipalité ne fait pas partie de ces riches latifundiaires qui tenaient le pays  Le personnage, autoritaire, inquiète  l’oncle Sam et les médias dominants sont en train d’en tracer un portrait le plus repoussant possible. Il est vrai que ses propos musclés accompagnent une politique, musclée elle aussi, mais efficace qu’il a conduite avec succès dans la lutte contre le grand banditisme et les trafiquants de drogue.   Mais ce portrait,  hâtivement fabriqué, masque à peine le fond de l’angoisse washingtonienne : Duterne est prêt à accueillir dans son gouvernement quatre ministres  communistes. L’entrée des communistes au gouvernement devrait déboucher sur un arrêt des activités de la guérilla. On tremble à Washington et dans les beaux quartiers à Manille. On se prend à espérer dans les campagnes philippines.

 

Dans la période actuelle, l’impérialisme est un fusil constamment brandi qui n’arrête pas de s’enrayer …

Que voulez-vous, les masses de plus en plus nombreuses et de plus en plus éduquées  font de plus en plus l’Histoire ….

A ce propos il faudrait élargir le calcul souvent fait selon lequel il y a aujourd’hui plus de savants vivants qu’il n’y a eu de savants depuis les origines de l’humanité

Il y a aujourd’hui plus d’humains vivants sachant lire et écrire – plusieurs milliards -  que depuis les origines de l’humanité. Le père Marx appelait ça les forces productives.  Pour mémoire les rapports de production sont gérés par quelques milliers d’individus qui ne savent pas mieux lire et écrire que tous les autres mais qui décident de l’usage du Capital. Cela s’appelle la contradiction principale.

 

 

 

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30 avril 2016 6 30 /04 /avril /2016 12:47

La Commission trilatérale s’est réunie à Rome

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Par Alessandro Lattanzio sur le blog https://aurorasito.wordpress.com/ 18/04/2016

Traduction et commentaires COMAGUER

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La réunion plénière 2016 de la Commission trilatérale, une organisation fondée en 1973 par David Rockefeller, s’est tenue à Rome du 15 au 17 avril, à l'hôtel Cavalieri Waldorf Astoria de Monte Mario.

Parmi les 200 participants on relève les noms de : (notes Comaguer en italique)

L’ex-directeur général de Luxottica Andrea Guerra, (luxottica : lunetterie de luxe)

Un député du parti démocrate et Yoram Gutgeld, le Commissaire pour « l'examen des dépenses'» du gouvernement Renzi

La ministre des réformes Maria Elena Boschi

Le Ministre des Affaires étrangères Paolo Gentiloni Silverj

La présidente de la RAI Monica Maggioni

L’ancien vice-ministre des affaires étrangères et vice-président de l’ENI Lapo Pistelli (ENI : principale société pétrolière italienne)

Lia Quartapalle et Vincenzo Amendola du parti Démocrate (Parti Démocrate ex Pari communiste italien, De Profundis, nom choisi par ses fondateurs « communistes » en référence au parti démocrate étasunien !)

L’ex-recteur de l’université Bocconi Carlo Secchi (Président du groupe italien de la Trilatérale) (Bocconi : université privée à Milan – bastion de l’économie libérale)

Le PDG de la FINCANTIERI Giuseppe Bono (Chantier naval : navires marchands et militaires – grand vendeur sur les marchés internationaux)

L’ancien PDG de BANCA INTESA Enrico Cucchiani

Le président de la FCA John Elkann (John Elkann, citoyen italo étasunien, fils d’une héritière de la FIAT et donc petit-fils d’Agnelli - préside le groupe FIAT- CHRYSLER : FCA)

Le directeur général de INTESA SAN PAOLO Carlo Messina (INTESA SAN PAOLO – premier groupe bancaire italien pour la capitalisation- siège à Turin)

Le PDG de la Sté PIRELLI Marco Tronchetti Povera (Pirelli : cinquième producteur mondial de pneus – en voie de diversification dans l’économie « verte »)

Le Président d’UNICREDIT Giuseppe Vita (UNICREDIT : puissant groupe bancaire italien en pointe dans les crédits à l’exportation de matériel militaire)

L’amiral Giampaolo Di Paola (chef d’Etat-major de la défense de 2004 à 2008, puis président du comité militaire de l’OTAN avant de devenir Ministre de la défense de 2011 à 2013 dans le gouvernement Monti lui-même issu de Goldman Sachs – privilégie les fournisseurs US pour l’achat de matériel militaire)

La directrice d’ASPENIA Maria Dassu (ASPENIA : ASPEN Italie, think tank, filiale de la Commission Trilatérale présente dans de nombreux pays) et

Enrico Letta (président du Conseil italien d’Avril 2013 à Mai 2014 – dirigeant du Parti Démocrate qui s’oppose à lui et le contraint à la démission – Renzi prend la relève -« replié » sur Paris où il dirige l’Institut des Affaires Internationales de Sciences po)

et les invités vedettes étrangers David Rockefeller, Jean Claude Trichet (Président de la Commission Trilatérale), Madeleine Albright, Michael Bloomberg et Suzanne Rice.

*****

Les thèmes abordés par la Commission trilatérale à Rome, étaient les suivants :


Façonner l'avenir de l'Italie en Europe

Où en est projet européen ?

Allocution au Quirinal du Président de la République Mattarella

(Ces messieurs dames ont donc été reçus par le Président de la République en son palais - Elu Président en 2013 avec le ferme soutien du Président du Conseil Matteo Renzi, ce juriste sicilien démocrate-chrétien a été ministre de la Défense et responsable des services secrets en particulier au moment des bombardements de la Yougoslavie par l’OTAN)

Le Moyen-Orient dans la tourmente

Où en est la Russie ?

La Corée du Nord nucléaire et les menaces liées aux missiles

Où en est la Chine ?

