Bulletin n° 384- 14 janvier 2019
RUSSIE ASSIEGEE
La Russie désormais classée adversaire stratégique des Etats-Unis dans les documents officiels du Pentagone doit faire face à un véritable état de siège organisé à ses frontières par l’OTAN. Cette tension alimente une hostilité renouvelée de ses voisins les Etats baltes et la Pologne où elle prend la forme politique d’un anti communisme virulent comme s’il fallait détruire dans les consciences le souvenir d’une puissance socialiste dont la Russie était le cœur : l’URSS.
La Russie tire patiemment les conséquences de cette nouvelle situation. Elle vient de le faire pour l’enclave de Kaliningrad.
Cette république de la Fédération de Russie qui compte un demi-million d’habitants était jusqu’à présent alimentée en gaz russe par un gazoduc traversant le Belarus et la Lituanie. La Lituanie obéissant à Washington et à l’Union Européenne avait créé en 2014 une installation portuaire lui permettant de recevoir par navire du gaz naturel liquéfié venant d’abord de Norvège et depuis 2017 des Etats-Unis (gaz de schiste). Elle manifestait ainsi sa capacité à se passer du gaz russe et se trouvait à même de fermer le gazoduc alimentant Kaliningrad. Pareille menace n’a évidemment pas été proférée officiellement mais, instruite par les précédents ukrainiens, la Russie a décidé d’éviter toute mauvaise surprise et un conflit inutile.
en jaune le tracé de l’actuel gazoduc traversant la Lituanie
Le résultat est là. La semaine dernière le président russe est venu à Kaliningrad inaugurer la nouvelle installation portuaire pour la réception par voie de mer du gaz nécessaire à l’alimentation de l’enclave. Il s’agit – voir image – de l’installation d’un navire fixe où le gaz naturel liquéfié transbordé depuis un autre navire est regazéifié et envoyé dans le réseau de l’enclave. Ainsi le gaz venu par mer de la région de Saint Petersburg arrive désormais en toute sécurité à Kaliningrad sans avoir à traverser le territoire d’un pays hostile.