Les élections présidentielles aux États-Unis

Migrations internationales et flux de réfugiés

Faire face aux perturbations numériques


En conclusion la Présidente de la session de la Commission Trilatérale, Maria Elena Boschi, s'exprimant en anglais devant le public cosmopolite sans médiation des traducteurs, a déclaré : «Le référendum ("sur les exercices") ne changera pas en quoi que ce soit la politique énergétique italienne, qui se poursuivra quel que soit le résultat, ayant un effet minime sur notre législation, qui n’en concerne qu’un petit aspect Il pourrait peut-être y avoir une incidence sur l'approche politique. Le gouvernement est engagé dans la recherche d'énergies alternatives, nous utilisons beaucoup de ressources. »

L'économiste Indien Nand Kishore Singh a interrogé Madame Boschi sur la réforme de la Constitution et l'organisation d'un référendum. «Voici pourquoi le référendum aura un impact plus profond sur notre politique énergétique. En effet nous devons aujourd’hui partager les décisions avec vingt régions, avec vingt lois, mais après la réforme, nous aurons une stratégie et des lois pour toute l'Italie. Donc, j'en suis sûre, nous aurons encore plus de poids en Europe ".

Et pour la Constitution ? « Je ne pense pas que le nombre de sénateurs puisse avoir une incidence sur l'équilibre des pouvoirs de la Constitution. Je pense que les freins et contrepoids sont garanties par la séparation des pouvoirs, l'indépendance de la magistrature et par les règles de la Cour constitutionnelle. Même le Président de la République est un garant de l’équilibre, et peut par exemple, refuser de signer une loi votée par le Parlement, si elle ne respecte pas notre Constitution".

Le référendum sur les plateformes pétrolières en mer a été depuis repoussé, la participation - 35% -ayant été insuffisante aux yeux de la loi.

Quant à la constitution et sans rentrer dans un exposé détaillé des récentes modifications ce qui est dit est destiné à rassurer le capitalisme international : rien dans la politique nationale italienne ne viendra le déranger.

*****

Précieux rappel historique d’Alessandro Lattanzio

David Rockefeller a voulu inclure le Japon dans les discussions sur la coopération Internationale. A la conférence du groupe de Bilderberg en Belgique en 1972, Rockefeller a discuté avec le professeur d’études russes de l'Université de Columbia Zbigniew Brzezinski, proche du Comité de pilotage du Bilderberg. En juillet 1972, eut lieu la première une réunion opérationnelle pour former la Commission Trilatérale. Y participèrent l'économiste Fred Bergsten, le politologue de la Brookings Institution Henry Owen, le Président de la Fondation Ford Mc George Bundy, le parlementaire allemand Karl Carstens, le politicien Français René Foch *, l’Ambassadeur et ancien commissaire de la CEE Guido Colonna di Paliano, le politologue de Université du Sussex François Duchène * , le directeur de l'Institut d'études européennes de la Communauté économique européenne Max Kohnstamm, le député et ancien ministre des affaires étrangères japonais Kiichi Miyazawa, le professeur de relations internationales Kinhide Mushakoji, le Président du Fonds de coopération économique outre-mer Saburo Okita et le président du Japan Center for International Exchange Tadashi Yamamoto. Donc un groupe de réflexion qui réunissait des représentants de l'élite politico-économique des États-Unis, du Canada, de l’Europe occidentale et du Japon.

Le Comité exécutif de La trilatérale a tenu sa première réunion officielle à Tokyo, en octobre 1973. La Commission trilatérale est financée par le Rockefeller Brothers Fund et est profondément liée au COUNCIL OF FOREIGN RELATIONS. La Commission aide les gouvernements à réaliser des « accords constructifs » avec d'autres gouvernements, à promouvoir une coopération plus étroite entre l'Europe, l’Asie et l’Amérique du Nord. En 1974, elle a publié "la crise de la démocratie" en invoquant une démocratie « modérée ». (ce souci demeure et quand la « modération » habituelle parait insuffisante, elle prend la forme de l’état d’urgence).

Ont fait partie de le Commission trilatérale David Rockefeller, George H.W. Bush, Jimmy Carter, Jean-Claude Trichet, Bill Clinton, Henry Kissinger et Zbigniew Brzezinski. Lors du plénum du 10-12 d'avril 2000, la Trilatérale a décidé d'inclure le Mexique et de transformer le groupe japonais en groupe Asie-Pacifique, comprenant désormais la Corée du Sud, l'Australie et la Nouvelle-Zélande et des représentants de l'Indonésie, de la Malaisie, des Philippines, de Singapour et de la Thaïlande. Ces derniers temps la Trilatérale met l'accent sur les nouveaux équilibres mondiaux, sur la réorientation des organisations internationale (voir le blocage de l’OMC et les nouveaux concurrents du FMI et de la Banque Mondiale : Banque des BRICS, Banque Asiatique d’investissement dans les infrastructures …), et sur les nouveaux acteurs dans la politique internationale (AL QAIDA, DAESH, SOROS ?) et sur le développement durable (thème bateau pour la promotion du capitalisme vert).

*****

  • René Foch – presqu’ignoré des médias, ce personnage fait partie des artisans, qui dans la coulisse, ont œuvré pour l’alliance atlantique et pour une Europe pro-américaine. Directeur général honoraire à la Commission européenne. Ancien secrétaire général du Comité d’action pour l’Europe (en fait Fondation Jean Monnet). A publié La Haute Autorité de la vallée du Tennessee (PUF, 1951) ; Pour une défense de l’Europe (Institut universitaire européen de Florence, 1996). Egalement membre de l’Institut Jean Lecanuet, think tank atlantiste. A publié en 2001 dans la revue Commentaires un article « Comment vivre avec les États-Unis ? » alors que la question stratégique centrale dans la période multipolaire en cours est « Comment vivre sans ? »
  • François Duchene – politologue de père suisse et de mère française, élevé en Grande-Bretagne où son père était directeur de l’hôtel Ritz de Londres, décédé en 2005, très proche collaborateur de Jean Monnet, il est l’auteur de la principale biographie en anglais de ce dernier sous le titre très explicite : « Jean Monnet, Le premier homme d’état de l’interdépendance ». Pour mémoire les cendres de Jean Monnet ont été transférées au panthéon en 1988 sur décision du président Mitterrand.

*****

La prochaine réunion du groupe de Bilderberg aura lieu à DRESDE, (ville martyrisée par l’aviation alliée en 1945 et seconde ville de la RDA martyrisée par la RFA après 1991) du 9 au 12 Juin 2016. (lire à ce sujet le livre de Vladimiro Giacché : Le second anschluss, l’annexion de la RDA » - éditions Delga)

Ce bulletin peut avantageusement constituer une nouvelle annexe au livre de Domenico Moro sur le groupe de Bilderberg publié  en 2015 aux Editions Delga.

 

 

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30 avril 2016 6 30 /04 /avril /2016 12:41

DEUX ILES A VENDRE

 

 L' apparence

Au terme d’une longue visite officielle du roi d’Arabie Saoudite au Caire la population égyptienne vient de découvrir avec stupéfaction que l’Egypte reconnaissait la souveraineté de l’Arabie Saoudite sur deux iles : Tiran et Sanafir qui ferment l’entrée du Golfe d’Akaba.

En échange de cette reconnaissance l’Arabie Saoudite accorde un prêt à long terme de 16 Milliards de dollars à l’Egypte.

Le golfe d’Akaba sépare le Sinaï, donc l’Egypte, qui en occupe la rive l’Ouest de l’Arabie Saoudite qui en occupe la rive Est et son extrémité méridionale est fermée par deux iles sur lesquelles l’Arabie va planter son drapeau. Demeure pour la navigation un passage navigable en eau profonde de 6 km de large entre l’ile de Tiran et la côte égyptienne.

 

Le contexte

Cet accord serait anodin puisque les deux signataires disposent l’un et l’autre de milliers de kilomètres de côte et que leur activité sur leur rivage du golfe d’Akaba est très limitée. Côté égyptien le golfe et la région du détroit sont surtout voués à la plongée sous-marine dont ils constituent un des sites mondiaux les plus réputés de Taba jusqu’à Sharm El Sheikh.

Mais la question prend une dimension politique et militaire d’importance mondiale car au fond du golfe deux autres états ont un accès à la mer, petit mais décisif : la Jordanie et Israël.

Pour la Jordanie Aqaba est l’unique et étroite porte sur la mer. La Jordanie n’y est pour rien. Sa frontière avec l’Arabie est le résultat du découpage SYKES-PICOT pour faire accepter par la dynastie hachémite son éviction d’Arabie et en particulier de La Mecque au profit de la tribu des Saoud. L’accès à la mer était un peu de baume sur la plaie ! Encore faut-il noter que le tracé définitif de la frontière entre ces deux royaumes arabes n’a-t-il été arrêté après diverses escarmouches que par un accord de 1965.

Il en va bien différemment pour Israël. Dans la brulante géopolitique moyen-orientale Israël avec son accès au golfe d’Akaba et son port d’Eilat est le seul pays à faire jeu égal avec l’Egypte en ayant un accès maritime à l’Occident par la Méditerranée et un accès à l’Orient par la Mer Rouge. Même si cette fenêtre sur l’Orient est minuscule (moins de 10 km de littoral), l’état sioniste y tient comme à la prunelle de ses yeux et son armée y déploie toutes ses capacités, y compris nucléaires. Depuis la création de l’Etat d’Israël, Eilat a vu sa population multipliée par 100 : le village de 500 habitants en 1955 est devenu aujourd’hui une ville moderne de 50000 habitants et son développement est une préoccupation prioritaire du gouvernement. Dés 1968, un pipeline Eilat Ashkelon est construit pour remplacer le canal de Suez fermé et pour alimenter les raffineries israéliennes sur la côte méditerranéenne.

Pour preuve la construction en cours par des entreprises chinoises d’un TGV Eilat- Tel Aviv et un projet de canal Aqaba-Mer morte qui via la Jordanie alimenterait Israël (et en principe aussi les territoires palestiniens) en eau de la Mer rouge dûment dessalée au départ.

Possédant les deux iles qui ferment le détroit l’Egypte détenait la capacité pratique de verrouiller le golfe d’Akaba. Elle en avait usé en Mai 1967 et quelques mois plus tard la guerre des six jours manifestait que pour Israël ce blocage était tout simplement inacceptable. L’Egypte battue paya très cher son geste, le canal de Suez fut fermé pendant huit ans et elle perdit ainsi une partie notable de ses ressources.

Cette question était demeurée à ce point épineuse que le traité de paix entre Israël et l’Egypte y accordait une place particulière. (1)

 

Etat du droit

La vive réaction d’une partie de l’opinion publique égyptienne à l’annonce de l’accord avec l’Arabie mérite d’être confrontée à la réalité de la situation territoriale.

Les deux iles désertes et qui ne constituent en rien en elles-mêmes une gêne pour la navigation dans le détroit de Tiran font partie intégrante du territoire saoudien dès l’origine mais n’ont fait l’objet d’aucune attention particulière de la part de la monarchie saoudienne car le pays dispose de 2000 km de côte sur la Mer Rouge et le détroit de Tiran n’a pour lui aucun intérêt stratégique.

Ceci explique que dés la création de l’Etat d’Israël, l’Arabie ait, dans le cadre de la solidarité arabe, laissé l’usage militaire des deux iles à l’Egypte pour lui permettre de verrouiller le golfe d’Akaba. Pour autant les deux iles ne sont pas devenues égyptiennes. La crise de Suez , si elle fut un échec pour l’opération franco anglaise , permit à l’allié israélien, interdit de navigation sur le canal de Suez, de prendre la place de l’armée égyptienne sur l’ile de Tiran et de protéger ainsi son accès maritime à Eilat.

En Mai 67 l’Egypte reprend militairement possession des iles. Dés le 7 Juin Israel réplique puissamment , c’est la guerre des six jours . A son issue l’Egypte perd le Canal de Suez. Maigre consolation ,l’armée égyptienne reste sur les iles mais évitera de renouveler le blocus du détroit.

Cette situation nouvelle d’ouverture de la navigation dans le golfe d’Akaba va conduire Israël à mettre en place le système de pipelines Eilat-Ashkelon qui permet :

- de faire transiter du pétrole brut entre la mer Rouge - port d’Eilat - et la Méditerranée - port d’Ashkelon - pour réexportation

- d’alimenter deux raffineries israéliennes de la côte méditerranéenne

- d’expédier depuis ces deux raffineries des produits raffinés vers le Néguev et Eilat

L’idée de remplacer le canal de Suez fermé prit également corps côté égyptien et un groupement de pays arabes producteurs de brut décida en 1973 la construction du SUMED, pipeline joignant la mer Rouge à la méditerranéenne au voisinage d’Alexandrie. Sa mise en service n’intervint cependant qu’en 1977 après la réouverture du canal. Le SUMED a depuis trouvé sa place dans la logistique pétrolière internationale puisqu’il voit passer deux fois plus de pétrole brut que le canal lui-même.

Le récent accord porte non pas sur la reconnaissance par l’Egypte de l’appartenance des deux iles au territoire saoudien ce qui n’a jamais été en question mais sur la reconnaissance des eaux territoriales saoudiennes autour de ces iles.

La différence n’est pas mince.

En effet la Convention des Nations Unies pour le droit de la mer a clarifié le régime juridique des eaux territoriales dans les détroits ouverts à la navigation internationale. L’accord entre l’Egypte et l’Arabie entre bien dans ce cadre. Le détroit de Tiran est trop étroit 4 miles marins pour que les deux pays riverains puissent étendre leurs eaux territoriales respectives dans les limites admises de 12 miles marins. Une ligne de partage est donc nécessaire entre ces deux Etats. Chaque Etat reste souverain sur ses eaux territoriales ainsi limitées mais garantit la liberté de navigation internationale affirmée dans les accords de Camp David. (1)

L’opposition au président Al Sissi très organisée autour des Frères Musulmans et qui flatte en l’occurrence un nationalisme déplacé s’oppose donc en réalité à une normalisation juridique de la situation du détroit et à la renonciation confirmée de l’Egypte (et subsidiairement de l’Arabie Saoudite qui n’en a jamais fait directement usage) au recours à la fermeture du détroit dans le cadre du conflit israélo-arabe. Ce conflit, du fait des traités de paix de l’Egypte et de la Jordanie avec Israël et du fait des bonnes relations présentes entre Ryad et Tel-Aviv n’a plus guère de points communs avec la période précédente. Par ailleurs le doublement du canal de Suez effectif depuis l’été 2015 rend l’Egypte moins sensible à la concurrence du pont terrestre Eilat-Ashkelon.

En rendant public cet accord et en réponse aux critiques immédiates qu’il a suscité, la présidence égyptienne a indiqué que sa négociation avait duré 5 ans et que les autres pays riverains du golfe d’Aqaba à savoir Israël et la Jordanie y avaient été associés.

L’argent saoudien sera certainement le bienvenu dans les caisses égyptiennes pour peu qu’il contribue à l’indispensable amélioration de la situation économique d’une population qui dépasse aujourd’hui 90 millions de personnes. Le symbole de cet accord sera évidemment la construction du pont de 50 kilomètres au dessus du détroit de Tiran qui va bientôt relier l’Arabie à l’Egypte en prenant appui sur les iles saoudiennes, construction qui ne pouvait avoir lieu qu’après clarification du régime des eaux territoriales.

Les défenseurs de la cause palestinienne dans nos pays qui pourraient être tentés de jeter la pierre à ces arrangements entre puissances régionales devraient reconnaitre qu’attendre des seuls pays arabes divisés et dominés la décolonisation de la Palestine n’a pas produit de résultats probants, que les seuls pays arabes belligérants comme l’Egypte et la Syrie y ont beaucoup perdu, que la Syrie en pâtit encore et dans les pires conditions à l’inverse des monarchies arabes qui se sont contentées de gesticulations diplomatiques et d’envois de fonds humanitaires.

Il est patent que seule la permanence du puissant soutien impérialiste occidental à la politique sioniste a rendu impossible jusqu’à présent cette décolonisation.

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(1) Accords de Camp David – Extrait

The following matters are agreed between the parties:

  1. the full exercise of Egyptian sovereignty up to the internationally recognized border between Egypt and mandated Palestine;
  2. the withdrawal of Israeli armed forces from the Sinai;
  3. the use of airfields left by the Israelis near al-Arish, Rafah, Ras en-Naqb, and Sharm el-Sheikh for civilian purposes only, including possible commercial use only by all nations;
  4. the right of free passage by ships of Israel through the Gulf of Suez and the Suez Canal on the basis of the Constantinople Convention of 1888 applying to all nations; the Strait of Tiran and Gulf of Aqaba are international waterways to be open to all nations for unimpeded and nonsuspendable freedom of navigation and overflight;
  5. the construction of a highway between the Sinai and Jordan near Eilat with guaranteed free and peaceful passage by Egypt and Jordan; and
  6. the stationing of military forces listed below. (*)

* Le traité de paix entre l’Egypte et Israel, c’est à dire la miser en application des accords de Camp David a prévu la creation d’une force internationale de contrôle installée dans le Sinai. Il ne s’agit pas d’une force de l’ONU, les Etats-Unis, ayant imposé seuls cet accord aux deux belligérants, après avoir favorisé la prise du pouvoir par Anouar El Sadate. L’ONU et son Conseil de sécurité et surtout à l’époque l’URSS ont été tenus à l’écart de cette négociation. Les Etats-Unis ont donc fabriqué une force militaire dite d’observation d’un millier d’hommes avec leurs pays vassaux : Colombie , Italie, Fidji, Nouvelle Zélande, Australie,

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29 mars 2016 2 29 /03 /mars /2016 18:07

De l’enfer, il reviendra…

CHARLES BLE GOUDE ancien ministre ivoirien sous la présidence de Laurent Gbagbo est, on le sait, son compagnon de détention et de procès à la CPI. Il vient de publier aux Editions du moment un livre  « DE L’ENFER, JE REVIENDRAI ».

Ayant fui la Côte d’Ivoire après le coup d’Etat français du 11 avril 2011 il se réfugie au Ghana voisin. Dénoncé, il est trahi par le gouvernement ghanéen, enlevé par la police ivoirienne et séquestré pendant 14 mois  à Abidjan dans les locaux de la police  politique ivoirienne (DST) qu’il ne quittera qu’en mars 2014 pour être transféré dans la prison de la CPI à La Haye.  Il y fait la rencontre de « Mohamed » un djihadiste lui aussi prisonnier à la DST. Quelques jours après l’attentat de GRAND BASSAM ce récit, bref extrait d’un chapitre du livre, est éclairant.

Précisons que Blaise Campaoré, homme clé de la Françafrique, chassé de son pays et de son  pouvoir par un soulèvement populaire s’est réfugié chez son ami Alassane Ouattara qui vient de lui accorder la protection de la nationalité ivoirienne.

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Revenons à ma relation avec mon voisin djihadiste. Mauritanie, Maroc: bien qu'arabophones, ces deux pays d'où vient Mohamed sont aussi francophones. Je lance alors le sempiternel « Bonjour mon frère» à Mohamed, une expression usuelle entre détenus pour essayer de briser le mur de la méfiance. À ma grande satisfaction, il me répond avec ce que je devine être un sourire: « Bonjour Monsieur le ministre. »

Super! Il parle français, me dis-je. Avant même que je formule mon souhait d'échanger avec lui sur quelques sujets de temps à autre en profitant des moments d'inattention de nos geôliers, Mohamed s'empresse de me dire qu'il était l'homme à tout faire de Mokhtar Belmokhtar, le patron de Al-Mourabitoune, une union de factions djihadistes qui sévissaient dans le nord du Mali et auteur de plusieurs prises d'otages. Moktar Belmokhtar régnait en maître dans cette région. Durant les neuf mois que nous partageons à la DST, à travers les moyens de communication propres aux prisonniers, Mohamed m'apprend beaucoup sur bien des situations dont j'avais entendu parler de loin, ou même que j'ignorais tout simplement. Un jour que Mohamed s'arrête devant ma cellule, il me dit: « Monsieur le ministre, c'est dommage que je ne vous aie pas connu avant. J'aurais pu vous prévenir de tant de choses qui vous auraient évité bien des malheurs. » Intrigué, je lui demande: «De quoi aurais-tu pu me prévenir? »

Mohamed me raconte alors que l'attaque des 18 et 19 sep­tembre 2002 (note COMAGUER : première tentative française de renversement du président Gbagbo) qui s'est muée en rébellion s'est plus ou moins préparée sous ses yeux, du moins avec des gens qu'il connaissait bien au Burkina Faso. Et Mohamed de me demander si je connais un certain Mustapha Chafi 1. Je ne connais pas ce monsieur. Mohamed m'explique alors personne se disant proche de son entourage m'en parle ainsi directement. Mohamed poursuit pour me dire que tous, djihadistes et rebelles ivoiriens, étaient voisins à Ouaga 2000, un quartier huppé de la capitale burkinabée. C’est dans ce quartier que vivaient les chefs de la rébellion ivoirienne à l'époque. Ça, je le savais comme beaucoup d'autres Ivoiriens. Ce que j'ignorais, c'est le fait que l'ex-président burkinabé était le tuteur des djihadistes qui prenaient les Occidentaux en otage en échange de rançons. Mohamed y était logé au nom de son patron Mokhtar Belmokhtar au compte de l'État burkinabé. Son quotidien, ses repas, ses soins, tout était pris en charge par le pouvoir ouagalais.

«Mais, Mohamed, que gagnait le Président Blaise Compaoré à donner gîte et couvert aux djihadistes?» lui ai-je demandé. «Blaise Compaoré était notre maître, me répond-­il, notre démarcheur. Il gagnait, nous aussi nous gagnions. Il avait l'exclusivité de négocier avec les Occidentaux chaque fois que nous prenions en otage un de leurs ressortissants. Le deal avec lui était que nous acceptions que les fonds exigés soient réceptionnés par lui. Nous avions aussi convenu de ne pas faire de prise d'otage au Burkina Faso. »

Je n'en crois pas mes oreilles tellement je trouve trop grave et trop gros ce que m'affirme Mohamed.

Alors, je lui dis: «Mohamed, arrête de me raconter des contes de fées et prends-moi au sérieux s'il te plaît. » En fait je veux le stimuler à m'en dire davantage. C'est la seule occasion que j'ai pour m'informer en profondeur sur ces chefs d'État qui le jour, prononçaient des discours véhéments contre le terrorisme aux différentes tribunes des organisations internationales mais qui, nuitamment, servaient d'intermédiaires dans le cadre d'opérations pilotées par des hommes sans foi ni loi. La cohérence avec laquelle Mohamed détaille son récit me laisse sans voix. La seule condition que Mohamed me pose avant de continuer à parier est que je puisse un jour faire savoir au monde entier tout ce qu'il va me dire. En écrivant ces quelques lignes, je ne suis pas en train de trahir des confidences ou des secrets; bien au contraire, je ne fais que tenir la promesse faite à Mohamed d'en témoigner comme il me l'a demandé. Sûrement se doutait-il que, comme nombre de ses compagnons, il n'avait pas une longue espérance de vie. En outre, la portée propagandiste de pareille confession, habituelle dans les mouvements djihadistes, n'est pas à négliger.

Il raconte. «Dès que nous prenons un otage, on avertit tout de suite Blaise et il se charge d'informer les autorités du pays dont est originaire l'otage. Quand nous exigeons par exemple 1 000000 d'euros pour la libération d'un otage, Blaise dira aux autorités concernées que nous demandons 3000000 d'euros comme rançon. Une fois l'argent disponible, les autorités burkinabées nous facilitaient le transport pour retourner à notre base au nord Mali. On répartissait la rançon en deux parties. Un tiers nous revenait et Blaise gardait les deux tiers restants. Il en disposait comme bon lui semblait mais je dois reconnaître qu'il nous fournissait du matériel militaire, des vivres et des médicaments. On prenait beaucoup d'otages au Niger et au Mali sauf au Burkina Faso. En retour, Blaise nous couvrait, il nous a beaucoup aidés. On choisissait aussi la nationalité des Occidentaux à kidnapper selon la réputation de leurs pays d'origine à bien payer. Il y a des pays qui ne paient jamais. Nous, on n'avait rien à faire avec leurs ressortis­sants. Quelques rares fois où nous avons pris en otages certains de leurs ressortissants, c'était pour faire pression afin qu'on nous rende certains des nôtres qui étaient accusés de terrorisme et qui croupissaient dans les prisons. Il-y a des pays qui officiel­lement disent ne jamais payer de rançons et ne jamais négo­cier avec nous, mais qui en réalité sont de bons payeurs. C'est surtout leurs ressortissants qui étaient nos cibles privilégiées parce qu'avant tout, avec ces prises d'otages, notre objectif principal était d'avoir de l'argent pour nos besoins en matériels et aussi gérer notre quotidien et l'entretien des otages. Il fallait aussi mettre à l'abri du besoin les familles des candidats à l'explosion avec les ceintures. Voilà ce qui se passait, et c'est comme ça que je me suis lié d'amitié avec Mustapha Chafi. C'était lui qui servait de pont entre Blaise et nous. Aujourd'hui, après la prise de Kidal et de bien d'autres localités par les forces françaises, Chafi croit que nous ne sommes plus utiles, donc il me livre aux autorités ivoiriennes. C'est pourtant avec lui que nous avons monté l'opération en Côte d'Ivoire. Mais qu'il sache qu'il nous le paiera. »

Je veux savoir de quelle opération il parle. Mais à peine commence-t-il à répondre qu'on entend un bruit au niveau de la grande porte métallique qui ouvre le couloir de nos cellules. Vite, il se précipite dans la douche et me promet de me raconter la suite dès que l'occasion nous permettra de parler à nouveau. En prison, s'il y a une chose dont on dispose, c'est de temps. Hormis les dépla­cements surprises à la DST qui peuvent désorganiser nos plans, on a tout le temps pour nous, beaucoup trop d'ailleurs. J'attends donc patiemment que se présente une occasion pour poursuivre ce dialogue. Je viens enfin de trouver quelque chose à faire pour occuper utilement mon temps: aller au bout de cette affaire. Comme quoi, il n'est pas faux d'affirmer que toute épreuve est une oppor­tunité. Je ne compte pas rater la mienne. Dans ce cachot, me voici transformé en enquêteur.

Quand j'ai à nouveau l'occasion de discuter avec Mohamed, je le prie de me raconter son histoire d'opération montée en Côte d'Ivoire. Sans la moindre hésitation, mon voisin de fortune me raconte comment il s'est retrouvé à la DST. En voici le récit que je lui ai promis de partager.

Mohamed: « Nous sommes en mission en Côte D'Ivoire. » CBG: «Quand tu dis "nous", tu parles de qui puisque tu es seul ici à la DST? »

Mohamed: «Je parle de nous, les djihadistes. Moi je me suis marié avec une Ivoirienne et j'ai un enfant avec cette dernière; ce qui a facilité mon intégration en Côte d'Ivoire. En vérité, la jeune femme ne sait pas qui je suis, elle ne sait pas grande chose de mes activités de djihadiste. Elle ne sait même pas que je suis en prison. Elle sait simplement que je suis en voyage. J'ai loué plusieurs maisons où j'ai tout disposé. Tout était déjà planifié. »

CBG: «Mais pourquoi tout ça, mon frère? Pourquoi la Côte d'Ivoire ?»

Mohamed: «Monsieur le ministre, nous, on n'a rien contre les Ivoiriens. On en veut beaucoup au président Ouattara, c'est tout. Il va nous payer ce qu'il a fait. »

CBG: « Quoi? »

Mohamed: « Tu ne sais pas que c'est le président Alassane Ouattara qui a demandé à l'armée française de nous bombar­der dans le nord du Mali alors qu'on avait déjà conquis le pays?

En tout cas, même s'ils m'ont pris, tout le monde est décidé à réaliser l'opération. »

J'ai le souvenir en effet du rôle joué par Alassane Ouattara dans le déclenchement de l'opération Serval de l'armée française, puis de la MINUSMA conduite sous l'égide de la CEDEAO au nord du Mali. En sa qualité de président en exercice de cette institution sous-régionale entre 2012 et 2014, Ouattara avait contribué à conférer une base légale à cette intervention internationale qui a eu pour effet de momentanément stopper l'avancée djihadiste. En effet, c'est à la CEDEAO qu'en octobre 2012, le Conseil de sécurité de l'ONU avait confié la charge de la reconquête du nord Mali alors occupé comme on le sait par une myriade de groupes islamistes. Ceci peut donc expliquer les propos de Mohamed et l'obsession de ses compagnons à vouloir se « venger» du président ivoirien.

CBG: « Puisque tu veux que j'écrive un jour, dis-moi tout. »

Mohamed: «Quand les avions des Français auront fini de voler dans le ciel du Mali, ils vont nous trouver à terre. Cette histoire ne finira pas comme ils l'ont prévu. Elle finira au-delà du Mali et même au-delà de l'Afrique. Quant aux Occidentaux, cette guerre va les trouver eux. Tant qu'ils ne nous laisseront pas en paix, ils ne connaîtront plus jamais la paix. Ici en Côte d'Ivoire, on a déjà fini nos repérages. …….. (Souligné par nous)

 

1. Mustapha Limam Chafi est un ressortissant mauritanien qui a servi comme conseiller plus ou moins occulte de l'ex-président du Burkina Faso, Blaise Compaoré. Il est soupçonné d'être un intermédiaire des mouvements rebelles ou terroristes de la zone sahélo-saharienne, Soupçonné régulièrement d'activités subversives par nombre de pays ouest-africains notamment, il fait l'objet d'un mandat d'arrêt international émis par son pays d'origine, la Mauritanie. Il est supposé établi en Côte d'Ivoire où il a rejoint Blaise Compaoré après la chute de ce dernier. (Cf. supra pour un portrait plus complet du personnage.)

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23 mars 2016 3 23 /03 /mars /2016 17:24

« PARTENARIAT PUBLIC PRIVE » A LA MODE NEO COLONIALE

Etude de cas

L’approche des élections présidentielles françaises conduit les principaux candidats au primaire de droite à faire le traditionnel pèlerinage en Côte d’Ivoire.

Il s’agit évidemment du culte de Mammon.

Le parti socialiste n’est pas en reste puisque l’attentat terroriste de Grand Bassam a suscité le déplacement presqu’immédiat de deux des principaux ministres du gouvernement VALLS démontrant l’importance des intérêts français en Côte d’Ivoire et l’étroitesse des liens entre le gouvernement français et le Président de la Côte d’Ivoire.

La lecture de l’excellent livre de la journaliste FANNY PIGEAUD permet de mieux comprendre les rapports néocoloniaux. L’extrait du livre qui suit montre bien l’étroitesse des liens entre la néo colonie et la métropole maintenue.

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EXTRAIT DE « FRANCE  COTE D’IVOIRE -  UNE HISTOIRE TRONQUEE »

DE FANNY PIGEAUD  - EDITIONS VENT D’AILLEURS – 2015

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Éviter de revivre la mésaventure Gbagbo

Si l'objectif des responsables de l'État français était de reprendre le contrôle de la Côte d'Ivoire, il semblerait atteint. Paris a envoyé dès la fin de la guerre au moins une dizaine de conseillers qui ont intégré plusieurs ministères ivoiriens, ainsi que la: primature et la présidence? Dès le 11 juillet 2011, les autorités ivoiriennes ont annoncé que la Côte d'Ivoire allait dédommager pour environ 10 millions d'euros 44 entreprises françaises sinistrées en ... novembre 2004, lors des manifestations antifrançaises à Abidjan. Cette aide devait être prise sur les fonds accordés à la Côte d'Ivoire à titre de l'aide au développement par l'Agence française de développement (AFD) ! L'AFD a donc prêté de l'argent à l'État ivoirien pour financer ... le secteur privé français".

Bouygues a décroché en juillet 2012 le fameux marché de construction d'un troisième pont à Abidjan, objet de tensions au début de la présidence Gbagbo. La conception, la construction, l'exploitation et la maintenance de l'édifice pour une durée de trente ans ont finalement été confiées à un ami de Ouattara. Le géant français du BTP a aussi renforcé ses positions dans l'exploitation du gaz ivoirien et a obtenu le droit de se lancer dans l'exploration pétrolière avec sa filiale. (note de COMAGUER : le pont ‘Bouygues » est un pont payant en pleine ville)

Foxtrot International. Associé à deux entreprises sud-coréennes, il a également signé en 2014 1,1n accord préliminaire avec le gouvernement ivoirien pour la construction d'un train urbain à Abidjan. Bouygues est donc désormais présent dans le secteur de l'eau, de l'électricité, du gaz, du pétrole, des .infrastructures routières, du transport=. Fin 2013, Bolloré a de son côté remporté, dans des conditions critiquées, l'important marché de la 'réalisation, de la concession et de l'exploitation d'un second terminal à conteneurs au port d'Abidjan. Quant au géant pétrolier Total, il a annoncé en avril 2014 avoir découvert un gisement de pétrole de bonne qualité au large de la Côte d'Ivoire, parlant d'un «résultat très prometteur».

Paris a pu fêter, en octobre 2012, les 40 ans de la zone franc: Pierre Moscovici, ministre français de l'Économie et des Finances, a réuni pour un colloque lès ministres des Finances, les gouverneurs des banques centrales et les présidents des institutions régionales de la zone franc. C'est Ouattara qui a prononcé le discours d'ouverture de cette manifestation. Deux mois plus tard, Moscovici a signé avec Abidjan un «contrat de désendettement et de développement» (C2D), source d'importants marchés pour les entreprises françaises: officiellement, le C2D consiste à transformer la dette du pays signataire vis-à-vis de l'État français en «dons », censés financer des projets et infrastructures pour lutter, contre la pauvreté. Dans la pratique, le C2D profite essentiellement aux: sociétés françaises". Ces dernières vont également bénéficier des opportunités créés par l'accord de libre- échange conclu, grâce à Ouattara, en 2014 entre la Cédéao et l'Union européenne: le président ivoirien, alors président de la Cédéao, a joué un rôle essentiel pour l'obtention de la signature de ses pairs d'Afrique de l'Ouest sur cet accord de partenariat économique (APE) qu'ils rejetaient avec force depuis 2002.

Pour conquérir ou garder des marchés en Côte d'Ivoire, les entreprises françaises peuvent compter sur Jean-Marc Simon, ancien ambassadeur de France à Abidjan et acteur clé de la crise postélectorale. Retraité depuis mars 2012, Simon a fondé un cabinet de conseil, Eurafrique Stratégies, et est toujours en excellents termes avec Ouattara, dont il' est devenu l'un des conseillers. Il conseille aussi, entre autres, Total, GDF-Suez et Veolia en Côte d'Ivoire". Simon était également jusqu'en mars 2014 le suppléant à Senlis du député UMP Éric Woerth, ancien ministre du Budget sous Sarkozy et ex-trésorier de l'UlVIP. Après avoir été élevé par le président ivoirien, en juillet 2011, au grade de «commandeur de l'ordre du mérite de la République de Côte d'Ivoire », il a été récompensé pour« services rendus à la nation ». Il a fait en effet partie, en janvier 2012, de la centaine de personnalités du 'monde politique, diplomatique, économique, universitajre.et militaire français décorées par Ouattara de l'ordre national de Côte d'Ivoire à l'Ambassade de la Côte d'Ivoire à Paris - du jamais vu. Parmi les heureux élus: Sarkozy et Carla Bruni­-Sarkozy, les ministres Guéant, Juppé, Longuet, les entrepreneurs Bolloré, Bouygues, Castel, Fabre, Vilgrain, le chef d'état-major des armées, l'amiral Édouard Guillaud, le chef d'état-major particulier de Sarkozy, le général Benoît Puga. Ce dernier est depuis resté au même poste: il est chef d'état-major particulier de François Hollande. Il a joué un rôle essentiel dans les opérations militaires extérieures de la France au Mali et en Centrafrique (2013)

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Les quelques faits relatés par Fanny Pigeaud permettent de faire sur cet exemple un schéma des rapports économiques néocoloniaux en période capitaliste néolibérale.

Temps 1 : Un président ivoirien démocrate LAURENT GBAGBO arrive au pouvoir dans la régularité en 2000. Il n’a pas de programme de nationalisation socialiste de l’économie ivoirienne mais il souhaite simplement et il le dit desserrer l’étreinte du capitalisme français sur son pays c’est-à-dire  ne pas confier tous les grands projets économiques à la firme française en position de monopole dans chaque secteur d’activité et lancer des appels d’offre ouverts à la concurrence internationale . Ce qui revient à prendre à la lettre les idéologues du capitalisme libéral  et leur profession de foi qui se retrouve en l’état dans les traités européens: « favoriser une concurrence libre et non faussée ». Mais les idéologues ne sont là que pour faire le packaging de la violence du grand capital, pour faire un emballage médiatico-résistant à la violence du grand capital pour lequel la concurrence n’est jamais que le prélude, le plus bref possible,  du passage à l’oligopole ou au monopole, c’est-à-dire à la position de domination du marché, à la période où l’offre  - les grands capitalistes - écrase la demande – les consommateurs.

L’annonce de Laurent Gbagbo est perçue comme une agression par le grand capital français qui domine l’économie ivoirienne  et qui va donc lui déclarer la guerre.

Un bref sursis lui est procuré par la présence à la tête du gouvernement français de 2000 à 2002  de Lionel Jospin qui ne veut pas affronter un chef d’Etat membre comme lui de l’Internationale socialiste. La déconfiture socialiste à l’élection présidentielle de 2002 laisse le champ libre pour 10 ans à la droite capitaliste française et sitôt Chirac élu les manœuvres de déstabilisation de Laurent Gbagbo commencent. Le livre de Fanny Pigeaud raconte cette décennie  néo coloniale où la République française  sous les présidents Chirac et Sarkozy va utiliser tous les moyens possibles jusqu’à l’action militaire directe pour chasser Laurent Gbagbo du pouvoir.

Dans ce temps  1: le gouvernement :ses diplomates, ses militaires, ses moyens d’information/propagande,  dépense de l’argent public pour défendre le grand capital français menacé. Cet argent public est celui des citoyens et contribuables français et aussi celui des réserves de change du gouvernement ivoirien déposées au trésor public dans la cadre de la monnaie coloniale : le franc CFA. Pour faire simple : de la sueur française ajoutée à de la sueur ivoirienne.

Temps 2 : Laurent Gbagbo est finalement renversé. Le récit détaillé de ces dix années se trouve dans le livre de Fanny  PIGEAUD   N’étant pas choisi par les électeurs Le nouveau président est imposé militairement par la République française et se met au service du grand capital français (voir l’extrait du livre). Les bénéfices retrouvés de la position de monopole retrouvée permettent quelques largesses et les quelques miettes des larges  profits réalisés  deviennent entre des mains expertes des fortunes pour l’équipe dirigeante ivoirienne qui ne va évidemment pas faire des placements en franc CFA à Abidjan.

Temps 3 : Pour maintenir le système il convient que tout gouvernement français  puisse faire ce qu’ont fait Chirac et Sarkozy de 2002 à 2012 : s’ingérer puissamment dans la vie politique ivoirienne pour éviter toute dérive d’indépendance économique réelle du pays.  C’est alors au tour de L’équipe dirigeante ivoirienne de s’ingérer dans la politique française Elle prélève sur les commissions qui lui sont versées par les grandes entreprises française néocoloniales de quoi financer les partis et candidats français   qui soutiennent ou soutiendront, suivant des modalités diverses selon qu’il s’agit de la droite ou du PS, les dites grandes entreprises françaises.

Nous nous trouvons aujourd’hui dans ce troisième temps : Ouattara confirmé au pouvoir fin 2015, peut puiser dans sa caisse – c’est-à-dire dans l’argent de la corruption sorti de la caisse de corrupteurs  et qui sait dans la caisse publique ivoirienne - pour créer des liens forts et trébuchants avec la future équipe dirigeante  à Paris. Bien sur il faut miser sur plusieurs chevaux, les pronostiqueurs turfistes n’ayant pas encore émis leurs oracles, mais autant qu’on sache les mises ne dépassent pas quelques centaine de millions d’euros par casaque ! YES HE CAN !

 

Résumons le « partenariat public-privé » néo colonial dans la durée d’un cycle

1-Le public  (les contribuables français via le gouvernement français) paye pour choisir les politiques ivoiriens qui vont permettre l’enrichissement des monopoles français en Cote d’Ivoire

2-Les monopoles français  s’enrichissent en Côte d’Ivoire

3-Ils reversent une partie de leurs gains à l’entremetteur ivoirien complice : de l’argent privé devient de l’argent gris ou noir

4-Une partie de cet argent gris ou noir tombe dans l’escarcelle des futurs dirigeants français présélectionnés

5-Une fois élus, ceux-ci piocheront à nouveau dans la caisse publique française pour maintenir une présence diplomatique et militaire forte en Côte d’Ivoire garantissant le maintien de   la position et des profits des monopoles français

 

 

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